AlloCiné Séries : Lorsque vous avez commencé "House", il y a maintenant six ans, auriez-vous imaginé une seule seconde que la série deviendrait un tel hit ?
Lisa Edelstein : Jamais ! (Rires) Il n’y a aucun moyen de deviner ce genre de chose. La seule chose que l'on sait au début, c’est que l'on a aimé le script et qu'il nous a semblé que le personnage était intéressant à jouer pendant une certaine période de temps. Le reste, on ne peut pas savoir... Tellement de choses peuvent mal tourner. On ne peut pas savoir, il faut tenter le coup !
Et justement, vous pensez que Cuddy a connu une évolution intéressante de la saison 1 à la saison 6 ?
Oui. J’ai passé du bon temps, sans jamais m’ennuyer. Le personnage continue de m’intéresser.
Aimeriez-vous toutefois avoir plus de scènes comiques ? Vous avez prouvé par le passé que vous aviez un bon sens de la comédie, ce serait donc logique de vous voir l’utiliser plus.
Merci ! (Rires). Peut-être que mon prochain job, ce sera une comédie ! Mais, on a tout de même l’occasion d’être drôle dans notre show mais d'une manière plus réglée. Ou alors je dois faire la nana sérieuse et Hugh Laurie a le droit d’être drôle (rires).
Cette saison, les télespectateurs font face au suicide de Kutner, un évènement qui a lieu très subitement... On a bien évidemment su que c’était parce que son interprète, Kal Penn, voulait aller à la Maison-Blanche…
(Rires)… Oui, ce n’est pas très commun !
Comment avez-vous réagi lorsque vous avez su que son personnage allait être subitement supprimé ?
On nous l'a dit. Ils nous ont prévenus que ça allait arriver et que ce n’était pas un renvoi. Ils nous ont bien expliqué que rien de négatif ne se tramait, que Kal avait décidé de faire quelque chose d’important pour son épanouissement personnel. Il le fallait bien pour que personne ne panique et qu'on ne croit pas qu’ils allaient tous nous tuer les uns après les autres (rires) !
Et justement, la mort de Kutner est la seconde mort importante qui a lieu dans la série, après celle d’Amber. Ça fait beaucoup en si peu de temps, vous ne trouvez-pas ?
Je pense qu’on devrait tuer quelqu’un tous les ans. Pour que les choses continuent à avancer ! (Rires)
Dans les derniers épisodes de la saison, Amber vient rôder dans la tête de House. Ces épisodes sont particulièrement terrifiants.
Oui, ça donnait la chair de poule. Mais, je n’ai pas pu vivre cette expérience comme le télespectateur a pu, étant donné que je l’avais lu avant. Je n’ai pas eu à vivre la surprise visuelle. Mais, ça fait plaisir d’entendre que c’était terrifiant à voir !
Oui, c’était assez glaçant de la voir surgir comme ça.
Ah j’adore ! C’est cool ! Vous n’aimez pas les fantômes ! Mais, en même temps, j'admets que c’est assez compréhensible de ne pas aimer les gens qui surgissent comme ça et qui vous parlent. C’est d’un irritant ! (Rires)
La saison 5 permet aussi de mieux comprendre la relation qui se joue entre House et Cuddy.
Je trouve aussi. Surtout dans les derniers épisodes. Certaines personnes ont mal pris le fait que leur scène intime soit, en fait, un rêve, mais personnellement, cela ne m'a pas contrariée. Pour moi, cela révèle vraiment ce qui se passe dans la tête de House et ses sentiments pour elle. Il n’y a rien de plus important car c'est un sujet qui nous a toujours tous intéressés et maintenant c’est clair : il aime Cuddy. Il veut être avec elle mais il est incapable de concrétiser cette envie. J’adore cette exploration des choses.
Après avoir passé autant de temps à jouer côte à côte, est-ce que c’était bizarre de tourner cette scène d’amour avec Hugh Laurie ?
