Après deux saisons diffusées l'an passé qui ont remporté l'adhésion du public comme rarement pour une série feuilletonnante diffusée sur le service public, Un Village français est de retour chaque Dimanche soir sur France 3 pour sa saison 3.
28 septembre 41. Depuis juin 41 et l'ouverture du front Russe, les militants communistes s'engagent dans la résistance. A Villeneuve, une opération à laquelle participe Marcel tourne mal et Suzanne est arrêtée par la police française. Pendant ce temps, Raymond Schwartz apprend que le nouveau Kreiskommandant a décidé de rompre le contrat les unissant, ce qui le condamne à la faillite...
Un village... industrialisé
A l'heure où les séries françaises ont toujours beaucoup de mal à s'imposer dans notre paysage audiovisuel, les producteurs d'Un Village français ont compris qu'il fallait à tous prix faire en sorte de fidéliser le public en lui donnant un rendez-vous régulier. C'est pourquoi France 3 a commencé avant même la diffusion de la première saison la production de la deuxième. C'est un cas unique et les séries pouvant proposer une dizaine d'épisodes chaque année sont extrêmement rares, surtout quand elles sont feuilletonnantes comme c'est le cas ici. La saison 4 est d'ores et déjà en cours d'écriture et, quelque soient les audiences de la saison 3, elle verra le jour. Les producteurs l'ont assuré. "Nous voulons être capable d'être présents plusieurs semaines par an à l'antenne. Ce système est également plus confortable pour la logistique du tournage et pour les acteurs". C'est vers ce système d'industrialisation de la fiction que la France doit impérativement se tourner pour évoluer dans le bon sens et convaincre un public de plus en plus exigeant.
Un village... scénarisé
Les méthodes d'écriture de la série sont proches de celles utilisées aux Etats-Unis tradtionnellement : un atelier d'écriture composé de plusieurs scénaristes se réunit en début de saison pour définir les principaux arcs narratifs puis chaque épisode est confié à un auteur qui se charge d'écrire, seul ou avec un autre, chaque scène et chaque dialogue, le tout étant ensuite soumis au scénariste en chef qui peut opérer quelques ré-écritures. Tous les dialogues sont écrits avant le tournage et aucune place n'est accordée à l'improvisation.
Un village... psychologique et historique
Des psychologues ont participé à l'écriture de la série afin d'assurer une cohérence dans le comportement des personnages au fil des saisons, en adéquation avec une cohérence historique assurée par des historiens : "Ils nous ont donné les outils principaux pour travailler les personnages, notre but étant de créer l'empathie, que le public puisse comprendre ce qu'ils ressentent." Un grand soin est également apporté aux costumes et aux décors : "Pour l'anecdote, on nous a fait remarquer un jour que nos héros n'écoutaient quasiment jamais la radio alors que c'était l'activité numéro 1 de l'époque. C'est promis, en saison 3, nous avons fait attention : ils écoutent la radio plus souvent !". D'un point de vue historique, la saison 3 se penchera notamment sur l'antisémitisme latent et permanent, le débat entamé par les communistes et plusieurs épisodes seront consacrés à une prise d'otage au cours de laquelle dix personnes seront exécutées. Pour la première fois, la violence sera véritablement incarnée dans la série.
Un village... remodelé
La saison 3 sera un peu différente des deux premières, d'abord parce qu'elle ne sera pas composée de 6 mais de 12 épisodes. L'objectif est de fidéliser le public sur le plus long terme et cela s'accompagne également d'arcs narratifs plus resserrés et plus nombreux. Certains personnages, comme celui incarné par Nicolas Gob, sont absents des premiers épisodes avant de revenir avec force. D'autres, secondaires dans les deux premières saisons, vont gagner en importance. Il y aura également quelques nouveaux personnages afin de renouveller l'intérêt des téléspectateurs. Le fait que certains personnages ne se croisent jamais et n'ont pas de trajectoire commune est voulu. Cela participe au réalisme de la série et correspond à la notion de "village". Tout le monde ne se connaît pas forcément. Les scénaristes ont également eu davantage recours à des "cliffhangers" de façon à tenir le téléspectateur en haleine entre chaque épisode.
Un village... financé
Un épisode d'Un Village français coûte environ 900 000 Euros (A titre de comparaison, Pigalle, la nuit a coûté à peu près 1 million d'euros par épisode à Canal +). France 3 la finance à hauteur de 800 000. Les fonds restants sont apportés par Orange Cinéma Séries et par les régions où la série est tournée, principalement dans le Limousin et plus précisément dans le Jura : "Certains villages là-bas sont encore ancrés dans la guerre. Certaines façades que l'on voit dans la série sont d'époque".
Un village... international
Pour des raisons de volume, les séries françaises ont beaucoup de mal à se vendre à l'étranger et Un Village français ne fait pas exception. Les pays étrangers souhaitent acheter une cinquantaine voir une centaine d'épisodes d'un coup. Les producteurs de la série espérent atteindre ce chiffre d'abord pour raconter leur histoire jusqu'au bout mais aussi pour pouvoir plus facilement vendre la série. Une projection a déjà eu lieue dans un festival en Italie et l'accueil a été bon. L'idée est de raconter l'histoire du village jusqu'à Noël 1944 et les six mois qui ont suivi la fin de la guerre, peu traités à la télévision, soit cette période de remise en marche du pays pendant laquelle les dégâts ont continué et les amours franco-allemands se sont mutipliés donnant naissance à 100 000 enfants à peu près.
Un village... en chiffres
Il faut environ 60 jours pour tourner 10 épisodes de la série. Le montage des 12 épisodes durent environ cinq semaines. Il y a une douzaine de personnages principaux et trois intrigues différentes par épisode.
Jean-Maxime Renault