Livre :
Doctor Who
Decalog 3 Consequences
Continuity Errors
Publié en Grande-Bretagne en 1996, ce recueil de nouvelles situées dans l'univers du "Doctor Who" contient une histoire de 25 pages écrite par Steven Moffat, lequel prend pour héros le 7ème Seigneur du Temps (Sylvester McCoy) et Bernice.
Commentaires de Steven Moffat : J'ai en effet écrit une histoire pour ce volume. C'est le premier texte que j'ai publié ! Cela s'appelait donc "Continuity Errors"... et c'était fun ! A l'époque, je n'ai voulu écrire qu'une nouvelle parce qu'ils ne payaient pas assez (rires) !
Téléfilm:
Doctor Who and the Curse of Fatal Death
Un épisode "hors série" de Doctor Who diffusé sur la BBC le 12 mars 1999 à l'occasion du Comic Relief, une émission diffusée tous les ans afin de récolter des fonds pour des oeuvres de charité. A cette époque, la série originale n'est déjà plus à l'antenne et la "nouvelle" série n'existe pas encore. Dans cet épisode spécial, le Seigneur du Temps (incarné successivement par Rowan Atkinson, Hugh Grant, Joanna Lumley...) affronte le Master !
Commentaires de Steven Moffat : Il s'agit d'un pastiche, qui a d'ailleurs été produit par ma femme, Sue Vertue, avec laquelle j'ai fait plus tard Six sexy et, aujourd'hui, Sherlock. L'autre jour, mon fils est tombé sur une VHS [ndlr: Doctor Who and the Curse of Fatal Death n'est sorti que sur ce support] et il était tout excité (rires) ! Il se demandait ce que c'était, il trouvait ça génial et voulait jouer avec !
AlloCine: Ce n'est pas étrange de se dire que le tout premier épisode de "Doctor Who" que vous avez écrit était une parodie. Et que cela aurait très bien pu être le premier... et le dernier !
Steven Moffat :Tous les épisodes de Doctor Who sont des parodies (rires) ! Ma femme Sue produisait le Comic Relief cette année-là, j'étais donc particulièrement bien placé pour y participer ! Richard Curtis, le réalisateur, a proposé l'idée de faire un épisode "spécial" de Doctor Who et, considérant le fait que j'ai toujours été fan, j'ai bien entendu sauté sur l'occasion, sachant que c'était peut-être une occasion unique de jouer avec des Daleks (rires) ! Les "anges pleureurs" [ndlr: les fameux "méchants" de l'épisode "Blink", écrit quelques années plus tard par Moffat] étaient sans doute morts de rire, sachant que j'allais finalement passer ma vie à écrire cette satanée série !
AlloCine: Cet épisode spécial est une déclaration d'amour au "Doctor Who" original. Vous avez repris très scrupuleusement des élements, des passages obligés de la série pour les re-mettre en scène, les détourner. Aujourd'hui, après une résurrection réussie, à quoi pourrait bien ressembler une parodie ?
Steven Moffat :Oui, tout à fait, c'est une déclaration d'amour. Mais je ne peux pas vraiment répondre à votre question. Pour les téléspectateurs actuels, il serait incongru de faire une parodie de "ce" Doctor Who. Il y a tellement de choses que nous ne faisons plus... et cet épisode était une parodie mais c'était essentiellement un moment de nostalgie, le souvenir d'une série disparue depuis longtemps. Doctor Who est finalement assez compliquée à parodier parce qu'elle est en elle-même très drôle et pleine d'ironie. En fait, je ne pense pas qu'une parodie vous ferait plus rire que la série elle-même. Aujourd'hui, je ne saurais pas comment parodier Doctor Who. Ce serait difficile d'écrire quelque chose de plus idiot que ce que nous faisons déjà (rires) ! Certains épisodes sont intentionnellement hilarants. Je pense par exemple à "Agatha Christie mène l'enquête" [ndlr: Saison 4, épisode 7]... Doctor Who est déjà une comédie complètement folle, alors comment la parodier ?
