Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof en Sélection officielle à Cannes ! Les deux cinéastes iraniens, actuellement sous le coup d’une procédure judiciaire dans leur pays qui leur vaut une condamnation à six ans de prison et une interdiction de travailler de vingt ans envers laquelle ils ont fait appel, seront présents à Cannes avec deux films, In Film Nist (Ceci n'est pas un film) et Bé Omid é Didar (Au revoir), réalisés dans des conditions semi-clandestines et parvenus au Festival ces derniers jours. Jafar Panahi Panahi, dans un message adressé jeudi au festival, déclare que "le fait d’être en vie et le rêve de garder le cinéma iranien intact nous encourage à dépasser les restrictions actuelles qui nous sont faites. Nos problèmes sont nos fortunes. La compréhension de ce paradoxe prometteur nous invite à ne pas perdre l’espoir et à poursuivre notre chemin. Les problèmes plus ou moins sérieux persistent partout dans le monde ; cependant, notre devoir nous incite à ne point céder et à chercher des solutions."
Dévoilés en Séance spéciale et au Certain Regard
In Film Nist (Ceci n'est pas un film) de Jafar Panahi et Mojtaba Mirtahmasb, est sélectionné en Séance spéciale. Ce film raconte comment, depuis des mois, Jafar Panahi est en attente du verdict de la cour d’appel. Au travers la représentation d’une journée de sa vie quotidienne, Jafar Panahi et un autre cinéaste iranien, Mojtaba Mirtahmasb (réalisateur de documentaire et ancien assistant-réalisateur), nous proposent un aperçu de la situation actuelle du cinéma iranien. Quant au long métrage de Mohammad Rasoulof, intitulé Bé Omid é Didar (Au revoir), il est sélectionné au Certain Regard. Il raconte l’histoire d’une jeune avocate de Téhéran en quête d’un visa lui permettant de quitter le pays. Le cinéaste l’a réalisé au cours de l’hiver 2010/2011.
Un "acte de courage en même temps qu'un merveilleux message artistique"
Dans un communiqué commun, Gilles Jacob et Thierry Frémaux déclarent : "Le film de Mohammad Rasoulof et les conditions dans lesquelles il a été fait, et ce journal de bord de Jafar Panahi des jours de sa vie d’artiste interdit de travailler, sont par leur existence même une résistance à la condamnation qui les frappe. Qu’ils les adressent à Cannes, en même temps, la même année, alors qu’ils connaissent le même sort, est un acte de courage en même temps qu’un merveilleux message artistique. Cannes est l’institution internationale qui les protège et les professionnels du cinéma venant du monde entier et réunis sur la Croisette s’uniront, nous en sommes sûrs, en une sorte de communauté fraternelle allant de soi."
Clément Cuyer avec le Festival de Cannes