Allociné : Quel serait votre personnage préféré du film ?
Chris Sanders : J’aime tous les personnages mais mon préféré reste le tigre. J’ai contribué à sa conception, c’est peut-être pour ça (rires). Vous savez, dans Les Croods, il n’y a pas de méchant traditionnel. Ici, c’est le changement qui fait avancer les personnages. Le vrai méchant du film, c’est l’effondrement du monde, qu’ils essayent tout le temps de fuir. Mais on ne peut pas mettre de visage dessus. Du coup, on a eu l’idée de ce tigre. Il est aux Croods, et surtout à Grug (le père) ce que le crocodile est au Capitaine Crochet. Manger Grug devient son obsession et il le suit partout. Ils ont beau partir très loin, il revient encore et encore.
Avant d’arriver chez Dreamworks, vous travailliez pour Disney. Avez-vous noté des différences entre les deux ?
Les deux studios se ressemblent assez, en fait. Ce qui prime dans les deux cas, c’est l’importance accordée à l’histoire. C’est une chose que j’ai apprise chez Disney, et qui était la même chez Dreamworks. Jeffrey Katzenberg nous pousse toujours à trouver la meilleure histoire possible, et nous travaillons sans relâche jusqu’à ce que nous l’ayons. La plus grande différence se trouve au niveau des artistes. C’est un processus manuel, même pour les personnes qui travaillent sur ordinateur. On n’obtiendrait pas le même résultat si on changeait ne serait-ce qu’un de nos artistes. Et les personnes avec lesquelles je travaillais à Disney ont changé quand je suis venu à Dreamworks. Mais de toute façon, l’équipe change à chaque film, qu’on soit à Disney ou à Dreamworks. Cela détermine jusqu’à un certain point de quoi le film aura l’air.
Votre travail sur "Lilo et Stitch" et la conception de toutes ces étranges créatures vous ont-ils aidé pour concevoir celles que l’on trouve dans "Les Croods" ?
Etrangement, ce que nous avons découvert sur Lilo & Stitch et qui a le plus influencé la fabrication de ce film, ce sont les moments où les personnages s’arrêtent de parler et où nous laissons la musique parler à leur place. Et ça, c’est venu d’Alan Silvestri (le compositeur) sur Lilo & Stitch. Il y a eu un moment où nous ne pouvions pas écrire la scène. C’était le moment où Stitch change. On avait peur de mettre ça à l’écran, car on ne savait pas comment le faire. Et quand Alan a vu le film, il nous a demandé : "Où est la scène ? On ne voit pas le moment où il change." On lui a répondu qu’on ne l’avait pas mis parce qu’on ne savait pas comment s’y prendre. Il nous a répondu : "Mettez la scène à l’écran, et je m’occupe du reste." C’est là que j’ai réalisé que la musique était le meilleur outil narratif dont nous disposions. Et il y a des moments dans ce film, comme la scène où les Croods voient le ciel étoilé pour la première fois, qui n’auraient pas pu exister sans ces choses que j’avais apprises sur Lilo & Stitch. Je mettrai toujours des moments de musique pure dans mes films à cause de ça.
Les Croods
Propos receuillis par Thomas Imbert