Album :
Doctor Who Annual 2006
What I Did on my Christmas Holidays, by Sally Sparrow
Chaque année, un album/recueil du Doctor Who est publié. Il contient des nouvelles illustrées, des dossiers sur la série, des bandes-dessinées... Cette année-là (2006), Steven Moffat propose une nouvelle illustrée de 6 pages centrée sur Sally Sparrow, une jeune fille contactée par le Doctor...
AlloCine: Ce qu'il y a de fascinant dans cette histoire de "Sally Sparrow", c'est qu'elle contient les germes du célèbre épisode "Blink" et, selon moi, du premier épisode de la saison 5...
Steven Moffat :Je comprends le lien que vous faites avec "Blink", moins celui avec le premier épisode de la saison 5...
AlloCine: Le message caché sous le papier peint de la chambre, cette histoire racontée sous la forme d'un conte, ce rapport à l'enfance...
Steven Moffat : Ah d'accord, je vois. De manière générale, je pense que le rapport à Doctor Who a profondément une dimension enfantine. Beaucoup de gens ont des souvenirs du Doctor issus de leurs jeunes années. Ce lien existe et il demeure très fort. Au-delà, en effet cette histoire contient les germes de "Blink". Lorsque j'ai commencé à travailler sur la saison 3 de Doctor Who, j'ai demandé à Russell T. Davies [ndlr: le showrunner de la série durant les 4 premières saisons] s'il avait lu mon histoire de Sally Sparrow. C'était cette histoire que je voulais écrire et voir à l'antenne. "Blink" rappelle donc logiquement Sally Sparrow, excepté que l'héroïne est plus grande.... et qu'il y a des monstres (rires) !
AlloCine: Et cet épisode est devenu un des préférés des fans de "Doctor Who". A ce propos, quels sont vos épisodes préférés ? De la série originale et de la nouvelle ?
Steven Moffat : C'est très compliqué pour moi de parler de la nouvelle série. J'ai travaillé dessus, je la dirige aujourd'hui, je suis émotionnellement impliqué. Concernant la série originale, je pourrais citer "The Ark in Space" [ndlr: un "serial" datant de 1975 avec le 4ème Doctor Who, Tom Baker], avec un scénario brillamment construit. "The Three Doctors" [ndlr: un volume spécial diffusé fin 1972/début 1973 et réunissant les 3 premières incarnations du Doctor: William Hartnell, Patrick Troughton et Jon Pertwee] me fait énormément rire, le script est hilarant. Je pense aussi à "City of Death" [ndlr: un "serial" de 1979 avec Tom Baker et situé à Paris] , un serial fantastique et très marrant. Le travail réalisé par le scénariste Robert Holmes [ndlr: ce scénariste a notamment signé le volume "The Trial of a Time Lord" avec Colin Baker, le 6ème Doctor] est brillant ! "Day of the Daleks" [ndlr: le serial a été diffusé début 1972 et a pour héros Jon Pertwee, le 3ème Doctor] est excellent. Je pourrais en citer encore, j'adore sincèrement cette série. Il y a beaucoup d'épisodes que j'oublie et que je pourrais probablement citer !
AlloCine: Est-ce que le "Doctor" qui revient en 2005 est différent de celui qui a quitté l'antenne 1989 ?
Steven Moffat : Selon moi, il n'y a aucune différence ! Des ses débuts à aujourd'hui, c'est profondément la même série. Les seules variations résident peut-être dans le rythme des épisodes et dans l'"esprit" de l'époque à laquelle elle est diffusée. A part le fait que les épisodes font désormais 45 minutes [ndlr: la série originale était composée d'épisodes de 22 minutes] et qu'il s'agit principalement d'épisodes à intrigues fermées [ndlr: au lieu des "serials" de 4 ou 5 épisodes par exemple], il n'y a pas vraiment de différence. Au fond, c'est la même série. Peut-être est-elle devenue plus émotionnelle mais... c'est un mouvement général de la télévision. En fait, c'est moins le Doctor que la télévision dans son ensemble qui a changé. Et il a toujours su s'adapter aux mutations du paysage télévisuel. L'ancienne série ne pourrait pas être diffusée à la télévision de nos jours. Nous n'avons pas un gros budget mais il est comparativement plus important que celui de la série originale. Et le Seigneur du Temps est aujourd'hui aux mains de gens qui ont grandi avec lui et qui l'aiment profondément. Cela n'avait jamais été le cas auparavant, ou peut-être juste à la toute fin de la série originale. Tous les gens qui travaillent dessus se sentent privilégiés.
