AlloCiné : Quelle a été votre première expérience marquante en tant que comédien ?
David McCallum: Je jouais le prince dans « King John » de Shakespeare et j’ai réalisé à ce moment là que j’étais très heureux sur scène. J’étais un enfant timide, et quand on permet à un enfant comme moi d’évoluer dans un milieu sécurisé, où les gens vous aiment, on se sent comme à la maison, on n’a plus aucun souci.
Et vous avez aussi beaucoup étudié la musique…
David McCallum:Oui je me suis retrouvé à jouer dans un orchestre philarmonique et j’en étais absolument incapable, j’étais perdu, c’était terrifiant et je me suis rendu compte que ce n’était pas l’endroit où je devais être. J’ai continué un peu mais avec un instrument de musique, il est nécessaire de beaucoup pratiquer. Il faut beaucoup de discipline. Donc je me suis tourné vers le théâtre.
Est-ce vrai que vous êtes l’un des premiers comédiens britanniques à avoir étudié « La Méthode » de Lee Strasberg (NDLR : technique d’interprétation dans laquelle l’acteur doit puiser dans ses propres émotions)?
David McCallum: Non, pas celle Lee Strasberg. J’étais à l’Oxford Playhouse avec de nombreux acteurs britanniques très talentueux quand « La Méthode » de Lee Strasberg est apparue. Et en réaction, nous avons décidé de créer notre propre méthode, que nous avons appelée Dotem et il y avait trois règles : Apprends ton texte, Parle clairement et Sois toujours à ton avantage (rires). Et donc nous nous moquions de « La Méthode ». C’était quelque chose de merveilleux pour beaucoup d’acteurs, mais nous trouvions ça ridicule. On ne pouvait pas faire ça sur scène.
Vous êtes né en Ecosse et avez vécu en Angleterre. Pourquoi êtes vous parti vous installer aux Etats-Unis ?
David McCallum:J’ai quitté l’Angleterre quand le gouvernement est devenu socialiste. J’ai toujours appartenu au mouvement conservateur et je me sens plus indépendant aux Etats-Unis, malgré tout ce qui a pu se passer dernièrement. Ma mère avait même voté socialiste et quand je lui ai demandé pourquoi, elle m’a expliqué qu’elle aimait le changement. Je n’ai pas pu supporter ça et je suis parti pour le Grand Ouest.
En 1963, vous avez fait partie du casting de « La Grande Evasion », qui, avec le recul, a un peu des allures de blockbusters pour l’époque. L’avez-vous ressenti de cette manière ?
David McCallum:Oui absolument. Je me souviens du moment où, avec toute l’équipe, nous avons vu le film pour la première fois. Il y avait une foule immense, beaucoup de photographes et nous nous sommes assis, le rideau s’est ouvert et c’était un grand spectacle merveilleux.
Puis vous avez tenu l’un des deux rôles principaux de la série « Des Agents très spéciaux » où vous jouiez un espion russe. Il est d’ailleurs parfois fait référence à la série dans "NCIS"…
David McCallum:Oui et je déteste ça !
Vraiment ?
David McCallum:Oui, les gens adorent la fameuse réplique de Gibbs quand on lui demande à quoi ressemblait Ducky quand il était jeune et qu’il répond « A Illya Kuryakin » (NDLR : le personnage joué par David McCallum dans Des agents très spéciaux). Je n’aime pas trop quand on mélange tout.
Comment vous étiez-vous retrouvé à jouer un espion russe ?
David McCallum:(NDLR : avec un accent russe) C’était pendant la guerre froide. C’était une toute autre époque et les relations avec les russes n’étaient pas au beau fixe pour les Etats-Unis. Je suis tombé récemment sur un épisode, dans lequel jouait mon ex-femme, et j’ai eu l’impression de regarder un très très vieux film.
Steven Soderbergh serait actuellement en train de développer un remake de la série au cinéma. En avez-vous entendu parler ?
