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    "Profilage" saison 2 : l'interview de Guillaume Cramoisan

    Rencontre avec l'interprète de Matthieu Pérac, à l'occasion du lancement de la saison 2 de "Profilage" sur TF1 le jeudi 27 mai...

    AlloCiné : Vous aviez déjà vu les épisodes de votre côté. Les regarder au milieu du public, avec les réactions ou l'absence de réactions, change-t-il votre perception ?

    Guillaume Cramoisan : Toutes les réactions arrivent comme ça, à chaud. C’est marrant, cela donne un autre aperçu. Personnellement je n’aime pas voir les productions dans lesquelles je joue. C’est difficile. Je connais toutes les ficelles, je sais là où j’ai cherché, là où on a truqué un petit peu...On se souvient des prises, celles où on pensait être meilleurs, celles qui fonctionnaient ou pas.

    Le débat entre fictions française et américaine se situe au niveau de la production, mais aussi et surtout peut-être au niveau de l’écriture...

    Je ne peux pas vous répondre. Je n’ai pas la télévision et donc ne regarde pas la fiction américaine. Mais si je peux me permettre, je pense que le nerf de la guerre se situe au niveau du temps. Celui que l’on met à créer, faire les choses. Aux États-Unis, ils ont l’air de se donner le temps, de le prendre, de recruter le nombre de personnes qu’il faut pour développer les différents sujets. En France, on essaie de plus en plus d’arriver à un nombre d’épisodes un peu similaire à ce qui se fait là-bas.

    Justement, après une première saison de 6 épisodes, la seconde de "Profilage" en comprend 12...

    Cela veut dire aussi que les auteurs ont été, comme tout le monde d’ailleurs, pressés comme des pamplemousses. En tout cas, c’est l’impression que cela me donne. Cela nous touche aussi, comédiens, puisque nous sommes les derniers maillons de la chaîne.

    Cela a une incidence aussi sur le tournage puisque vous tournez jusqu’à 3 épisodes simultanément. N’est-ce pas un peu compliqué à gérer au niveau de la construction du personnage, en terme d’évolution, de montée dramatique ? Vous tournez la 12ème scène de l’épisode 1 puis juste après la 9ème de l’épisode 3...

    Oui, c’est certain, c’est un peu compliqué. Mais honnêtement, je ne sais plus répondre à cette question. On a tellement l’habitude d’être confronté à ce genre de situation. Tu tournes la séquence 102 ensuite tu vas dans la loge pour te changer en vue de la scène 303, puis tu reviens dans la loge pour la scène 201... Mais pour les récurrents, cela pose moins de problèmes puisque la dramaturgie ne vient pas de nous mais des guests. Nous ne sommes pas là pour porter une histoire mais un concept. C’est d’ailleurs ce qui peut me fatiguer parce que j’ai envie de raconter une histoire. Et ce n’est pas nous qui la racontons, hormis les fenêtres sur la vie privée que les auteurs ont souhaité mettre dans la saison 2 et qui font du bien à tout le monde, et surtout aux récurrents qui ont autre chose à raconter qu'une constatation policière du type "Que faisiez-vous entre 8h et midi ?" Même si l’enquête policière est bien ficelée, même si la scène d’interrogatoire est bien écrite. Au final, cela ne m’embête pas trop que les tournages soient crossboardés (ndlr : tournage de plusieurs épisodes en simultané), c'est juste ennuyeux au niveau des costumes puisqu’il faut se changer sans arrêt. Certes on ne sait plus toujours où on est, mais la température, la couleur reste la même.

    La couleur reste la même mais, dans "Profilage", la relation de votre personnage avec Chloé évolue malgré tout...

    En effet elle évolue, notamment à travers des séquences bien marquées qui soulignent la progression de ce rapport. Mais désormais on sait comment jouer telle ou telle scène, on connaît l’axe qui va permettre aux scènes suivantes de prendre peut-être une teinte différente.

    La relation entre vous deux est fondée sur la confiance, que vous devez gagner ou donner...

    Oui, au départ elle était davantage fondée sur la différence, celle représentée par Chloé. Il y avait d’ailleurs un rapport clown / clown blanc. La dynamique reposait là-dessus, nos deux personnages avaient du mal à se supporter, à cause de leurs méthodes opposées. Avec la seconde saison, mon personnage en apprend plus sur Chloé qui accepte de lui révéler son passé, ses origines, ce qu’ont fait ses parents... On ne va pas tout divulguer ! Comme la glace se brise, lui aussi va évoluer, agir différemment... Mais la dimension conflictuelle va malgré tout perdurer, surtout à cause de leurs méthodes professionnelles contraires.

    Vous parliez de clowns pour illustrer le couple de flics Chloé / Pérac, mais on peut aussi penser à la dynamique des "buddy movies", fondés sur des duos de flics aux comportements opposés...

