Lundi, la nouvelle ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, et la ministre déléguée à l'économie numérique, Fleur Pellerin, évoquaient une révision de la loi Hadopi, en organisant prochainement une concertation avec les parties prenantes (lire notre article). Cité par une source gouvernementale, on apprend que c'est Pierre Lescure, ancien PDG de Canal + de 1994 à 2002 et Codirecteur de Vivendi Universal, qui prendrait la tête de cette concertation avec la filière culturelle.
En mars, l'intéressé avait donné une interview au Nouvel Observateur, où il déclarait avoir "essayé de contribuer à la réflexion de François Hollande sur Hadopi afin qu'il n'abroge pas cette loi sitôt élu mais qu'il ouvre un chantier. Celui-ci mêlera l’ensemble des acteurs sous l’œil attentif de l’État qui validera ou non les propositions, dans l’idéal sous six-huit mois, afin d’être prêt avant l’arrivée de la télé connectée". Une (possible) nomination qui suscite déjà l'agacement de certains, à commencer par celui de Philippe Aigrain, cofondateur de l'association "La Quadrature du Net", qui publie sur son blog un billet cinglant :
"Il y a quelques jours, j’essayais de formuler quelques conditions modestes et mesurées pour que la concertation annoncée sur "l’exception culturelle 2.0″ puisse jouer un rôle démocratique utile. Je listais notamment le fait que la mission proprement dite soit constituée uniquement de personnalités indépendantes de tout intérêt économique (qu’il s’agisse de ceux des industries culturelles ou des intermédiaires d’internet). [...] le gouvernement s’apprêterait à désigner Pierre Lescure à la tête de cette mission. Pierre Lescure est sûrement une personne tout à fait respectable, comme ses prédécesseurs nommés dans l’ère Sarkozienne. Mais non seulement il fut de 1994 à 2002 le PDG de Canal+, l’un des principaux acteurs du lobbying visant l’élaboration des politiques culturelles, mais si l’on en croit Wikipedia, il est aujourd’hui membre du CA ou Conseil de surveillance de Lagardère, Thomson SA, Havas et Le Monde (et j’en passe). Si c’est confirmé, cela signifie que la section politique de l’oligarchie gouvernante n’a vraiment rien compris aux conditions élémentaires de la restauration de la dignité du politique".
OP avec Numerama