Le comédien Vincent Lacoste ("Les Beaux gosses", "Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté") est membre du jury Révélation Cartier, présidé par Valérie Donzelli. Il nous parle de son admiration pour Joaquin Phoenix.
Vincent Lacoste : J'aime Joaquin Phoenix dans à peu près tous ses films. Au-delà même du jeu, il a une prestance incroyable. Et en même temps je le trouve très sobre, il a la faculté d'être hyper-intérieur. Dans The Master, il a le regard fou, je ne sais pas comment il fait. C'est hyper difficile, à part si t'es vraiment fou -peut-être qu'il l'est. Il peut être très inquiétant. Mais dans les films de James Gray, où il ne lui arrive que des merdes, il est hyper-touchant.
Dans le film de Paul Thomas Anderson, il m'a impressionné parce qu'on dirait qu'il ne compose pas. Je suis impressionné par les mecs qui arrivent à réinventer un naturel : ils arrivent par exemple à trouver une façon de parler qui, dans la vie, ne serait pas naturelle. C'est un peu ce que j'ai ressenti en voyant Michael Douglas hier dans Ma vie avec Liberace. Tu verrais un mec comme ça dans la rue, tu te dirais : "Ce type est hyper particulier !" Et eux arrivent à recréer ça, ce qui est plus difficile et plus sobre que de faire une "performance". Par exemple ce qu'on voit dans Le Discours d'un roi, avec le bégaiement, ça m'avait saoulé.
Ce qu'il fait dans "The Master", on ne sait pas d'où il le sort !
Dans Walk the Line, on est dans une composition qui m'intéresse moins. Les biopics, ça ne m'intéresse pas tellement, je préfère les acteurs qui créent un personnage qui n'a jamais existé. Ce que fait Phoenix dans "The Master", on ne sait pas d'où il le sort. Il est à moitié tordu, boiteux. Comment a-t-il eu l'idée de parler et de marcher comme ça ? Et comment a-t-il osé le faire ?
The Master
Je ne l'ai jamais rencontré. j'aimerais bien avoir une conversation avec lui mais je ne sais pas si j'oserais aller lui parler car il a l'air très impressionnant, assez sombre, il donne l'image de quelqu'un de torturé.
The Master
On verra bientôt Vincent Lacoste dans...
Jacky au royaume des filles de Riad Sattouf (sortie le 22 janvier 2014): L'univers qu'il a créé est incroyable. C'est une dictature féministe où les hommes sont voilés et très soumis. Un bal est organisé pour trouver un mari à la Princesse qui va devenir reine, jouée par Charlotte Gainsbourg. Moi je joue Jacky, un jeune gueux du village, qui va tenter sa chance. C'est un film vraiment très particulier, je suis méga-fan, c'est hallucinant, ça va très loin.
Hippocrate de Thomas Lilti (sortie le 16 avril 2014) : C'est avec Reda Kateb, Jacques Gamblin et Félix Moati. Je joue un interne en médecine, c'est sur la vie d'un hôpital. Le réalisateur est médecin ! Il n'exerce plus, mais il a fait toutes ses études et il est au Conseil de l'ordre. Je dois aussi jouer dans un film de Danielle Arbid, et puis j'ai un petit rôle dans Eden de Mia Hansen-Løve : je joue Thomas Bangalter, un des deux Daft Punk.
recueilli par JD