    Oui tout à fait. Mon personnage est un pur flic, avec ses méthodes. Chloé est une criminologue, à la fois dérangeante et touchante.

    D’ailleurs, l’"autisme" de Chloé est assez facile à cerner. Mais on pourrait aussi souligner que votre personnage cherche à rester secret, mystérieux...

    Oui mais cela ne vaut que pour la dimension professionnelle. Dans sa vie, c’est à mon avis un type qui est capable de se lâcher, de prendre sa femme dans ses bras et de lui dire "Je t’aime", de laisser de côté cet "autisme" professionnel... Mais oui, c’est vrai. Ils sont tous les deux, chacun à leur manière, un peu autistes. Aucun des deux ne veut jamais en démordre. Mais peu à peu ils vont quand même accepter de s'ouvrir...

    Sans en révéler trop sur la saison 2, comment voyez-vous l’évolution des deux personnages ?

    Ils vont se friter ! Ils vont aller jusqu’au clash. Très clairement mon personnage va lui dire qu’il ne peut pas continuer à travailler ainsi, sans savoir qui elle est...

    Et malgré tout, elle essaie, elle va même jouer un rôle important lorsque votre personnage sera en difficulté avec sa hiérarchie...

    Parce que c’est elle, parce que c’est son passé qui la pousse à réagir ainsi. Et ce qui s’est passé dans son passé, c’est lourd, très lourd même.

    Quelles sont les principales nouveautés de cette saison 2 ? Le médecin légiste joué par Guillaume de Tonquédec ?

    Je l’adore. Je suis un grand fan même !

    Qu’apporte-t-il à la série ?

    Pas assez de choses justement. Bien entendu, ce n’est pas de sa faute. Cela se joue au niveau du scénario. Quand on a un comédien pareil, avec une telle palette, il faudrait... Malheureusement on le restreint. C’est comme si on avait une Porsche mais qu’on vous demandait de la conduire comme une 2 chevaux (rires) !

    Dès que Guillaume de Tonquédec, qui inspire la sympathie, apparaît à l’écran, on s’attend à une scène comique, ou tout du moins, à une scène plus légère. Ces "soupapes" sont-elles importantes dans "Profilage" ?

    C’est ainsi dans la vie. Les gens qui exercent des métiers où il se passe des choses horribles comme dans la série ont cette faculté de tout mettre sous le ton de l’humour. C’est vrai que c’est ce que nous essayons de faire dans la série mais les auteurs ne veulent pas dépasser une certaine limite, en tout cas pas en début d’épisode, là où il faut vraiment marquer le coup. C’est essentiel et Guillaume apporte cette dimension aussi. Il me fait rire. Comme Odile d’ailleurs.

    Nous sommes allés sur le tournage il y a quelques semaines. Vous tourniez une fête d’anniversaire. C’était assez étonnant de vous voir évoluer sur le plateau. Vous bougez beaucoup, vous écoutez de la musique, dès que l’occasion se présente vous faites une blague. Vous êtes toujours en mouvement...

    Un tournage comme celui-ci, c’est assez lourd et mine de rien, même si on connaît tout le monde, même si on connaît son personnage, il y a une certaine pression. Je la gère ainsi. La concentration, je la trouve de cette manière, dans le fait de rire, de dialoguer, d’aller piocher de l’énergie chez les gens que j’aime, une énergie dont j’ai besoin lorsque j’entends "Action !" Le jour où vous êtes venus, j’avais un casque sur les oreilles mais c’est rare. Ce jour-là justement, quelqu’un m’avait donné une chanson de Jacques Brel que je ne connaissais pas. J’avais cette musique dans les oreilles. Mais généralement je n’ai pas le casque sur la tête. Je papillonne ! Tout simplement parce que j’aime bien les gens sur ce plateau. Et c’est un peu une famille. Un tournage comme Profilage dure à peu près 120 jours, on se lie donc forcément avec les autres. On avance dans la même direction.

    Vous tournez bientôt la fin de la saison 2. Est-ce qu’elle projette vers une éventuelle saison 3 ?

    Disons que cela reste ouvert.

    Vous seriez partant pour une saison 3 justement ?

    Cela ne dépend pas de moi. Il y a tellement de paramètres en jeu...

    Justement, qu’aimeriez-vous voir dans la saison 3 ? Y a-t-il des éléments que vous aimeriez voir apparaître, évoluer ?

    J’aimerais vraiment que les vies privées soient plus développées, parce que ce sont des histoires à raconter, des choses que l’on fait sortir de l’intérieur.

    Propos recueillis par Thomas Destouches à Paris le 17 mai 2010

    Bande-annonce de la saison 2 :

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