David McCallum:Tout ce que je sais, c’est qu’il n’est pas le premier à vouloir adapter la série. On avait d’ailleurs parlé à un moment de Quentin Tarantino. Mais ça ne se fait jamais. Et j’ai l’impression que Des agents très spéciaux était un peu la première série de ce genre, avec un duo d’espions, le contexte politique, les Etats-Unis contre l’URSS. Mais depuis, ce modèle a été pris et repris de manière beaucoup plus intéressante à la télévision et au cinéma et je pense qu’il serait très difficile de refaire la série aujourd’hui.
Qui verriez-vous bien reprendre votre rôle ?
David McCallum:J’ai entendu que George Clooney était sur les rangs, et je trouve ça très drôle.
Pour "NCIS", vous avez fait beaucoup de recherches pour vous préparer au rôle…
David McCallum:Oui, j’ai suivi un médecin légiste au début. Je ne l’ai pas fait récemment parce que ce qui compte vraiment c’est de voir comment ils se comportent avec les corps. Ce n’est pas comme les chirurgiens avec leurs scalpels. Et j’ai vraiment étudié ça, pour que ça ait l’air aussi vrai que possible.
Est-ce vrai que vous pouvez-vous-même pratiquer une autopsie ?
David McCallum:Je peux faire les incisions, découper la peau, mais ce n’est qu’une infime partie de l’opération. Les professionnels sont capables d’extraire un cœur, ils connaissent toutes les ramifications internes et sont capables de dire en regardant les nécroses quelles en sont les causes directes. J’en suis incapable.
Puisqu’on parle de mort, il y a longtemps qu’un personnage important n’est pas mort dans la série. Doit-on s’attendre à un événement de la sorte prochainement ?
David McCallum:Je ne sais pas, j’ai fini de tourner récemment et j’ai complètement oublié ce qu’il se passait!
Vous avez tournée un épisode avec Bob Newhart dans la saison 8 (NDLR : épisode "Recruited"), qui était très émouvant …
David McCallum:C’est un homme adorable et c’était fantastique de pouvoir jouer avec lui.
Et dans cet épisode, il est beaucoup question de Ducky. Est-ce important pour vous que les scénaristes essayent de plus développer votre personnage ?
David McCallum:J’aime que les auteurs se sentent complètement libres et s’ils décident de creuser le personnage de Ducky avec de nouvelles histoires, je suis ravi d’en découvrir plus sur lui. Je ne veux pas m’imposer à ce niveau là, j’attends leurs idées et ce sont toujours des histoires formidables.
Savez-vous s’il y aura bientôt un autre épisode plus centré sur Ducky ?
David McCallum:Il pourrait avoir un enfant ! (rires) J’aimerais beaucoup qu’une jeune femme de 23ans débarque un jour dans la salle d’autopsie et déclare à Ducky qu’elle est sa petite fille. J’aimerais que quelque chose de bizarre comme ça arrive. Mais je ne sais pas du tout.
Et qu’en est-il de la vie sentimentale de Ducky ? Cela fait longtemps que nous n’avons pas vu le docteur Jordan Hampton…
David McCallum:Non, je ne crois vraiment pas qu’ils aient l’intention de la faire revenir.
La relation entre Ducky et Mr. Palmer est amusante. Est-ce une soupape bienvenue dans toutes ces scènes qui se déroulent dans la morgue ?
David McCallum:Oui j’aime beaucoup ces scènes, qui sont plus légères. Et je pense qu’il est important d’insister sur le fait que Mr Palmer est l’assistant de Ducky depuis longtemps maintenant. Il est quasiment devenu un expert lui aussi. Et c’est un peu comme si l’élève avait dépassé le maître, il en sait presque plus que Ducky parfois et c’est une dynamique intéressante qu’ils commencent à introduire dans la série.
Qu’est ce qui rend selon vous Ducky si attachant ? Est-ce le fait qu’il soit aussi attentif aux autres ?
David McCallum:Ducky est attachant parce que c’est moi qui le joue! En général, c’est toujours merveilleux d’avoir quelqu’un à qui parler, à qui se confier et Ducky est quelqu’un comme ça. Il est accessible et ne porte pas de jugements sur les autres. Il est toujours prêt à faire tout ce qu’il peut pour aider. Nous devrions tous être plus comme lui.
Propos recueillis par Maud Lorgeray le 10mai 2011.