"Tante Hilda !" ouvre un débat indispensable sur les OGM selon le réalisateur

Jacques-Rémy Girerd, réalisateur de "Tante Hilda !" à l’affiche cette semaine, s’est livré à un droit de réponse au sujet d’un article paru sur le site Atlantico dans lequel il est stipulé que ce film d’animation viserait à convertir les enfants à l’idéologie anti-OGM.

© SND

Réponse de Madame sans gènes (modifiés) à Atlantico :

« Votre article « Tante Hilda !, le film d’animation qui compte convertir les enfants à l'idéologie anti-OGM » tente de présenter notre film sous un jour trompeur et lourdement préjudiciable. Vous semblez confondre idéologie et volonté d’ouvrir un débat qui nous concerne tous, y compris les enfants. Mais les pro-OGM sont coutumiers du fait.

Quels sont les faits ? Dans le film Tante Hilda !, l’héroïne porte résolument le débat indispensable sur les OGM. S’appuyant sur les ressorts de la comédie et de l’humour, le film éveille le spectateur à cette vaste question des organismes génétiquement modifiés, particulièrement épidermique pour ses adeptes, preuve en est la polémique qui se développe à la moindre interrogation. Le lobby agroalimentaire industriel est toujours prêt à dégainer et monter au créneau à la plus petite alerte, même contre un dessin animé. Pourtant le flou entretenu autour de ces techniques et le refus de toute expérimentation sérieuse sur la santé des humains sont insoutenables.

À travers ce conte écologique qui met en scène un univers d’adultes, Tante Hilda s’adresse aussi aux enfants. Une façon ludo-éducative de questionner les choix de notre société, dans lesquels ce sont bien les adultes d’aujourd’hui qui décident pour eux ! Est-ce cela que vous taxez d’idéologie ? Le devoir de dénoncer est-il à vos yeux un excès antidémocratique ?

Les enfants n’ont pas de parti pris dans ce sujet controversé des OGM, c’est pour cela qu’ils ne sont pas présents physiquement dans cette fable. Tante Hilda les aide à se questionner, voire à poser des questions à leurs parents, à leur professeurs. « Tant qu’on n’est pas sûrs que les OGM sont sans danger, il vaut mieux s’en méfier » dit Tante Hilda dans le film. Cette position n’a rien de dogmatique, elle n’est pas tombée du ciel, une dizaine d'Etats européens dont la France la revendique officiellement.

À l’échelle de la planète, la progression des OGM est très inquiétante. Aujourd’hui, près d’un milliard d’humains consommeraient régulièrement des OGM, et probablement 80% des animaux d’élevage en sont déjà nourris. Les paysans, surtout les plus démunis, sont de plus en plus dépendants des grands groupes qui leur fournissent massivement les semences brevetées. (Sans oublier l’impact négatif sur la biodiversité)

Est-on si loin que ça de la plante “Terminator” contre laquelle Tante Hilda a décidé de lutter ?

Ma responsabilité de cinéaste mais aussi de citoyen est d’expliquer à nos enfants pourquoi l’homme est amené à agir toujours plus radicalement pour manipuler la nature de façon irréparable au gré de ses désirs.

Tante Hilda a sa petite idée : l’argent, la rentabilité à court terme, la maîtrise de l’ensemble du secteur agroalimentaire par des multinationales à l’éthique élastique sont la cause de ce soi-disant progrès... Faut-il se taire et laisser nos enfants dans l’ignorance ?

Tante Hilda ne se positionne pas contre les agriculteurs qu’elle défend par ailleurs, et notamment ceux qui optent pour l’agrobiologie, mais contre les méthodes industrielles à outrance dont un grand nombre d’entre eux ne sont que les victimes. »

Jacques-Rémy Girerd (réalisateur de Tante Hilda !)

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