©Warner Bros. Television
302 prisonniers et gardiens de la célèbre prison d'Alcatraz disparaissent dans d'étranges circonstances en 1963. Cinquante ans plus tard, ils réapparaissent un à un à San Francisco de manière inexpliquée, sans avoir vieilli. Un agent du FBI, Rebecca Madsen, est alors chargé de mener l'enquête, aidé d'un geek spécialiste de la prison, Diego Soto, et d'un homme mystérieux au passé trouble nommé Emerson Hauser...
Créé par Elizabeth Sarnoff, Bryan Wynbrandt & Steven Lilien. Produit par J.J. Abrams.
Avec Sarah Jones, Jorge García, Sam Neill, Parminder Nagra, Robert Forster, Santiago Cabrera...
Malgré un lancement en grande pompe, Alcatraz n'a pas séduit le public américain, qui a déserté la prison en masse semaine après semaine. Ils étaient 10 millions pour le premier épisode et seulement 4,8 pour le 13ème et dernier. Parmi les raisons qui semblent avoir scellé le destin de la série, on peut citer les enquêtes fermées des premiers épisodes, qui n'ont pas convaincu les amateurs de mythologie complexe; mais également et paradoxalement un attrait de moins en moins fort pour les séries feuilletonnantes à concept fort depuis la fin de Lost. En coulisse, tout n'a pas été simple : la créatrice, Elizabeth Sarnoff, est partie en cours de route pour différends artistiques et le tournage a observé un peu plus tard une pause de quelques jours. Une histoire mouvementée, à l'image du lieu mythique qui a essuyé ses propres tempêtes.
NOTRE REPORTAGE
Retrouvez quelques images prises sur le tournage de la série, ainsi que des interviews des acteurs principaux :
Tueurs en Séries
NOTRE JOURNAL DE BORD
Mardi 31 Janvier 2012 - Day One
Il y a des opportunités qui ne se refusent pas. Celle de partir trois jours au Canada à Vancouver, sur le tournage de la nouvelle série produite par J.J. Abrams, Alcatraz, qui a débuté sur la FOX le 16 Janvier 2012 et qui devrait débarquer dans les prochains mois sur TF1, fait clairement partie de celles-là. Je ne suis au courant de mon départ que depuis quatre jours, alors c’est avec une grande excitation mais aussi beaucoup d’appréhension que je me faufile de bon matin avec ma valise, mon bagage à main et mon pied de micro dans les rues de Paris, balayées par un vent glacial –un avant-goût de mon voyage sans doute- puis au milieu des anonymes du métro parisien. Ce matin, je ne vais pas dans la même direction qu’eux. Ce matin, je pars à l’aventure !
Je pourrais commencer ce journal de bord en vous racontant mes nombreux déboires –et je vous assure que c’est peu de le dire- pour obtenir mes billets d’avion, qui se sont achevés sur une course dans les couloirs de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle et un sprint final pour embarquer dans l’engin avant la fermeture des portes. Je pourrais vous préciser qu’à ce moment précis, j’étais en sueur, peu habitué à tant d’efforts, mais soulagé : j’ai vraiment cru que je ne partirais jamais. A vrai dire, à une ou deux minutes près, j’étais fichu. Peu enclin à l’optimisme, je m’étais même presque fait une raison. Si les Dieux n’ont pas du tout été avec moi à la veille de mon départ ainsi que le matin même, sur les coups de 11h30, ils se sont enfin décidés à m’accorder un peu de répit. Pour combien de temps ? Bref, je ne vous raconterai pas tout ça car rien que d’y penser, tout mon stress me revient !
