Crédit photo : © Gaumont.
Avec 302 millions de dollars de recettes au compteur (en avril 2012), jamais un film français n'avait eu un tel succès à l'international. Il est même devenu le film français le plus rentable de la décennie. "Il", c'est Intouchables, le film du tandem Eric Toledano et Olivier Nakache, qui sort ce vendredi aux USA, après avoir fait l'objet de projections test dans différentes villes aux Etats-Unis. Un Challenge de taille pour la Weinstein Company, distributrice du film, mais qui n'est pas forcément de nature à l'effrayer.
L'affiche américaine du film - © Weinstein Company
Il faut dire que la société a eu le nez creux en distribuant aussi The Artist, avec la moisson d'Oscars que l'on sait et surtout après une intense campagne de lobbying dont Harvey a le secret. Un succès aux Etats-Unis également dû au fait que le film est muet, langage universel par définition. Car une des grandes difficultés pour les films étrangers aux Etats-Unis est la barrière de la langue, au sens où le public américain est toujours très réticent au sous-titrage pour les oeuvres non américaines.
Last But Not Least, on notera que le film s'est récemment classé 91e dans le Top 250 d'Imdb, sur la base de 42 887 votants, devant 2001 : l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick (93e) ou encore Blade Runner (123e place), pour ne citer que ces deux classiques. Un classement qui ne manquera certainement pas de provoquer une bataille rangée entre les partisans et les détracteurs du film...
Ceci dit, que pense la presse américaine d'Intouchables ? Morceaux choisis avec une petite revue de presse.
The Hollywood Reporter : "Piochant abondamment dans des oeuvres comme My fair lady, Le temps d'un Week-end, Un fauteuil pour deux, Le prince et le pauvre pour n'en citer que quelques unes, Nakache et Toledano n'ont pas cherché à réinventer la roue. [...] Le portrait du personnage de Driss verse parfois dangeureusement dans la caricature, [...] mais Omar Sy, délivrant ce qu'il faut de menace, de charme et de bagout, livre une performance à saluer". (Neil Young)
Entertainment Weekly : "A part quelques moments crispants, Intouchables est un film souvent plaisant. [Omar] Sy mêle effectivement énergie et charisme physique. Et Cluzet communique les frustrations de Philippe avec subtilité". (Lisa Schwarzbaum)
Time Out New York : "Intéressé de voir ce qui est populaire ces derniers temps en France ? Ca tombe bien, la Weinstein Company a pensé à vous. Harvey [Weinstein] et ses amis ont mis la main sur les droits de distribution de ce film certes regardable, mais totalement inoffensif et sans conséquence". (Keith Uhlich)
Variety : "[Un film] qui flirte avec le racisme de l'Oncle Tom, qui a quitté de manière permanente on l'espère les écrans américains [...]. Driss est traité comme un singe (avec toutes les connotations racistes qui vont avec ce terme) se donnant en spectacle, apprenant au gars blanc coincé comment se laisser aller, en remplaçant Vivaldi par Boogie Wonderland (...). C'est douloureux de voir ainsi Omar Sy, un acteur plutôt joyeux et charismatique, dans un rôle qui n'est pas bien loin du cliché de l'esclave d'antan, qui amuse son maître tout en représentant tous les stéréotypes de classe et de race". (Jay Weissberg)
The New Yorker : "l'intrigue est désastreusement condescendante. L'homme noir, cru, sexy, grand danseur, libère l'homme blanc congelé. La belle gueule Omar Sy saute dans tous les sens, il est direct et tranchant. François Cluzet joue avec ses sourcils, son nez et son front. C'est une performance admirable, mais le film est embarrassant". (David Denby)
The New York Times : "Qu'est "The Artist", sinon un charmant divertissement plein de nostalgie ? "Intouchables" n'est quant à lui qu'une grossière comédie, qui ressemble à un furieux retour gaulois aux comédies d'Eddie Murphy des années 80". (Stephen Holden)
Hitfix : "le film était imbattable au Box-Office français, et a même valu à Omar Sy le César du Meilleur acteur, juste avant que Jean Dujardin n'obtienne quant à lui son Oscar pour "The Artist". Est-ce que tout ceci aura une incidence sur le public américain ? Peut être juste assez pour donner une chance à "Intouchables" de se battre dans le circuit d'Art et Essai, mais soyez assuré que le record d'Avatar ne court aucun risque chez nous. [...] Le vrai concurrent d' "Intouchables" au Box-Office sera "Indian Palace". Une autre importation plaisante mais inconséquente qui a rencontré le succès outre-Atlantique, et cherche à attirer un public mature soucieux de découvrir autre chose que les mammouths estivaux. [...] "Intouchables" est un film sympathique, mais qui est dans une langue étrangère et n'aligne pas le casting de son concurrent, plus connu par le public américain. S'il glisse hors du Box Office, ca ne sera pas une grosse perte". (Geoff Berkshire)
Reelviews : appréciez ce film pour ce qu'il est - le genre de film capable de provoquer une joyeuse ivresse au champagne- et ne vous demandez pas jusqu'à quel point cette oeuvre de fiction est fidèle à la réalité". (James Berardinelli)
Rolling Stone : "Intouchables est comme un bonbon goûteux hérissé d'hilarité, mais léger en méchanceté. Est-ce cru ? Peut-être. Insensible et froid ? Possible. Mais Sy et Cluzet sont de superbes acteurs démolissant les stéréotypes sociaux et raciaux en trouvant une part d'humanité commune aux deux personnages. Jouer de manière aussi juste pardonne beaucoup de péchés". (Peter Travers)
Wall Street Journal : "Le charme du film est tellement infaillible qu'on oublie facilement la caractérisation des personnages, qui serait offensante dans d'autres circonstances". (Joe Morgenstern)
USA Today : "Intouchables est une charmante et exhubérante comédie française sur l'amitié, [...] qui propose aux spectateurs une histoire peu banale et superbement réalisée". (Claudia Puig)