Antoine du Merle : qu'est devenu le petit Michael des "Trois Frères" ? [INTERVIEW]

AlloCiné a rencontré Antoine du Merle, l'inoubliable gamin des "Trois Frères". Découvrez la 2e partie de notre interview dans laquelle il évoque ses débuts, ses souvenirs de tournage aux côtés des Inconnus, et la suite.

AlloCiné : Evoquons tout d'abord vos débuts... "Les Trois Frères" n'était pas votre première expérience de tournage. Comment avez-vous commencé à être acteur ?

Antoine du Merle : Ca a débuté, j’avais à peu près 4 ans. Ca étonne tout le monde quand je le dis, mais pourtant c’est la vérité. Quand j’étais petit, j’allais à l’école comme tout le monde, et je prenais le métro avec ma mère, et je  voyais plein de gamins blonds aux yeux bleus sur les affiches du métro. Je lui ai juste demandé comment ces enfants faisaient pour être sur les affiches, si c’était leur maman qui prenait les photos ! Ma mère s’est renseignée et elle m’a mis dans une agence qui s’appelle Bout'chou.

J'ai fait quelques pubs. Ensuite, ils m’ont fait passer un casting pour le film Quand j'avais 5 ans, j'm'ai tué. J’avais un rôle non parlant, celui de Dimitri Rougeul enfant. J’avais son rôle à 5 ans et je faisais semblant de me tirer une balle dans la tête et de tomber sur un lit. C’était mon premier rôle au cinéma.

Dimitri Rougeul dans Quand j'avais 5 ans, j'mai tué © D.R.

Ensuite, j’ai fait Une femme française avec Emmanuelle Béart et Daniel Auteuil. Et puis il y a eu le casting des Trois frères pour lequel j’ai été choisi parmi 3500 gamins. Je ne sais toujours pas aujourd’hui pourquoi moi plus qu’un autre. Je pense que ça s’est fait au feeling.

Avez-vous des souvenirs de tournage ?

Antoine du Merle : J’ai plein de souvenirs, notamment mon anniversaire qui avait été fêté sur le tournage pour mes 7 ans. Dans la vie d’un gamin, ce sont des souvenirs qui sont magiques.

Le film "Les Trois Frères" a marqué toute une génération… Est-ce qu’on vous reconnait encore dans la rue ?

Antoine du Merle : Oui ! C’est un truc qui m’échappera toujours parce que le film a quand même 19 ans cette année. Et surtout ce sont des gens qui n’étaient pas forcément nés à la sortie des Trois Frères, ou alors qui avaient 2-3 ans et qui ne l’ont donc pas vu au cinéma.

Ce film a vraiment marqué une époque, une génération. Je ne me l’explique pas. Enfin si, c’était un très bon film, qui a marqué… Quand on voit ce film, on voit les années 90. Donc oui, on me reconnait encore. Pourtant, je pense avoir changé, grandi. Personnellement,  je serai incapable de reconnaitre un gamin que j’ai vu il y a 19 ans !

Les Trois Frères © D.R.

Et quand on vous reconnait, quelles sont les répliques que l'on vous sort ou les questions que l’on vous pose souvent ?

Antoine du Merle : Dans les répliques, il y a souvent le fameux « Je veux pas être déguisé en salope », « Je suis pas un PD », etc… Parmi les questions qu’on me pose, c’est souvent "Est-ce que Les Inconnus sont aussi drôles dans la vie qu’au cinéma ?", "Est-ce que j’ai des souvenirs"...

Et ça vous fait plaisir qu'on vous reconnaisse ?

Antoine du Merle : Oui, ça m’intrigue toujours. Je cherche à m’expliquer par quel biais ils arrivent à me reconnaitre ! Ca m’épatera toujours ! Mais oui, ça me fait toujours plaisir, ça me flatte.

Est-ce que vous revoyez le film et aimez le revoir ?

Antoine du Merle : Non. Certains de mes amis me forcent à le revoir de temps en temps quand il passe à la télé, et à chaque fois, c’est un supplice. Je n’aime pas me regarder. Je ne vois que les défauts. Ce n’est pas un plaisir de le regarder.

Les Trois Frères © D.R.

Après Les Trois Frères, vous avez enchaîné énormément de films et téléfilms...

Antoine du Merle : J’ai beaucoup tourné étant enfant, et sans "Les Trois Frères", je n’aurai probablement pas tourné autant. Ca a vraiment été un tournant, ça a été un film charnière, qui m’a aussi tout simplement éduqué comme comédien. J’ai appris beaucoup aux côtés des Inconnus. Ca m’a servi après, c’est sûr.

