AlloCiné : comment est né le projet "Blast from the 80's" ? Tout part de votre site consacré aux "Goonies" ?
Vincent : Le projet nous a traversé l’esprit pour la première fois mi-2009, aux détours d'une conversation que nous avions sur MSN concernant ce que nous pouvions faire en juin 2010 pour la convention organisée à l’occasion des 25 ans du film Les Goonies. Nous nous sommes dis qu'en allant à Astoria et d'autres villes américaines pour voir des lieux de tournage, nous pourrions tout filmer et en faire un documentaire par la suite... A cette période de juillet/aout 2009, tout était encore très vague, mais à partir de janvier 2010 nous avons vraiment pris le projet au sérieux et nous avons commencé le tournage dès le mois de juin.
Fred : Et puis avant de se lancer, on a cherché sur le net, et on a vu qu'il y avait pas mal de vidéos de ce genre, ainsi qu'une certaine demande. A la base de notre idée, il n'y avait qu'un seul documentaire. Aujourd'hui nous pensons vraiment à une série. L'idée a vraiment évoluée petit à petit, tout s'est imposé un peu tout seul, comme si c'était quelque chose que l'on devait faire ! Pour le site sur Les Goonies, je ne peux pas dire qu'il en soit l’origine, mais ça a contribué à la genèse du projet ! La convention des 25 ans, avec la venue des acteurs, a été quelque chose de très motivant pour nous. Il fallait y aller, mais avec un projet sérieux derrière. J'ajoute également que le projet ne "décolle" vraiment que depuis début janvier, grâce à la diffusion de notre teaser sur le net. Cela nous a apporté beaucoup de positif car on ne savait pas trop si notre idée allait plaire aux gens. Et ce fut le cas. (...) Avec ce projet, on a rencontré pas mal de freins, de gens qui démotivent, ne croient pas au projet... On se rendait compte que c'était quelque chose de quasiment impossible à faire en n’étant "personne". Mais on ne s'est jamais découragé, on a ce rêve, il faut le réaliser. Comme disait Walt Disney : "Pour réaliser une chose vraiment extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez d'un trait jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager".
Comment le projet va t-il se "matérialiser" ? S'agit-il de documentaires pour le web ? Pour la télé ? Pour le cinéma même ? Y'a t-il yne date de finalisation/diffusion prévue ?
Fred : Le but serait une série de documentaires télé. Chaque "épisode" durerait 26 minutes, et un film serait traité par épisode. Le rêve serait également une diffusion ciné, avec des émissions spéciales trilogies (Retour vers le futur, Star Wars, Indiana Jones...).
Vincent : Concernant les dates, nous n'avons aucune idée arrêtée pour le moment vu que nous n'en sommes qu'à la phase de recherche de producteurs. Mais sachant tout ce qu'il reste encore à tourner, je pense qu'une date de diffusion n'est pas envisageable avant fin 2012.
Quels films seront abordés ? Sous quelle forme ?
Vincent : Environ 27 films seront abordés, comme les Indiana Jones, Retour vers le futur, S.O.S. Fantômes, Les Goonies, Gremlins, Beetlejuice, Star Wars, Labyrinthe, Blade Runner, E.T. l'extra-terrestre, Chérie, j'ai rétréci les gosses, Big,...
Fred : Comme dit précédemment, ce serait donc une série. Ce sera présenté du point de vue de Vincent et moi, c'est à dire deux fans à la rencontre de leurs rêves. L'ensemble sera assez vivant et comprendra pas mal d'humour avec également des séquences de making-of ! Dans chaque épisode vous verrez les lieux de tournage des films avec un comparatif "avant - après", mais également avec des angles bonus. Il y aura également des interviews d'acteurs, réalisateurs, maquilleurs FX, compositeurs de musique de films, etc... Vous pourrez aussi voir des interviews de fans, car c'est finalement grâce à eux que les films sont toujours présents dans l'esprit des gens, et nous aurons une partie "musée" avec une présentation d'objets originaux de tournage. Le tout sera vraiment un gros hommage au cinéma des années 80 et à leurs auteurs.
Quels lieux avez-vous visité ? Quels talents (comédiens, réalisateurs ou autres) ont accepté de participer à cette aventure et d'y témoigner ? A-t-il été facile de les convaincre ?
