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De quoi ça parle ?
Une petite troupe emmenée par un juge, un commissaire et un médecin recherche le corps d'un homme assassiné dans la steppe (et la nuit) anatolienne. Mais les suspects ne se montrent pas vraiment coopératifs...
Le réalisateur
Habitué de la sélection officielle et de Cannes (son premier court métrage fut déjà présenté sur la Croisette), Nuri Bilge Ceylan a remporté le Grand prix en 2003 pour Uzak (dont les deux acteurs furent également distingués par le prix d'interprétation), ainsi que le Prix de la mise en scène en 2008 (Les Trois singes). Entretemps, il s'était mis en scène au côté de son épouse Ebru dans Les Climats (sélection officielle - compétition 2006). A noter, Once Upon a Time in Anatolia s'inspire d'une histoire vraie (pour ce qui est de la recherche du corps) ensuite largement fictionnalisée, anecdote entendue par l'un des scénaristes du film, qui exerce comme médecin dans la ville ici représentée.
Que retenir ?
Plus riche en dialogues/personnages que les précédents films de Ceylan et toujours aussi beau visuellement parlant, Once Upon a Time in Anatolia pâtit un tantinet de sa programmation en fin de festival... mais c'est aussi un peu sa faute. Film le plus long de la compétition, ce long (et lent) métrage de 2h37 (pas une durée exceptionnelle, mais il y a de quoi tailler) est sans doute difficile à juger à sa juste valeur pour une presse éreintée et plus forcément lucide - espérons que le jury soit plus frais. En contemplant ce portrait d'une humanité anatolienne alternativement (ou simultanément) tragique et grotesque, l'épopée bureaucratique du médecin, du criminel, du juge et du commissaire, on se dit d'abord (et avec une pointe de mauvaise conscience) qu'outre la question de sa date de projection tardive, le film aurait peut-être gagné à perdre une petite vingtaine de minutes en durée et le cinéaste à se restreindre, puisqu'il est tout de même surprenant d'être à la fois subjugué par la splendeur de la photo, des plans (le peintre Ceylan filme aussi bien les paysages que les visages, et les visages comme des paysages), la subtilité, l'universalité du scénario ou l'intensité du jeu des acteurs... et de regarder régulièrement sa montre.
Sans doute faudra-t-il attendre sa sortie en salles pour entendre ou porter des jugements définitifs sur cette oeuvre en deux actes (nocturne et diurne) traversée par des instants de grâce, dont la réelle compréhension advient aussi progressivement que le passage de la nuit à la lumière (incarnation), et dont la beauté plastique ne doit pas faire oublier qu'elle a surtout la puissance et le souffle d'un grand roman (l'auteur, fervent lecteur, emprunte d'ailleurs à Tchekhov). S'il reste aisément caricaturable, Once Upon a Time in Anatolia est très probablement l'un des films les plus importants passés par la Croisette cette année, l'un des rares à élever son spectateur au rang de lecteur, à le laisser construire du sens, mais il est bien possible que son public cannois, repu, ne s'en soit pas tout à fait aperçu, et ne lui en soit pas plus reconnaissant que ne l'ont été certains (heureusement minoritaires) avec le Malick. Il faut le répéter, Ceylan est un éblouissant cinéaste, à nul autre pareil ; demande-t-on sans honte à un pareil auteur de faire plus court, de ne pas laisser respirer son oeuvre ? En s'avançant un peu, puisqu'on se rapproche de la cérémonie de clôture, un Prix du scénario et un Prix d'interprétation masculine ne seraient pas un scandale, loin de là, pour ce "Il était une fois..." pas comme les autres. Mais comme cela a semblé long...
LA scène
Difficile d'en retenir une en particulier, tant les scènes sont étirées. Mais celle qui voit la jeune paysanne apporter le thé à ses invités d'un soir (la beauté d'un tableau, "La jeune fille à la lampe") redonne son sens plein au terme "apparition".
En bref...
Sélection officielle – en compétition (voir la sélection complète)
Réalisé par Nuri Bilge Ceylan– Avec Yılmaz Erdoğan , Taner Birsel, Ahmet Mümtaz Taylan…
Tout sur le film
La bande-annonce
Alexis Geng