Céline Sciamma © Dorothée Smith
Allociné : Quel sera votre rôle lors de cette 51ème Edition de la Semaine de la Critique à Cannes?
Céline Sciamma : Je suis la Présidente d’un nouveau jury, le jury Révélation, qui concerne les longs métrages en compétition à la Semaine de la Critique, entourée de quatre blogueurs, qui viennent des quatre coins du monde : Belgique, Corée, Etats-Unis et Inde.
Quel genre de cinéma avez-vous envie de voir à Cannes cette année ?
Je suis très contente de participer à la Semaine de la Critique, car il s’agit de premiers et de seconds films. C’est donc du cinéma de jeunesse, du cinéma émergent, je vais me concentrer là-dessus. Je suis très heureuse d’être confrontée à de jeunes auteurs.
L'affiche officielle de la 51ème édition de la Semaine de la Critique avec
Quel regard sur le cinéma attendez-vous de ces jeunes blogueurs étrangers ?
Je ne crois pas beaucoup à l’exotisme du regard, j’ai envie d’avoir leurs impressions de cinéma. Je me déconnecte un peu de la question d’où ils viennent. S’il y a un endroit où l’on peut se rencontrer, c’est vraiment sur le terrain de la fiction justement. Je suis très fière de faire partie de ce jury, il y a toujours une grande passion chez chaque juré, et le choix va être influencé par les films, mais aussi par les personnalités, et bien sûr les cultures. C’est toujours une expérience passionnante. Les membres du Jury Révélations sont vraiment des références dans leurs pays respectifs, et je crois qu’ils seront bien plus experts que moi.
Cela semble être un rôle logique pour vous, puisqu’on vous sent attachée à l’idée de la transmission. Vous étiez notamment la marraine d’Adèle Haenel nommée au César du Meilleur Espoir féminin. C’est important pour vous de soutenir de jeunes acteurs, cinéastes ou ici blogueurs ?
Oui parce que moi-même je ne suis pas trop vieille encore, et ce n’est pas tant soutenir, c’est plus l’idée d’appartenir à une génération. Je crois beaucoup aux effets de génération, au cinéma et en général d’ailleurs. Quand il se passe des grandes choses au cinéma, c’est très souvent des effets de génération. C’est plus ce souci là, que celui de formater des jeunes. C’est plutôt une envie de partager avec eux.
Adèle Haenel dans Naissance des pieuvres
La Semaine de la Critique étant centrée sur des premiers ou seconds films, est-ce avant tout la nouveauté, la mise en avant d’un regard neuf que vous voulez récompenser ?
Encore une fois, c’est la surprise qui gagne. Après on peut toujours argumenter sur le choix, mais je n’ai pas de grilles de critères pré-établis qu’il faudrait remplir. On peut tout à fait primer une forme qui est complètement innovante, mais pourquoi pas un film plus classique qui soit totalement abouti. Je ne sais pas ce qui va me séduire ou non, ça va aussi beaucoup se jouer sur le dialogue. On va surement beaucoup argumenter et défendre nos choix.
Votre premier film avait été présenté sur la Croisette, et vous avez reçu l'an dernier le prix Louis Deluc à Cannes. Quel rapport entretenez-vous avec le Festival ?
Cannes c’est le début de tout pour moi, c’est là que mon film [NDLR : Naissance des pieuvres] a été montré pour la première fois quasiment, ça a été le début de tout. Donc j’ai un rapport très sentimental à Cannes, je suis toujours ravie d’y aller, surtout pour travailler, pour y voir des films. C’est à la fois un souvenir très fort et un endroit pour lequel j’ai beaucoup de reconnaissance.
Malonn Lévana et Zoé Héran dans Tomboy
Est-ce qu’un festival est le meilleur moyen pour un jeune réalisateur de se faire connaître ?
Je ne sais pas si c’est le meilleur moyen. J’espère qu’on peut se faire connaître autrement, mais la beauté des festivals c’est de voir des films au-delà du contexte de la sortie, et aussi de voir des films qu’on ne pourrait pas voir autrement et de rencontrer des cinéastes. C’est ça l’intérêt d’un festival aussi, c’est un axe de curiosité désengagé, on peut voir des choses auxquelles on ne serait peut-être pas confrontées. C’est vraiment un effet de surprise qui joue beaucoup.
Un mot sur vos projets?
Je n’en ai pas vraiment à vous vendre. Je commence à peine une nouvelle écriture, et je ne peux pas vous dire de quoi ça parle ou quand ça arrivera, mais je vous tiendrai au courant !
Charles Tesson, Délégué Général de la Semaine de la Critique nous parle de Céline Sciamma...
Propos recueillis le 16 avril et le 24 avril 2012 par Maud Lorgeray