Passionné par tous les cinémas, mais surtout celui de David Lynch, réalisateur en devenir tout droit sorti de l'ESRA Paris, écrit sur Silence Action depuis 2010.
Plus les jours passent, plus les nuits sont courtes ! Début de journée très tôt au 4ème étage du Palais des Festivals pour un petit-déjeuner organisé par le Short Film Corner afin que de jeunes réalisateurs comme moi puissent converser autour d'un café avec producteurs et distributeurs de tout continent. Suite à cette rencontre professionnelle, je suis passé devant les caméras de Shorts TV afin de défendre mon 3ème projet de court métrage, Dix briques d'amour, avec la cohérence inhérente à quelqu'un qui ne fréquente plus les matelas pour se reposer.
Moi et toi (Io e te), le nouveau film de Bernardo Bertolucci, a été ma première projection de la journée, avec une montée des marches de l'équipe du film à 16:00. Chronique de la solitude d'un adolescent, ce drame léger et joliment mis en scène ne peut guère rivaliser avec les plus grandes oeuvres du cinéaste italien mais dénote toutefois d'une certaine modernité de sa part, notamment dans la mise en scène et l'emploi des musiques – formidable variation italienne du Space Oddity de David Bowie dans une scène d'une grande simplicité mais terriblement touchante. Caché pour une semaine dans une cave afin d'échapper à sa mère et à une sortie scolaire, le jeune Lorenzo se retrouve nez à nez avec sa demie-soeur toxico qui, malgré les apparences, va lui apporter beaucoup. Parfois trop statique – il s'agit presque d'un huis clos complet –, on ressort tout de même charmé par cette oeuvre où évoluent de jeunes et prometteurs acteurs italiens.
Si je n'ai pas pu découvrir Sur la route (On The Road), je n'ai pas manqué l'autre événement cinéma de la journée, à savoir Holy Motors, pour lequel nous avons monté les marches. Leos Carax, qui n'avait pas réalisé de long-métrage depuis 1999, livre l'oeuvre la plus surprenante, énigmatique, profonde et déjantée de la sélection officielle, loin de tout ce que nous pouvions attendre de lui. Chargé d'une mélancolie contagieuse, Holy Motors est autant une réflexion sur la vie que sur le cinéma où Denis Lavant est plus que jamais sous les feux des projecteurs : se déplaçant dans une limousine dans les rues parisiennes, il se rend d'un rendez-vous à l'autre pour jouer avec le spectateur jusqu'à nous perdre délicieusement dans un trip lynchien. Un film expérimental dont il faut au moins saluer l'audace pour ceux qui n'arriveraient pas à adhérer au concept séduisant et déroutant.
La nuit s'est prolongée sur la plage du Carlton pour la Polish Excellent Night, grâce à Magdalena Korpas – que vous voyez ci-dessus à la montée des marches –, jeune actrice polonaise qui a étroitement participé à la réalisation de mon premier court métrage, Soixante dix, présent hors compétition au Short film corner. Avec ses bars multiples, son ponton permettant de profiter d'une vue incroyable sur le front de mer ainsi que sur le Carlton illuminé, ses nombreux mets polonais et ses charmants invités, cette soirée fut un moment propice à la détente et aux rencontres avant de chercher quelques heures de repos indispensables.
Demain, je participerai au petit déjeuner U Cannes Tweet spécial Festival, j'assisterai à la projection de Post Tenebras Lux et participerai à l'une des nombreuses soirée cannoise.