Palme d'Or au dernier Festival de Cannes, remise par LE cinéaste de l'enfance Steven Spielberg, La Vie d'Adèle a pour héroïne une adolescente de 15 ans qui se cherche. Mais en raison de la crudité de certaines scènes, le film vient de récolter une interdiction aux moins de 18 ans aux Etats-Unis. Ca n'est pas la première fois que les teenagers outre-Atlantique sont ainsi privés des films qui parlent de leur vie... Dans certains cas, la production décide de couper certaines scènes afin d'obtenir un classement moins sévère (en général R, permettant l'accès aux ados accompagnés de leurs parents). Retour sur quelques exemples du passé...
1992 - L'Amant
Ah ces Français ! Il a beau s'agir d'un best seller de Marguerite Duras, porté à l'écran par Jean-Jacques Annaud (lauréat d'un Oscar du Meilleur film étranger en 1976), ce récit de la passion d'une adolescente française et d'un trentenaire chinois est jugée trop torride par les Américains et se retrouve interdit aux mineurs. Après des protestations du cinéaste... et trois minutes en moins, le film obtient le classement R.
1995 - Kids
Sexe, drogue et violence, le tout dépeint de façon très réaliste : le premier long métrage de Larry Clark, écrit par un Harmony Korine âgé d'une petite vingtaine d'années avait tout pour déplaire aux responsables de la classification. il sera donc interdit aux moins de 18 ans. Ca n'empêchera pas le cinéaste de récidiver, en allant plus loin dans la violence (Bully, NC-17 en 2001) et dans le sexe (Ken Park, NC-17 en 2002)
1999 - American Pie
Un peu trop centré sur une activité très prisée des adolescents (même si elle se pratique généralement en solo), cette comédie a écopé d'un NC-17. Les producteurs ont alors décidé de renvoyer le film en salle de montage, et les ados ont pu finalement aller au cinéma en compagnie de leurs parents pour rire aux pitreries de Jason Biggs et sa bande.
1999 - Boys Don't Cry
Les garçons et filles rongés par un questionnement identitaire ont bien failli être privés de cette oeuvre forte et violente, avec une Hilary Swank oscarisée pour sa prestation réussie de garçon manqué. La scène de sexe entre l'héroïne et Chloë Sevigny (encore elle !) a été jugée trop crue, d'où le classement NC-17... avant que quelques coupes ne soient opérées, et que le film soit reclassé R.
2001 - Et... ta mère aussi ! (Y tu mamá también)
Avant de faire plaisir à toute la famille en signant Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, le Mexicain Alfonso Cuarón nous proposait une virée débridée en compagnie de Gael García Bernal. Un peu trop débridée pour la MPAA (Motion Picture Association of America) qui a choisi d'attribuer un NC-17. Le film est finalement sorti sans classement, mais son exposition a donc forcément été extrêmement limitée.
2001 - Long Island Expressway (L.I.E.)
Aujourd'hui réalisateur de grandes séries populaires comme Dexter ou Homeland, Michael Cuesta signait une première oeuvre troublante autour de la relation unissant un pédophile (Brian Cox) à un garçon de 15 ans (le débutant Paul Dano). Un an seulement après sa sortie, il obtiendra le classement R. Pourtant, comme le note le New-York Times, "la seule chose choquante dans ce film, c'est son honnêteté".
2002 - Les Lois de l'attraction
Evidemment, un teen movie adapté de l'oeuvre de Bret Easton Ellis comportera forcément son lot de sexe, drogue et rock'n'roll. Surtout quand l'homme qui est derrière la caméra est un grand pote de Tarantino nommé Roger Avary, à qui on doit déjà un violent et fun Killing Zoe. Un classement NC-17 avait été préconisé pour celui-ci, mais le cinéaste a accepté de couper quelques passages afin d'obtenir le fameux R.
2003 - Innocents - The Dreamers
Trente ans après Dernier Tango à Paris, qui fut classé X lors de sa sortie américaine en 1973, Bernardo Bertolucci choque encore avec cette évocation intime de Mai 68. Le trio jeune et joli Eva Green-Michael Pitt-Louis Garrel, en pleine découverte de leur corps, a été jugé un peu trop hot, et il a fallu que le cinéaste retire trois minutes du film pour que son film décroche la mention R.
2004 - Mysterious Skin
Les fans de Gregg Araki savent qu'il s'agit du film le plus sage et le moins trash du réalisateur de Kaboom -et peut-être même son meilleur. Ce n'est sûrement pas son caractère explicite qui a valu au film son interdiction aux moins de 18 ans, mais plutôt le sujet tabou qu'il aborde : la pédophilie et ses conséquences sur deux adolescents qui en ont été victimes dans le passé. L'un d'eux (Joseph Gordon Levitt) se prostitue, tandis que l'autre (Brady Corbet) vire limite autiste.
La Vie d'Adèle - Chapitres 1&2