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    "Noé", le comic selon Darren Aronofsky et Niko Henrichon

    Rencontre avec le metteur en scène de "Black Swan" et "Requiem for a Dream", auteur du comic "Noé", illustré par Niko Henrichon et publié par Le Lombard...

    AlloCine: Pourquoi avoir choisi Niko Henrichon pour illustrer "Noé" ?

    Darren Aronofsky: Je suis un grand fan du roman graphique Pride of Baghdad [ndlr: roman graphique publié en 2006 et illustré par Niko Henrichon] et j'admire sa capacité à communiquer des émotions et son souci du détail. Et sa passion pour notre projet a été déterminante.

    Il s'agit de votre second comic. Qu'est-ce que le format vous apporte en tant que réalisateur et en quoi il satisfait votre âme de conteur ?

    J'aime collaborer et partager avec des artistes qui amènent leur propre univers. Cela me permet notamment d'appréhender mes idées à travers un autre prisme. Chaque fois que je découvre une nouvelle planche, je ressens des frissons.

    "Noé" est une fresque aussi intime qu'épique. Cette liberté de raconter sans se soucier de l'échelle propre au comic vous intéresse-t-elle ?

    J'aime les histoires qui allient des thématiques monumentales et des émotions humaines authentiques. L'infiniment petit et l'infiniment grand. On en revient toujours à ça.

    Quels sont les principaux défauts d'un réalisateur s'essayant au comic ?

    En réalité je n'écris pas vraiment de comic.  Niko a pris le scénario écrit par Ari Handel et moi et l'a transformé en comic. J'imagine que le challenge était énorme. Mais je ne l'ai jamais entendu se plaindre.

    Les deux dernières répliques prononcées par Noé sont: "Un miracle mon fils..." et "...et maintenant va me chercher ma hache". Elles reflètent l'ambition et la dualité idéologique au coeur de votre projet: la grâce (religieuse ou non) et la violence...

    Ces dernières répliques sont davantage une indication sur Noé, qui doit commencer à construire. Il est le témoin d'un miracle et il doit désormais agir selon les instructions reçues.

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    AlloCine: A quoi ressemble un script de Darren Aronofsky pour un comic ? En quoi il diffère d’un script d’auteur "habituel" de comic ?

    Niko Henrichon: Le scénario de Darren Aronofsky et Ari Handel ressemble beaucoup à un script de comics normal, hormis peut-être le fait qu'il n'est pas découpé en pages et en cases. Tous les dialogues y sont. Essentiellement, on a effectué assez peu de changements.

    Quels ont été les passages les plus compliqués à gérer pour vous sur un tel projet ? L’ampleur et l’intimisme de l’histoire sont difficilement conciliables et pourtant… ça fonctionne !

    C'est gentil. Cette histoire, c'est-à dire le scénario complet, est un amalgame d'éléments difficilement conciliables. Mais n'est-ce pas justement ce que l'on apprécie dans les films d'Aronofsky? Un des facteurs compliqués à gérer est le fait de devoir couper le récit en 4 volumes. Même s'il y a des coupures naturelles dans le scénario, j'ai l'impression que chaque tome sera radicalement différent du précédent. Il n'y aura pas l'homogénéité que l'on retrouve la plupart du temps sur les séries d'albums. C'est peut-être là un pari risqué mais je suis assez confiant sur la qualité et l'originalité du scénario. Le premier tome s'attarde beaucoup sur l'introduction des personnages et de l'univers. Tout cela est mis en scène d'une manière assez classique mais nécessaire qui n'est pas spécialement représentative du scénario complet. Ça peut plaire à certains lecteurs mais je crois que celui ou celle qui connait les travaux d'Aronofsky sera forcément un peu dubitatif après la lecture du premier tome. Les tomes suivants mettent en scène des évènements assez surprenants qui dévient littéralement du récit biblique que l'on connaît tous. Idéalement, il aurait peut-être fallu faire tout le projet en un seul volume, mais techniquement, ce n'était pas vraiment réalisable.

    On peut parfois "prendre" un découpage de BD/Comic pour un découpage cinématographique. En quoi les deux techniques diffèrent ? Avez-vous pu discuter avec Aronofsky de l’ampleur visuelle qu’il voulait donner à son film ?

    Tout ce qui est notion de temps est assez compliqué à gérer en bande-dessinée. Surtout si on a des cases silencieuses. Le lecteur a tendance à "zapper" très rapidement d'une case à l'autre. On a dû faire quelques modifications pour donner une meilleure impression du temps qui s'écoule à l'aide de certaines astuces propres à la bande-dessinée. J'essaie aussi de réaliser des cases complexes avec pas mal de détails, de personnages secondaires, etc. J'ai l'impression que s'il y a beaucoup à voir, le lecteur y restera un peu plus longtemps. Mais finalement, ce n'est jamais quelque chose que l'on contrôle à 100%. Non, je n'ai pas eu beaucoup de discussions avec Aronofsky au sujet du film. Ça aura de l'ampleur, j'en suis convaincu déjà, pas seulement au niveau visuel mais aussi dramatique. C'est un scénario d'une rare intensité.

    Le choix de ne pas faire reposer l’histoire sur une majorité de dialogues donne-t-il plus de liberté au dessinateur ou est-ce qu’il impose de plus grandes limites ?

    Disons que ça a des avantages et des inconvénients. Personnellement, en tant que lecteur de bandes-dessinées, j'aime assez bien les séquences silencieuses. Cependant, il faut aussi assumer le fait que de nombreuses séquences silencieuses font que l'album se lit rapidement. Cependant, comme je le mentionnais plus tôt, c'est un récit qui évolue et varie beaucoup dans le ton. Il n'est pas dit que les prochains tomes auront le même ton.

    Quelles sont vos plus grandes influences de l’univers des comics ?

    Je ne suis pas un grand lecteur de comics mais j'aime beaucoup ce qui s'est fait chez Vertigo. Les séries comme Sandman, Fables, 100 Bullets, 100%. J'apprécie le travail des dessinateurs qui sont un peu marginaux comme Bill Sienkiewicz, Paul Pope, Tim Sale, Mike Allred ou encore Frank Quietly, pour en nommer quelques uns.

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    "Noé"

    par Darren Aronofsky, Ari Handel et Niko Henrichon

    Editions du Lombard - Voir le site officiel

    Synopsis : C'était un monde sans espoir, un monde sans pluie et sans récoltes, dominé par des chefs de guerre et leurs hordes barbares. Dans ce monde cruel, Noé était un homme de bien. Combattant aguerri, mais aussi mage et guérisseur, il ne voulait que la paix pour lui et sa famille. Pourtant, chaque nuit, Noé était assailli par les visions d'un déluge sans fin, symbole de la destruction de toute vie. Peu à peu, il commença à comprendre le message que lui envoyait le Créateur. Ce dernier avait décidé de punir les hommes et de les exterminer jusqu'au dernier. Mais il donnait à Noé une dernière chance de préserver la vie sur Terre...

    Remerciements à Antoine Menard et Diane Rayer

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