Il faut aller (re)voir en salles Le Carrosse d'or...
1) car pour la première fois, il est projeté en anglais, sa langue de tournage !
Si le casting du film, au sommet duquel règne la grande Anna Magnani, est composé de Britanniques et d'Italiens, Le Carrosse d'or a été tourné dans la langue de Shakespeare. Or, contrairement à ce que souhaitait le réalisateur, le film n'avait jusqu'à présent été exploité que dans une version post-synchronisée, doublée en français et en italien. Grace à un long travail de restauration effectué à partir des négatifs son (et qui a bien sûr également concerné l'image et les couleurs), il a été possible de concevoir des copies numériques dans la version anglaise, celle que Renoir considérait comme la version originale. A propos des dialogues anglais dans la bouche de la Magnani, le cinéaste confiait : "Son parlé est délicieux, son accent italien est très poussé et cela donne aux mots anglais une sonorité imprévue, inattendue."
2) car c'est un des films que chérissait François Truffaut
Lorsqu'il crée en 1957 sa maison de production, le futur auteur des Quatre cents coups choisit de la baptiser Les Films du Carrosse, en hommage au film de Jean Renoir, un des rares cinéastes français qui trouvaient alors grace aux yeux des jeunes Turcs de la Nouvelle vague. Tourné à Rome après le long séjour de Renoir aux Etats-Unis, le film raconte la visite d'une troupe de la Commedia dell'arte dans une colonie espagnole d'Amérique du Sud. La vie et le théâtre, les jeux de l'amour et les enjeux politiques s'entremêlent au fil de cette somptueuse et émouvante réflexion sur le monde du spectacle. En 2002, les cinéastes réunis au sein de la SRF décident de remettre un prix à un de leurs pairs, choisi pour "les qualités novatrices de ses films, son audace et son intransigeance dans la mise en scène et la production" : eux aussi choisiront d'appeler cette récompense le Carrosse d'or... Cronenberg, Varda ou Jarmusch font partie des lauréats.
3) car cela coincide avec la sortie d'une imposante biographie de Renoir
Après avoir signé des ouvrages de référence sur Mankiewicz ou Pialat, le critique Pascal Mérigeau vient de consacrer un ouvrage à Jean Renoir, paru chez Flammarion. Une biographie copieuse et hyper-documentée, qui revient sans complaisance sur les différents aspects (personnel, artistique, politique...) de la vie et de l'oeuvre de ce cinéaste voyageur (Etats-Unis, Inde...) et très français.
JD
Un extrait du "Carrosse d'or"
Le Carrosse d'or