On a coutume de dire qu'à Cannes, pendant quinze jours, les festivaliers se retrouvent dans une bulle, déconnectés du monde réel et de ses fracas. Ca n'est pas tout à fait vrai. Dans la rue, hier, les conversations des uns et des autres tournaient aussi autour de la formation du nouveau gouvernement français. Et dans les salles, certains films viennent nous donner des nouvelles du monde, en puisant parfois dans l'actualité la plus brûlante. C'est le cas de Après la bataille de l'Egyptien Yousry Nasrallah, présenté ce jeudi en compétition, et qui revient sur le printemps arabe à travers un récit qui mêle fiction et documentaire.
Il était une fois la révolution
Alors que le peuple égyptien s'apprête à élire un nouveau président, on découvre aujourd'hui sur la Croisette Après la bataille, nouveau long métrage de Yousry Nasrallah, cinéaste âge de 60 ans, habitué des festivals (La Ville, primé à Locarno, La Porte du soleil, présenté sur la Croisette en Sélection officielle), mais qui décroche pour la première fois une place dans la compétition cannoise. Il est d'ailleurs le seul représentant du continent africain dans la course à la Palme d'or.
Directement inspiré des événements de la Place Tahrir, le film rend compte la complexité de la situation à travers la rencontre de deux personnages totalement opposés dans leur profil et dans leurs motivations : Reem, une publicitaire engagée dans la Révolution, et Mahmoud, homme pauvre et illettré, recruté par le gouvernement pour charger les manifestants. Comme Youssef Chahine, dont il fut l'assistant, Nasrallah est un citoyen engagé, mais aussi un artiste qui a le goût du romanesque. Même s'il a tourné pendant les défilés et inclus des images des actualités télévisées, son film reste donc une vraie fiction. Un mélange audacieux et stimulant qui devrait intéresser le président du jury Nanni Moretti.
JD
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Après la bataille