Fred : Nous avons pu visiter les lieux des Goonies à Astoria dans l'Oregon, S.O.S. Fantômes à Manhattan, Labyrinthe dans des petites villes de l'Etat de New York, Beetlejuice dans un village du Vermont, et faute de temps, juste une partie de Big. Pour la suite de l'aventure, nous retournerons aux USA pendant plusieurs mois puis nous nous rendrons à Hawaï, en Angleterre, en Tunisie, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Egypte, en Jordanie, au Sri Lanka et nous avons même une petite étape en France !
Vincent : Pour le moment nous n'avons pas encore contacté grand monde, on attendait d'avoir notre teaser et un site en ligne avec un blog comportant quelques articles. Mais nous avons déjà tout un petit réseau qui accepte de participer, aussi bien des acteurs, réalisateurs, que des gens des effets spéciaux, des maquettistes et autres ! Tout cela est en partie grâce à FaceBook qui est très utile pour nous. Pour les convaincre c'était en effet parfois difficile, comme nous n'avions rien à montrer. Mais une fois le premier voyage de juin effectué, nous avions quelques images !
Est-ce une aventure "amateur" qui a pris une dimension professionnelle, ou aviez-vous l'intention dès le départ de lui donner une telle ampleur ? Quel est le budget d'un tel périple ?
Fred : Dès le départ, nous voulions nous lancer dans une aventure professionnelle, mais nous ne disposions que d'un mini budget d'environ 3000 euros chacun. Cela nous a juste servi pour notre périple d'un mois en juin pour filmer le teaser et nous mettre en conditions... Et nous étions sacrément à découvert à notre retour ! Trouver un producteur est donc impéryif pour pouvoir continuer cette aventure, car nous estimons le budget à environ 100 000 €. Cela comprend pas mal de matériel supplémentaire, et tous les frais de transport et hébergement pour notre petite équipe (équipe qui comprend un autre ami passionné, Farid Necib, qui sera notre chef-opérateur) pendant six mois de tournage autour du globe. Bien entendu, il faudra probablement rajouter un peu plus s'il nous faut payer certains acteurs, les droits de certains films et les autorisations de tournages qui ne sont pas toujours gratuites.
Les documentaires toucheront évidemment les nostalgeeks, mais pensez-vous qu'ils puissent trouver écho chez la génération "Matrix / Transformers / Twilight" ?
Fred : Honnêtement on en doute. Nous ciblons principalement les nostalgiques pour leur faire retrouver leur enfance/adolescence, les faire rêver. Ce sont donc des gens qui ont un minimum de 20-25ans. Après si on donne l'envie à la "nouvelle génération" de voir tous ces films, ce serait génial !
Pourquoi cette passion pour le cinéma des années 80 : qu'a-t-il de particulier à vos yeux ?
Vincent : J'ai grandi dans les 90's mais les films magiques des 80's sont pour moi les meilleurs, à l'époque beaucoup de films faisaient rêver, ce qui n'est plus le cas d'aujourd'hui...
Fred : Un peu pour la même raison que Vincent. Quand je vais au cinéma c'est pour passer un moment à rêver, à sortir de la salle en me posant 1001 questions, à repenser au film chez moi et à crever d'impatience à l'idée de le revoir ! Dans les années 80, je trouve qu'on vendait du rêve... après c'est peut-être parce que je cible un cinéma bien précis, mais je trouve que ce style là était plus fréquent et était encore présent au début des années 90. J'ai vraiment grandi avec tous ces films à mes côtés que j'ai pu regarder des centaines de fois chacun. Je collectionne beaucoup et m'entoure de tout cet univers dans mon quotidien : j'écoute de la musique de films, m'habille souvent avec des vêtements de films de l'époque... Je m'immerge dans ma passion et c’est pour moi un moteur au quotidien. Le cinéma d'aujourd'hui ne me procure plus tout cela. Mis à part la musique de film qui évolue d'une façon qui me plaît beaucoup, au cinéma je trouve qu'on stagne, qu'on ne fait plus vraiment rêver les gens. Aujourd'hui ce qui fait vendre un film c'est la violence qu'il contiendra, et le fait de savoir si la dernière actrice à la mode y montre ses seins. Je trouve ça désolant et déprimant. La 3D a également pris une place beaucoup trop importante et je n'aime pas ca du tout... Personnellement, je ne rêve pas en voyant un personnage digital dans un film. Seulement dans un dessin animé car ça reste dans le contexte. Je trouve que la 3D est un recours vers la facilité alors que le rendu n'est pas forcément extraordinaire. Je rêve 100 fois plus devant un E.T. ou un Yoda tout simplement car ils sont réels, et avec un vrai travail en amont. D'autant plus qu'on sent vraiment le jeu des acteurs. Je suis sûr que la plupart d'entre vous ont pleuré devant E.T. l'extra-terrestre, quand on voit le petit Elliot qui croit que son ami est mort. Je ne pense pas que la scène aurait été si émouvante avec un personnage en 3D. J'aime les années 80 pour tout ça, tout était réel...
