ATTENTION SPOILERS SUR LA SAISON 2 !
AlloCiné : Qu'est-ce que ça fait de réduire en miettes, à coups de batte de baseball, une voiture, comme vous le faites dans un épisode de la saison 2 ?
Archie Panjabi : De vous à moi, j'ai adoré ça ! (rires) C'était très bizarre. J'étais vraiment très étonnée en lisant le script. Je trouve que la scène est très réussie, surtout grâce à la musique qui a été choisie pour l'accompagner. Le public l'a particulièrement bien accueillie.
Vous étiez-vous entraînée ? Je suppose que ce n'est pas quelque chose que vous avez l'habitude de faire...
Non, pas vraiment ! (rires) Nous avons répété la scène plusieurs fois puis nous l'avons tournée. Je crois qu'une vingtaine de prises ont été nécessaires. Au départ, je ne réussissais pas à casser les fenêtres de la voiture. C'était parce qu'il y avait trop d'air à l'intérieur. C'était épuisant en tous cas !
La sexualité de Kalinda est un des plus grands mystères de la série. Saviez-vous, en acceptant le rôle, que cela allait prendre autant d'importance ?
Je savais dès le départ que l'on en parlerait mais rien n'était encore vraiment fixé. C'était une idée... Ca ne m'a évidemment pas dérangé mais je ne voulais pas trop en savoir afin de ne pas influencer mon jeu. J'aimais garder ce mystère, comme les téléspectateurs. Je ne voulais pas non plus qu'on ne la définisse qu'à travers sa sexualité. Ce n'est finalement qu'une petite partie de ce qu'elle est et de ce qu'elle représente.
Le fait qu'elle soit d'origine indienne n'est jamais vraiment évoqué. Est-ce là aussi une manière d'éviter de la rentrer dans une case ?
Oui. Ca ne la définit pas. Elle est comme ça, c'est ainsi. Mais son origine n'a pas réellement d'importance.
Y'a-t-il eu des pressions de la part de CBS à propos de sa sexualité ? On se souvient qu'en saison 1, elle embrassait une femme mais la caméra évitait soigneusement de le montrer à l'écran...
Pas du tout. Ils ont aimé l'idée, nous ont soutenu et ils ont eu le sentiment que c'était le bon moment de traiter le sujet. La série se doit de coller un maximum à la réalité de la vie des gens.
Au fil des épisodes de la saison 2, on en montre davantage d'ailleurs...
Oui, on fait notamment la connaissance de deux de ses anciennes partenaires. Je suis très satisfaite de la façon dont sa sexualité a été traitée jusqu'ici. Robert King et Michelle King, les créateurs, ont utilisé cette caractéristique pour explorer son rapport aux autres, son passé... et ils l'ont fait de manière subtile, sans sensationnalisme, ce qui était le piège dans lequel il était facile de tomber. Il reste de toute façon encore des tas de choses à découvrir sur elle. Ce sera l'un des grands arcs de la saison 3.
Mais vous-même, vous connaissez déjà certains détails de son passé que le téléspectateur, lui, ne connaît pas encore ?
Très peu. Je ne suis pas certaine que les scénaristes le sachent eux-mêmes à vrai dire. C'est ça la magie de la télévision. Rien n'est jamais gravé dans le marbre, tout est flexible, tout peut changer.
Le look de Kalinda est très travaillé. Elle porte toujours des vêtements serrés, de couleurs foncées, du cuir souvent, des bottes... C'est à la fois strict et sexy, très féminin. Jusqu'à quel point son look refléte-t-il sa personnalité ?
Il y a une sorte de force animale en elle, qu'elle retient serrée dans ses vêtements. On voit très peu sa peau finalement car ils sont son armure. Elle se cache derrière eux car elle ne veut rien dire sur elle, ils la protègent. Elles ne détachent jamais ses cheveux non plus, par exemple. Elle ne cherche pas particulièrement à se mettre en valeur. Ca ne l'intéresse pas.
Elle use malgré tout un peu de ses charmes aussi dans certaines situations...
Disons que c'est une femme moderne qui veut se sentir à l'aise avec ce qu'elle porte, tout en étant jolie. Elle a trouvé le juste milieu qui lui permet de montrer qu'elle a confiance en elle sans être trop sexy non plus. Elle ne veut pas trop attirer l'attention, d'autant que son métier requiert souvent une certaine discrétion.
Est-ce que vous diriez que "The Good Wife" est une série féministe ?
Disons que la série est surtout centrée sur trois figures féminines fortes, emblématiques, modernes. Mais les hommes ne sont pas en reste et ils prennent de plus en plus de place dans la saison 2. Cary notamment. Et ça continuera en saison 3. La balance est en train de se rééquilibrer à mon sens.
La série va changer de case et d'horaire la saison prochaine, passant du mardi 22h au dimanche 21h. Comment avez-vous pris la nouvelle ?
Très bien. Cela nous ajoute un peu de pression bien sûr, mais on en a toujours quoi qu'il arrive. Notre sort est entre les mains des téléspectateurs de toute façon. Comme toujours. CBS a pensé que c'était un bon choix. Ils ont certainement de bonnes raisons de penser cela. Quant à la concurrence... il y en a toujours beaucoup, dans cette case ou dans une autre.
Cela va-t-il avoir un impact sur le contenu de la série ?
Je ne pense pas. The Good Wife ne fonctionne pas comme d'autres séries où l'on peut préparer son thé et faire je ne sais quoi d'autre en même temps. Elle requiert une attention permanente tant il se passe de choses. Peut-être que les téléspectateurs seront plus enclin à se concentrer un dimanche soir que tard un soir de la semaine.
Vous avez remporté un Emmy l'année dernière pour votre rôle dans la série. J'imagine que vous ne vous y attendiez pas...
Non, vraiment pas. C'est un grand honneur. Je ne sais pas ce que ma carrière me réserve dans les années futures mais je sais que ce trophée-là, on ne pourra pas me l'enlever.
Prête à en gagner un deuxième cette année ?
Je suis déjà ravie de l'avoir eu une fois. Je préfère le laisser aux autres. Ce n'est vraiment pas quelque chose qui me tracasse pour tout dire.
Qu'est-ce que vous aimeriez que les scénaristes explorent en saison 3 au sujet de Kalinda ?
J'espère qu'ils continueront de développer sa relation avec Cary, que je trouve vraiment prometteuse. J'ignore si Alicia et Kalinda retrouveront leur entente des débuts, je ne suis pas certaine que cela soit même envisageable, mais je l'espère.
Propos recueillis par Jean-Maxime Renault lors du 51ème Festival de Télévision de Monte Carlo 2011