L'affaire Community n'est pas terminée, loin de là. Après Dan Harmon qui réagissait à son licenciement et son remplacement par David Guarascio et Moses Port, dans une lettre publiée sur son blog (lire notre article), c'est au tour de Sony d'organiser la riposte. Le studio a en effet envoyé un mémo "confidentiel" aux membres de l'équipe de la série, pour leur fournir des (désormais fameux) "éléments de langage", bien connus du monde politique par exemple, qui servent généralement à répondre à la presse de manière coordonnée et cohérente, quel que soit l'intervenant interrogé. Malheureusement pour le studio ce message à fuité, en voici quelques passages...
"Nous savons que les acteurs de la série répondront à des interviews ce week end, nous voulions transmettre quelques messages qui, nous l'espèrons, vous seront utiles pour les questions (...) J'ai vu les quelques tweets qui sont sortis, des réactions à chaud, et nous espérons que cette nouvelle perdra un peu en intensité ces prochains jours (...)". Le message est suivi de 4 questions/réponses afin d'aguiller les acteurs dans leurs prochaines interviews. En voici deux exemples :
"Question type : Etiez-vous au courant du licenciement de Dan Harmon ?
Réponse type : Non, nous ne sommes pas consultés sur ces décisions. Je suis triste de le voir partir, mais j'ai hâte de commencer la prochaine saison de Community."
"Q : Le studio ou la chaîne vous ont-ils consulté à propos de ces changements ?
R : Non, ils ne l'ont pas fait, mais nous sommes impatients de travailler avec David Guarascio et Moses Port sur la prochaine saison de Community."
Le mémo complet ainsi que les autres questions se trouvent ici.
Par ailleurs, un producteur, dont l'indentité est restée secrète, s'est également penché sur l'affaire et a voulu donner quelques détails importants sur la relation qui lie un showrunner avec le studio de production et la chaîne: "Personne n'est viré par accident. Et plus spécialement le créateur d'une série. Mais c'est vraiment simple, quelques coups de téléphone suffisent (...) Il y a une anecdote, à propos de Lorne Michaels, lequel disait à la fin du livre "The War for Late Night" de Bill Carter, qu'un producteur du Saturday Night Live lui avait dit lors de son entretien de départ : "Nous vous payons pour que vous sortiez un certain nombre d'épisodes pour une certaine somme dans un certain délai. Il n'est écrit nulle part dans votre contrat que la série doit être bonne. Si vous pensez qu'elle doit l'être, c'est votre problème. Vous ne pouvez pas nous en vouloir si l'on se met en travers de votre chemin." La qualité, en d'autres termes, n'est pas importante. L'argent et les audiences le sont. (...) Il faut un certain tempérament pour être showrunner, une forme de mégalomanie humble. Vous devez aimer être aux commandes, mais vous devez également accepter d'être sous les ordres de deux puissantes entreprises. Et, en fin de compte, ce sont eux, pas vous, qui ont le pouvoir de vie ou de mort sur vous ou votre série." Vous pouvez lire en intégralité ses propos ici.
Si la polémique autour de la série enfle, est-ce qu'il en sera de même pour ses audiences à la rentrée ? Rien n'est moins sûr...
Romain Cheyron avec Hollywood Reporter.