Le 22 février dernier paraissait dans le quotidien Libération une tribune intitulée "Il faut sauver le cinéma européen" et signée par les plus grands noms du 7e art, de Ken Loach à Bertrand Tavernier en passant par Wim Wenders. Motif de leur inquiétude ? L'avenir du programme Media, une structure de soutien au cinéma européen, qui vient de fêter ses 20 ans. Présent sur plusieurs fronts (production, formation, préservation du patrimoine...), le programme Media offre surtout une aide financière précieuse aux exploitants et aux distributeurs, visant à favoriser la circulation des films européens hors de leurs frontières nationales. Si une suppression du programme ne semble pas à l'ordre du jour, les professionnels redoutent que, pour des questions budgétaires, Media soit dissous dans une structure plus vaste, ce qui se traduirait par une réduction de son enveloppe et pourrait nuire à son efficacité -qui, au fil des années, ne s'est pas démentie.
Face à une mobilisation croissante du monde du cinéma, la commissaire européenne à la culture Androula Vassilou se veut apaisante. " La diversification possible des sources de financement du programme Media n’a aucune raison de se traduire par la négation de ce même programme", promet-elle aux signataires de la pétition, dans une tribune publiée le 7 mars dans Libération, et intitulée : "Non, L'Europe n'abandonne pas ses cinéastes". Sur leur site, les cinéastes de l'ARP (Association de Réalisateurs Producteurs) se disent "rassurés" par cette réponse, mais ils "resteront toutefois vigilants tant qu’aucune déclaration sur l’indépendance du programme ne sera clairement prononcée". Le dialogue se poursuivra le 17 mars prochain : ce jour-là, le président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso recevra une délégation de cinéastes, qui insisteront certainement sur leur volonté de "préserver la spécificité du mode particulier de production, de distribution et d’exploitation des œuvres cinématographiques et audiovisuelles et l’organisation d’un système d’aides européennes parfaitement adapté depuis vingt ans à son industrie".
Julien Dokhan