Votre Top 5 parmi les films des années 80 ?
Vincent : S.O.S. Fantômes, Beetlejuice, Goonies, E.T. l'extra-terrestre, Star Wars.
Fred : Goonies, Beetlejuice, Indiana Jones, E.T. l'extra-terrestre, Labyrinthe.
Votre meilleur souvenir de tournage ? Dormir dans la maison des Goonies ou la visite de la caserne des Ghostbusters ?
Vincent : Il est très difficile de répondre à cette question mais je pense plutôt aux nuits passées dans la maison des Goonies car c’était pour moi quasiment irréalisable en tant que fan !
Fred : Idem, on a eu la chance de dormir dans la maison des Goonies pendant une semaine. C'était vraiment un rêve et quelque chose que je pensais impossible il y a encore quelques années. Tous les matins on se levait et on avait du mal à réaliser qu'on était dans la maison de Mikey ! Je garde aussi un excellent souvenir du village d'East Corinth, que l'on voit dans Beetlejuice. Les gens étaient tous tellement gentils et on a pu voir des photos de tournage inédites.
Certains décors vous ont-ils "déçus" ? Il y a parfois un gouffre entre l'imagerie cinéma et la réalité...
Vincent : Seuls trois lieux m'ont un peu déçu : la boutique des MaitLand dans Beetlejuice qui était en très mauvais état pour cause de rénovation, l'extérieur de la bibliothèque que l'on voit au début de S.O.S. Fantômes qui était complètement cachée par des échafaudages et bâchée et le restaurant dans lequel Louis tente de se réfugier après s'être fait poursuivre par un terror dog. Le restaurant était fermé et tout en travaux...
Fred : J'ai été également très déçu du magasin des Maitland... Sinon la maison des Goonies est magnifique mais l'intérieur n'est plus du tout le même (la maison était dans un état lamentable lors de son rachat par la nouvelle propriétaire), ça m'avait un peu déçu la première fois en 2004. Il y a aussi le fait que dans les films, on voit toujours des lieux qui semblent proches d'un plan à l'autre alors qu'il faut parfois traverser un continent pour le plan suivant ! La magie du cinéma...
Une fois la série terminée, envisagez-vous un "Blast from the 90's" ou un "Blast from the 70's" sur les traces de Scorsese et Coppola ? Ou de nouvelles aventures autour des années 80 ?
Fred : Tout d'abord, si “Blast from the 80s” trouve un/des producteur(s) et que ça marche, nous repartirons pour une deuxième “saison”. Nous sommes bien conscients de ne traiter qu'un certain style de films, qui proviennent quasiment tous de l'école de Mr Steven Spielberg. Nous commençons par ceux là car nous les connaissons bien et nous voulons mettre l'accent dessus parce qu’ils nous ont tellement fait rêver. Après nous sommes ouverts à tout, et si les gens veulent voir la même chose sur des films d'horreur, action ou autres, pourquoi pas ! “Blast from the 90s” est déjà en tête et nous allons filmer quelques lieux, comme Jurassic Park, lors de notre prochain voyage ! On a vraiment hâte car il y a également de bons films. Pour les 70s, pourquoi pas, mais ce sera vraiment si il y a de la demande. Pour conclure, on espère vraiment que le projet va plaire aux fans. C'est une aventure que finalement tout le monde peut vivre, sur laquelle nous avons pris des risques mais qui vaut la peine d'être vécue... comme aime dire une amie : "on regrette beaucoup plus ce que l’on n'a pas osé tenter que ce que l’on a raté".
Le site : blastfromthe80s.com
Le blog : blastfromthe80s.com/blog
Participer au projet : http://ulu.ly/g5jQsR