Quels sont les films, après Les Trois Frères, qui vous sont les plus chers ? Vous avez notamment tourné pour Jacques Doillon, un réalisateur connu pour savoir repérer de jeunes talents...

Antoine du Merle : Oui, j’ai tourné dans Ponette de Doillon, qui est un très bon souvenir. Le film dont le souvenir m’est le plus cher est Louise (Take 2) de Siegfried. Sa façon de tourner était très différente de ce que j’avais vu jusque-là. Je trouve le scénario, encore aujourd’hui, formidable. Ca fait partie des plus beaux films pour lesquels j’ai tourné.

Louise (Take 2) © Rezo Films

Qu'est-ce que ce tournage avait de particulier ?

Antoine du Merle : Tout était dans la liberté. Le scénario était certes écrit, mais Siegfried n’arrêtait pas de nous dire : n’apprenez pas les dialogues, servez-vous en comme base. Vivez autour.

Sur les autres tournages, on apprend le texte, et selon les réalisateurs, on peut en rajouter ou en enlever, l’arranger un petit peu à notre sauce. Avec Siegfried, c’était limite une obligation. Il disait : je veux que ton personnage soit beaucoup de toi. C’était vraiment un super souvenir, un film tourné complètement à l’arrache. Quand on a 10-11 ans, c’est rigolo ! On s’éclate !

Ensuite, lorsque vous êtes passé à l’âge adulte, il a fallu en quelque sorte vous imposer à nouveau car vous n'aviez plus la gueule de gamin qui vous a fait connaitre...

Antoine du Merle : Oui. C’est le cas de 99,9 % des enfants acteurs, pour ne pas dire 100%. Effectivement quand on est gamin, on enchaine, on enchaine. J'avais peut-être à l’époque un petit naturel qui plaisait bien, un petit côté gouailleur. Donc, on enchaine, on enchaine.

Et puis arrive l’adolescence, le fameux dossier de la DDASS aussi, qui réglemente les tournages jusqu’à l’âge de 16 ans : le travail est interdit pour les mineurs de moins de 16 ans, donc il y a une dérogation particulière pour les tournages. Beaucoup de productions préfèrent prendre des ados de 16 ans révolus pour jouer des ados de 15, 14, plutôt que de prendre un vrai gamin de cet âge-là. Ca évite des dossiers DDASS, c’est moins long, moins fastidieux, moins compliqué. Donc il y a toujours cette petite pause qui se fait entre 14 et 16.

Puis, il y a aussi le fait qu’on vous voit toujours avec cette gueule d’enfant, de bambin. Et ce n’est pas la même chose, on ne demande pas la même chose à un comédien enfant qu’à un comédien adulte. Un comédien enfant, on lui demande d’être naturel, malléable finalement. Le réalisateur veut l’emmener quelque part.  Quand on est adulte on vous demande de faire une proposition d’acteur, comment je peux travailler le rôle, qu’est-ce que je peux y apporter.

Le CV sert en étant adulte, mais si tous les films que j’ai fait enfant, je les avais fait entre 17 et 25 ans, ils me serviraient beaucoup plus que ceux que j’ai fait entre 7 et 12. J’ai eu la chance quand j’étais gamin d’avoir mon agent qui m’a prévenu de ça, qui m’a expliqué comment ça allait se passer à l’âge de 12 ans, ce qui fait que je n’ai pas été surpris.

Je savais que ce serait long, difficile, que je n’aurai pas à 20 ans la même carrière qu’à 12. Je ne m’inquiète pas, je me dis que c’est normal, que c’est comme ça que ça se passe. Au début, ça fait toujours un petit peu bizarre. Donc je ne m’inquiète pas. J’essaye de continuer mon petit bonhomme de chemin. Quand je passe des castings, j’essaye de proposer quelque chose. Jusqu’au jour où ça repartira… Je croise les doigts !

© Pan Européenne - Pamela Duhesme (via la page Facebook officielle des Inconnus)

"Les Trois Frères, le retour", ça va être donc une façon de vous rappeler à la mémoire de certains, montrer la tête que vous avez avec 19 ans de plus !

Antoine du Merle : Pour moi, c’est une chance qu’ils aient décidé d’en faire une suite et qu’ils aient décidé de me reprendre. Ça sera une façon de montrer ce que je suis devenu. Ce n’est pas essayer de me débarrasser de ma carrière d’enfant, car elle me sert tous les jours, avec tout ce que j’ai appris au fil des années.

Retrouvez la 1e partie de l'interview en vidéo, dans laquelle Antoine du Merle nous en dit plus sur la suite des Trois Frères!

Propos recueillis par Brigitte Baronnet, le 22 octobre 2013, à Paris

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