Série :
Doctor Who
Saison 6
La 6ème saison a démarré le 23 avril 2011 avec un double épisode "The Impossible Astronaut / Day of the Moon". Il s'agit de la seconde saison dirigée par Steven Moffat, qui a succédé à Russell T. Davies dans la chaise du showrunner en 2010.
AlloCine: La saison 6 a démarré cette année. Elle est sombre, complexe. Vous faites confiance aux téléspectateurs et, surtout, aux fans. Les références aux événements antérieurs sont nombreuses, ce qui la rend sans doute moins accessible. Il était temps de passer à une vitesse supérieure du point de vue de la mythologie ?
Steven Moffat : Nous n'avons rien décidé consciemment. Tout d'abord, nous avions toujours prévu de raconter, à un moment ou à un autre, la "vraie" histoire de River Song [ndlr: interprétée par Alex Kingston]. Cette heure était venue ! Cet arc narratif ne pouvait pas être simple à raconter. D'un autre côté, il fallait prolonger l'histoire d'Amy et Rory. Nous ne pouvions que continuer dans cette voie, sans revenir en arrière, sans donner d'explications. En Angleterre, et au sein de notre équipe, nous avons peut-être simplement compris, ou pris conscience, que les gens regardent la série ! Tout simplement. Ils savent de quoi nous parlons, se souviennent de ce que nous avons raconté. Alors pourquoi ne pas simplement partir de cette base ? J'ai aussi rencontré quelqu'un qui a débuté la série avec "The Impossible Astronaut" [ndlr: le premier épisode de la saison 6] et il n'a eu aucun mal à comprendre où il était (rires) ! Donc je dois en conclure que rien n'est jamais aussi simple au final ! Mais tout comprendre à partir de cet épisode me parait vraiment étrange (rires) ! Ce n'était pas une décision réfléchie ou consciente. Et puis juste après les 2 premiers épisodes, vous avez cet épisode fantastique avec les pirates [ndlr: "The Curse of the Black Spot", Saison 6, épisode 3] qui est d'une simplicité désarmante et juste du pur plaisir de téléspectateur !
Série :
Sherlock
Co-créé avec Mark Gatiss, cette nouvelle variation autour du héros imaginé par Sir Arthur Conan Doyle a été lancée en juillet 2010 par la BBC. La seconde saison est actuellement en tournage.
AlloCine: En quoi le pilote que vous avez tourné est différent du premier épisode diffusé ?
Steven Moffat : Il raconte la même histoire, avec le chauffeur de taxi... mais sur une durée de 52 minutes. Le pilote ne mentionne pas non plus Mycroft et Moriarty. Au final, je dirais que le pilote est globalement plus rapide et que son style visuel n'est peut-être pas aussi fouillé. L'épisode diffusé est simplement meilleur (rires) ! Nous étions satisfaits de ce pilote mais, à bien y regarder, il est objectivement plus "primaire" ! Si vous l'aviez vu, vous seriez malgré tout arrivé à la même conclusion: c'est une très bonne série (rires) ! Voilà, basiquement, c'est la même histoire mais l'épisode diffusé est globalement bien meilleur !
Propos recueillis par Thomas Destouches le samedi 2 jullet 2011 lors du Comic Con' Paris
Remerciements à Alain Carrazé, Romain Nigita et Christelle Pavard