Je ne suis pas certain non plus que vous raconter mon trajet en avion soit extrêmement passionnant mais puisque vous insistez, je vais vous en raconter les principaux événements. Vous remarquerez d’abord que si je vous écris là tout de suite, c’est que je n’ai pas été transformé en zombie au cours du voyage comme dans le pilote de Fringe. Je vous sens un peu déçu… Mon bolide des airs ne s’est pas non plus crashé sur une île pas tout à fait déserte comme dans Lost. Je vous sens encore plus déçu… Non, c’était calme, doux comme un épisode de Pan Am, mais sans les hôtesses de l’air ultra sexy. Là, je crois que je vous ai définitivement perdu… J’ai simplement accueilli avec allégresse tout ce qui ressemblait de près ou de loin à de la nourriture ; j’ai dévoré avec encore plus d’appétit le troisième tome de « Hunger Games » ; épuisé, j’ai fini par m’endormir en prenant soin de ne surtout pas ronfler –ma hantise- et de baver sur ma sympathique voisine ; j’ai de temps en temps rouvert les yeux pour contempler le quatuor Steve Carell/Julianne Moore/Ryan Gosling/Emma Stone faire des merveilles dans le drôlissime Crazy, Stupid, Love, que j’avais déjà vu quelques mois plus tôt ; et puis, pris d’une soudaine bouffée d’inspiration, je me suis plongé dans la préparation de mes interviews. Je ne vous raconterai pas mon escale à Dallas, qui a surtout été rythmée par un enchaînement de contrôles en tous genres et par la quête interminable d’un réseau wifi gratuit. Ni de mon second vol jusqu’à Vancouver qui a été marqué par des bruits violents de chasse d’eau -place stratégique, située en face des toilettes, oblige- qui m’ont quelque peu gâché le visionnage du Stratège je dois dire. Mais loin de moi l’idée de me plaindre: je sais la chance que j'ai.
Après une douzaine d’heures de vols, me voilà enfin arrivé à destination. La pluie légendaire de Vancouver m’accueille alors que la nuit est déjà tombée. Il n’y a pas à dire : « c’est beau une ville la nuit ». Elle scintille de mille feux. Quelques minutes en taxi plus tard, je suis à l’hôtel et une longue soirée m’attend : des interviews à peaufiner, du matériel vidéo à préparer, un itinéraire à planifier… Je suis fin prêt à partir à l’assaut d’Alcatraz !
Mercredi 1er Février 2012 – Day Two
La première chose que je me suis dit en me réveillant ce matin très tôt, après avoir été surpris par un beau rayon de soleil pas franchement typique de la région, c’est qu’on ne part pas à l’assaut d’Alcatraz le ventre vide. Ma deuxième journée à Vancouver a donc commencé en tête à tête avec ce que j’appelle tendrement un « Big Hurley Breakfast », en référence à ce cher disparu de Lost, composé de bacon, de saucisses, d’œufs brouillés et de pancakes imbibés de sirop d’érable. Puis, accompagné de mes deux meilleurs amis Mme la caméra et Mr son pied, je suis parti à la rencontre des autres journalistes conviés par Warner Bros. sur le tournage d’Alcatraz. L’Amérique latine est fièrement représentée par des brésiliens et des colombiens tandis que l’Europe est divisée entre trois anglais, deux italiens et moi-même, le seule frenchie de la bande. Sans plus attendre, on nous emmène au nord de la ville, laquelle est d’ailleurs surnommée depuis quelques années « le Hollywood du nord » tant elle accueille de plus en plus de tournages de films et de séries américaines. L’architecture de ses bâtiments, son centre d’affaire, son petit port de plaisance et ses jolies maisons typiques en font même le lieu idéal pour donner l’impression à l’écran d’être à San Francisco. L’illusion est effectivement parfaite dans une série comme Facing Kate, par exemple.
