Laurence Arné : Le tournage de la saison 3 de Workingirls vient de se terminer. Le rythme était très tendu mais ça s’est super bien passé. Les aventures débiles de ces Workingirls continuent de façon toujours aussi tarée ! Sur le plan amoureux, il va arriver une grosse tuile à mon personnage, et donc ça va être très compliqué pour elle, mais je n’en dis pas plus ! C’est vrai que dans la saison 2 elle découvre un homme dont elle tombe amoureuse, mais elle ne sait pas comment faire, elle est comme un enfant, je trouve ça touchant.
"Je ne pense pas qu'il y ait des rôles aussi forts pour les femmes au cinéma"
A jouer, c’est le kif absolu. Je ne pense pas qu’il y ait au cinéma des rôles aussi forts pour les femmes. J’espère que ça changera : on est une petite bande à vouloir en écrire, comme Blanche Gardin, qui a déjà fait plein de choses ou Alice Belaïdi, qui écrit une comédie en ce moment. On a toutes eu envie de participer à Workingirls parce qu’on s’est dit : «Enfin ! On peut aller loin, et sans vulgarité ». C'est bien tout ce courant aux Etats-Unis, avec Mes meilleures amies et autres. On a envie de voir des femmes drôles, trash, sans tomber forcément dans un truc glauque. Moi, j’écris une comédie romantique, c’est un projet que j’avais depuis longtemps et ça y est, je me lance ! J’écris avec un garçon brillantissime, Frédéric Zamochnikoff.
A coup sûr [premier long métrage de Delphine de Vigan, avec aussi Valérie Bonneton et Eric Elmosnino, prochainement en salles] c’est mon premier grand rôle au cinéma, même s'il y a eu Bowling, qui était un film choral. Je joue le rôle d’une fille qui a grandi dans le culte de la performance, de la réussite. C’est une nana très brillante, elle a réussi ses études, elle a obtenu un poste dans un journal économique. Un jour, elle a une aventure qui ne se passe pas bien avec un homme. Mais là encore, elle veut être dans le contrôle, elle utilise les mauvais outils pour régler son problème. Delphine de Vigan nous montre comment le culte de la performance vient nous envahir dans la sphère intime, à quel point on se met de la pression, on n’accepte pas de pouvoir être faible, de rater certaines choses. Ca me semble juste : il y a beaucoup de gens qui se réveillent à 50 ans en se disant : « Merde, j’ai voulu réussir, mais je suis passé à côté de ce que je suis. »
"Le one woman show : un bon tremplin... mais il faut se méfier !"
L’expérience de tournage était super. Elle est écrivain, et elle est d’une finesse absolue dans sa façon de diriger. Elle savait exactement ce qu’elle voulait : ne pas tomber dans la vulgarité, par exemple. On s’est amusé à essayer des trucs ensemble, à faire différentes versions. C’est la première fois que j’ai eu ce plaisir de chercher, de remettre en question certaines choses. Le fait d’être là tous les jours, de connaître toute l’équipe, ça m’a rappelé le Festival d’Avignon, quand je commençais mon spectacle. Le fait de jouer tous les jours permet un lâcher-prise : au bout d’un moment, on n’a plus peur, ça enlève le stress et on découvre une variété dans son jeu.
Le one man show c’est un bon tremplin pour être plus visible. Mais après, il faut se méfier quand on fait du cinéma. Sur scène, on joue seule, on se dit que tout tient sur nous. Après, il faut pouvoir adapter son jeu face à la caméra, être dans l’échange, le partage, se laisser porter par les autres, par les émotions. Si on est dans le contrôle, on peut rater des choses en impro, il faut absorber l’émotion de l’autre, être ouvert.
Recueilli à Deauville le 3 septembre 2013 par JD
Bowling