AlloCiné: Votre série démarre et elle s'annonce couronnée de succès. Une carrière est faite de hauts et de bas...
Maggie Q: Je réalise que j'ai beaucoup de chance. Vous travaillez très dur pendant des années, une opportunité s'envole, une autre arrive... Et puis un jour, un responsable décide qu'il est temps pour vous de passer à l'étape supérieure. Mais, même dans ce cas, il ne faut pas se tromper, saisir l'opportunité qui se présente, sans garantie de succès au final. J'ai beaucoup travaillé ces dernières années, sans passer régulièrement par la case "commerciale". Les films dans lesquels j'ai joué ne sont pas forcément toujours destinés au public le plus large. J'étais connue dans l'industrie par certaines personnes mais mon nom n'était certainement pas sur toutes les lèvres. Aujourd'hui, j'ai passé ce cap, fait le grand saut dans cette "pop culture" à laquelle j'ai longtemps résistée, parce que cela ne correspondait pas vraiment à ce que j'attendais alors. Mais, je dois avouer honnêtement que le scénario de Nikita m'a convaincu, tout comme les personnes impliquées dans ce projet. Cela ne ressemblait à rien de ce que la CW (ndlr: la chaîne américaine qui diffuse la série) avait fait auparavant. Je ne serais jamais venue sur cette chaîne pour jouer dans une série avec des crêpages de chignons dans tous les sens. Nikita, c'est du solide. N'oubliez pas que je n'avais jamais fait de télévision avant cette série, cela signifie vraiment quelque chose.
Comment vivez-vous cette première expérience télévisuelle justement ?
Le tournage est tellement intense, rapide, sans temps mort. On enchaîne les scènes et les épisodes. Je me reconnais dans cette énergie déployée. Lorsque vous tournez un film, vous perdez beaucoup de temps à attendre. En ce qui concerne Nikita, je me plonge dans le travail, notamment avec les scénaristes, je m'entraîne sans cesse. Je suis toujours occupée. Et j'aime avoir autant de choses à faire, cela me permet conserver et de mettre à profit cette énergie.
Le tournage est plus intense à la télévision qu'au cinéma donc ?
Sur un plateau de cinéma, les acteurs attendent de longues heures, pendant la préparation des plans. A la télévision, tout est plus naturel et, dans ma position, cela m'oblige à assumer mon statut d'actrice principale. C'est aussi pour ça que je travaille étroitement avec la production et les scénaristes. Nikita s'étant rebellée, elle croise des nouveaux personnages chaque semaine, il y a donc beaucoup de guests dans la série, une autre expérience fascinante à vivre pour moi, parce que j'apprends de chaque acteur, qu'il soit là pour une journée ou une saison. Cette série est un bel apprentissage personnel, à plusieurs niveaux.
Les "Nikita" précédentes, au cinéma ou à la télévision, étaient toutes de type "européen". Vous avez des origines asiatiques, est-ce que cela a une incidence dans la série ?
Je suis métisse. Mon père est a des origines irlandaise et polonaise. Ma mère est vietnamienne. Les origines de Nikita ne sont pas spécifiées. Elle vient de nulle part. On ne sait pas qui elle est ou d'où elle vient. Si les gens venaient à s'intéresser à mes origines, cela signifierait que je ne fais pas bien mon boulot. En y réfléchissant, je suis très fière de travailler pour une chaîne qui a pris un tel risque me concernant. Je ne suis pas la "femme type" que l'on verrait sur la CW. Le fait qu'ils aient clairement dit "Peu importe ses origines, on recherche cette différence" me donne encore plus envie de travailler avec eux. Ils ont aussi pris conscience que la société américaine est faite de ces diversités. Mélangeons-nous !
Propos recueillis par Emmanuel Itier en septembre 2010
Nikita est diffusée le jeudi à 21h sur la chaîne américaine The CW:
