Etonnante décision que celle prise par Disney et Pixar, qui ne va certainement pas manquer de raviver des feux plus ou moins éteints avec leur "ennemi" héréditaire : Dreamworks Animation. Ed Catmull, PDG de Disney-Pixar, a en effet annoncé se retirer de l'International Animated Film Society (ASIFA), et par conséquent de sa prestigieuse compétition : les Annie Awards, l'équivalent des Oscars pour le monde de l'animation.
"Après plus d'un an de discussion avec le bureau exécutif de l'ASIFA, nous avons décidé à regret de nous retirer de l'organisation, et de ne plus participer à la compétition des Annie Awards" a-t-il confirmé à Variety. "Nous estimons qu'il y a un problème avec le procédé des votes et la manière dont les Annie sont attribués. Nous avons tenté de trouver un accord à l'amiable avec la direction de l'ASIFA. Et en dépit de quelques avancées, les membres du bureau de l'ASIFA nous ont fait savoir qu'il n'y aurait pas plus de changements". Conséquence directe : Toy Story 3 ne sera même pas présenté lors de la prochaine compétition. Une chose invraisemblable au regard de la qualité intrinsèque du film et de son triomphe planétaire (on frôle le milliard de dollars de recettes à ce jour); plus largement encore sur la qualité et le savoir-faire du studio Pixar.
Le mécanisme des votes est effectivement assez pernicieux. Il faut en effet savoir que chaque personne travaillant au sein d'un studio d'animation peut adhérer à l'ASIFA, et voter pour la catégorie du Meilleur film d'animation. Or Dreamworks aurait plus d'animateurs, et offrirait d'office l'adhésion à l'ASIFA à chaque nouvelle recrue. Ce qui inciterait son personnel à pencher plutôt pour les productions maison au moment du vote fatidique...Un mécanisme pervers qui fait dire à certains que les Annie Awards sont purement et simplement "achetés".
En fait, la polémique n'est pas franchement neuve. Elle avait d'ailleurs explosée en 2008, alors que WALL·E, unanimement salué comme un chef-d'oeuvre, avait été complètement éclipsé par la moisson de récompenses de Kung Fu Panda. Le prestigieux quotidien New York Times s'était même emparé de la polémique, évoquant alors un "Inside Job", soit un travail de sape de l'intérieur. Jeffrey Katzenberg, à la tête de Dreamworks Animation, était montré du doigt : la rumeur laissait entendre qu'il avait personnellement payé l'adhésion à l'ASIFA de tous ses employés à la condition qu'ils pensent, le moment venu, à voter pour les productions maison...Depuis lors, la polémique n'a pas cessée, même si Là-haut s'est vu attribué l'Annie Award du Meilleur film d'animation. Quoi qu'il en soit, la crédibilité de l'ASIFA prend un sacré coup avec le retrait de Disney-Pixar, acteur majeur de l'industrie des films d'animation. Un employé de Pixar enfonce le clou sur son blog : "Disney et Pixar ont pris la bonne décision avec ce retrait. L'ASIFA a intérêt à faire ce qu'il faut pour réformer rapidement ses procédures de votes. Avant de perdre toute crédibilité au sein de notre industrie"...
Olivier Pallaruelo avec Joblo et Pixar Blog