Alcatraz est tournée en majeure partie aux « North Shore Studios » -en dehors des scènes extérieures filmées aux quatre coins de la ville- qui accueillent également depuis cet automne The Secret Circle. Mais pas de Brittany Robertson ou de Thomas Dekker à l’horizon aujourd’hui. L’endroit se compose de plusieurs zones nommées « circus », où sont stationnées un nombre impressionnant de caravanes qui servent essentiellement de loges, et d’une succession d’entrepôts gigantesques appelés « stages », dont trois sont utilisés pour Alcatraz. A l’intérieur, on retrouve plusieurs décors modulables selon les besoins dictés par l’épisode ainsi que les principaux décors fixes de la série parmi lesquels la boutique du Doc, remplie de comics en tous genres, d’affiches, de figurines et d’objets de collection, le paradis du geek en somme ; mais aussi le bar de l’oncle de l’héroïne, le « Ray’s », où l’on se verrait bien boire un verre s’il y avait vraiment de l’alcool dans toutes ces bouteilles, ce qui n’est apparemment pas le cas. Un appartement est en cours de construction mais l’on nous demande de ne surtout pas le filmer car il n’a pas encore été vu à l’écran. Vu son look vintage, il figurera certainement dans l’un des prochains flashbacks. De temps en temps, on tombe sur des vestiges d’une autre série, comme quelques accessoires abandonnés de Hellcats, diffusée et annulée l’an dernier, dont Alcatraz a repris les studios. Un hangar entier est réservé à la reconstitution des décors principaux de la célèbre prison. Les décorateurs ont même parfois reproduits à l’identique certains lieux clés, notamment les cellules. La production a d’ailleurs eu l’autorisation –très rare- de tourner dans le véritable Alcatraz pour le pilote. J’ai eu la chance de visiter moi-même l’île il y a deux ans et, dans ces décors, je peux vous assurer qu’il y règne la même atmosphère, oppressante et glaçante.
Notre visite nous amène ensuite à la rencontre de Jorge García, alias le Dr. Diego Soto, au cœur du sous-sol très « batcave » où il évolue, entouré d’ordinateurs en perpétuelle ébullition. Fidèle à sa réputation, l’acteur est accessible, cool, amusant. On lui parle finalement plus de Lost que d’Alcatraz mais il ne bronche pas, au contraire. L’île semble lui manquer autant qu’à nous. Dès lors que Sarah Jones, alias l’héroïne Rebecca Madsen, débarque, on sent que leur complicité visible à l’écran n’est pas feinte. Elle se colle à lui, ils se vannent… On jouera toute la journée au jeu du chat et de la souris avec l’actrice, qui est forcément très occupée puisqu’elle apparaît dans la majorité des scènes. Tous ses coéquipiers ne cessent d’en vanter la gentillesse et le talent et, lorsqu’elle est enfin disponible quelques minutes pour répondre à nos questions, on ne peut que reconnaître qu’ils ne nous ont pas menti ! Petite déception tout de même : elle avoue ne pas être très familière de l’univers de J.J. Abrams, d’être passée à coté de Lost et de n’avoir vu que des bribes de Fringe, tounée elle aussi à quelques encablures d’ailleurs. Son charme et son sourire -et son compliment sur ma tenue « very stylish »- me feront la pardonner. On nous entraîne ensuite sur le tournage d’une scène du 11ème épisode qui, il faut bien le dire, n’est pas des plus palpitantes. Il s’agit d’une conversation dont on n’entendra pas le moindre mot entre les personnages incarnés par Jonny Coyne et Parminder Nagra, respectivement le chef de la prison dans les années 60 et l’infirmière. Cinq prises sont nécessaires, sous la direction de Jack Bender, l’homme qui a réalisé les épisodes les plus marquants de Lost, dont le grand final, et qui signe ici son 3ème épisode d’Alcatraz. C’est assez émouvant de le voir à l’œuvre. Mais pas autant que de constater que Sam Neill, LE Sam Neill, en impose même quand il se goinfre de poulet tandoori… à 16h30. Il faut dire qu’une journée typique de l’équipe commence à 11h ; le déjeuner a lieu aux alentours de 16h et le tournage se poursuit au-delà de 22h ! Inutile de dire que nous ne sommes pas restés jusque là. Une petite visite guidée en mini-van des principaux quartiers de Vancouver nous attendait...
Jeudi 2 Février 2012 – Day Three
En ce deuxième et déjà dernier jour de visite du tournage d’Alcatraz, le maître-mot aura été « patience ». Alors que nous avions rendez-vous à 11h pour repartir en direction des North Shore Studios, un email très matinal nous a annoncé que le départ était repoussé à 14h pour des raisons de logistique : les tournages de la veille se sont terminés à 1h du matin et du retard a été pris dans la préparation des décors du jour. Du coup, Sarah Jones et Jorge García filment une scène extérieure sur le parking d’une école maternelle tandis que les techniciens s’affairent dans tous les sens pour maquiller la fausse prison. Et moi, je comate devant les talk-shows débiles pour ménagères désespérées avant de me dégourdir les jambes sur Granville Street et Robson Street, lieux privilégiés pour faire du lèche-vitrine à Vancouver. Je m’aventure même du coté de la marina où je découvre grâce à un soleil étonnamment toujours présent une magnifique vue sur les montagnes enneigées qui entourent la ville. Puis 14h sonne finalement et l’aventure reprend !
Environ sept scènes seront filmées aujourd’hui, dont six auxquelles Sarah Jones participe. Malgré son emploi du temps surchargé, la jeune femme va venir d’elle-même nous saluer entre deux prises, preuve une nouvelle fois qu’elle est tout à fait adorable et abordable. Sam Neill, également présent, préfère rester à l’écart. Celui qui incarne un personnage austère, mystérieux et avare de mots dans Alcatraz serait-il le même dans la vie ? C’est en tous cas l’impression qu’il donne lorsqu’il est prié de nous rejoindre pour converser quelques instants. Comme si la caméra n’avait pas arrêté de tourner, son regard noir ne le quitte pas, il esquisse à peine un sourire de temps en temps et il cherche à nous déstabiliser en nous demandant par exemple de répondre à sa place à nos propres questions, puis en nous priant de lui poser des questions qui ne lui ont jamais été posées et que nous n’avons-nous même jamais posé et en décidant finalement de parler du vin qu’il produit, sujet qui semble davantage le passionner que la série ou son personnage. Il avoue d’ailleurs n’avoir vu aucun épisode depuis le pilote. Si l’on sent bien que derrière cette petite mascarade se cache un acteur talentueux et un homme facétieux, on reste un peu sur notre faim. Ces quelques minutes auront été surréalistes pour tout le monde. Les attachés de presse eux-mêmes ont eu quelques sueurs froides. Bref, on s’en souviendra…
Interrompue la veille parce que le tournage d’une de ses scènes avait été avancé, Parminder Nagra n’aura le temps de répondre qu’à deux ou trois questions avant d’être à nouveau demandée en « urgences » (les plus sériephiles d’entre vous auront noté le jeu de mot tout en finesse). Mais la plus intéressante de nos rencontres du jour est sans conteste celle de Jack Bender, le réalisateur de l’épisode 11 intitulé « Webb Porter », qui défend la série dont il est le producteur exécutif avec passion et sincérité. Il revient longuement sur son expérience Lostienne, qui l’a profondément marqué, et il répond également en toute franchise que l’implication de J.J. Abrams sur Alcatraz est faible : il envoie régulièrement par SMS des idées, des indications ou des félicitations aux scénaristes et aux producteurs mais il est beaucoup trop occupé actuellement par le tournage de son deuxième film Star Trek pour participer davantage ou même passer sur le tournage. Notre visite à nous s’achève sur le clou du spectacle : la fameuse reconstitution de l’intérieure de la prison, des cellules reproduites à l’identique, au moindre détail près. On découvre ainsi que « l’ancienne prison » et la nouvelle, flambant neuve, où Emerson Hauser enferme les prisonniers qui sont réapparus à notre époque, ne forment qu’un seul et même décor. Seuls les murs changent pour passer de l’une à l’autre, avec l’aide également d’effets spéciaux sur fonds verts. Certains entrepôts de North Shore y sont d’ailleurs exclusivement dédiés et des séries comme V ou Battlestar Galactica qui y ont eu énormément recours ont également été tournées ici.
C’est ainsi que se termine ce voyage au cœur du tournage d’une série américaine, avec tout ce que cela peut comporter de fascinant et d’impressionnant, même si découvrir l’envers du décor peut enlever parfois un peu de magie aussi. Merci à l’équipe de Warner Bros. pour avoir pris soin de nous pendant ces deux jours malgré le stress et le froid.