Pas pour moi ! Mais, je crois que ça l'a été pour lui. Hugh ne se voit pas comme un sex-symbol bien que des tonnes de femmes le voit comme tel. Il était plus inquiet par le fait que je puisse me sentir agressée physiquement. Alors qu’en fait j’ai bien aimé pouvoir vivre cette expérience, mais, lui, cela le préoccupait. Ce que je peux comprendre… Lorsque j’ai fait le strip-tease pour lui, je m'inquiétais que tout cet étalage de sexualité soit une offense au regard british (Rires).
Il y a une autre scène intéressante dans la saison 5, qui se joue cette fois entre Wilson et Cuddy. Wilson reproche à Cuddy de ne pas se pas préoccuper de ses sentiments et de seulement chercher à ce qu'il aide House. Comme s'il y avait de la jalousie... Comme si Cuddy était parfois une mère coincée entre ses deux garçons, en perpétuelle demande d’attention...
Peut-être… On peut le voir comme ça. Personnellement, je vois plutôt leur relation comme un triangle où Cuddy ne serait pas nécessairement la mère… Wilson ici n’est pas forcément jaloux, je pense qu'en fait, il se sent manipulé. Il est déjà tellement manipulé par House qu’il ne veut pas l’être par Cuddy. House a besoin de Wilson et House a besoin de Cuddy et il équilibre ses besoins entre eux deux. Et Wilson et Cuddy ont besoin l’un de l’autre car ils se balancent House l'un l'autre (rires) ! Et ils ont besoin de parler de lui à quelqu'un. C'est un triangle très intéressant.
C’est plus un show sur la manipulation qu’une série médicale finalement…
D’une certaine manière, oui…
Aimeriez-vous parfois que Cuddy ait, elle aussi, une amie sur qui compter ?
Justement, dans la saison 6, Cuddy a une assistante infirmière avec qui elle s'entend bien. Mais en fin de compte, je ne pense pas que cela convienne au show d'avoir un personnage en plus qui ne soit là que pour être l'amie de Cuddy. La série ne parle pas de Cuddy. Elle parle de House. On ne peut qu'imaginer les amis de Cuddy. (Rires)
L'une des intrigues les plus intéressantes de la saison pour Cuddy est l'arrivée de son bébé... Est-ce que ça vous a plu que cette intrigue se concrétise enfin ?
Oui, c'était une belle intrigue. Du début à la fin. La voir batailler pour avoir un bébé elle-même, avoir le bébé, le perdre et finalement trouver son enfant à elle et l'adopter. Tout cela pour qu'elle réalise ensuite qu'elle n'est peut-être pas faite pour être mère. C'était très intéressant...
En six ans, vous avez vu des cas médicaux horribles et terrifiants. Ça ne vous a pas rendue un peu paranoïaque ? Vous n'avez jamais peur d'avoir une terrible maladie incurable ?
(Rires) Je n'ai pas plus peur des maladies qu'auparavant. J'adore la médecine et j'ai toujours aimé en apprendre davantage sur le sujet. Cela ne me fait pas peur. Et maintenant, lorsque je me rends chez un médecin, il me parle comme si je comprenais ce qu'il me disait. Ce que j'apprécie puisqu'effectivement, je comprends ! J'ai suffisamment appris pour être capable de poser les bonnes questions, mais pas pour pratiquer la médecine (rires) ! J'adore toujours autant en parler. Alors, je n'ai pas peur lorsque dans un avion, la personne assise à côté de moi commence à renifler et à tousser.
Savez-vous combien de temps mettent les scénaristes pour écrire un seul épisode ?
Assez longtemps. Je ne sais pas exactement mais nous avons 12 scénaristes et il écrivent chacun deux épisodes par saison. En plus, ils participent tous aux autres épisodes.
Hugh Laurie a réalisé un épisode de la saison 6. Aimeriez-vous en faire de même ?
Je n'y ai jamais vraiment pensé avant. J'y ai pensé en voyant Hugh le faire. Ce n'est pas vraiment mon but... Je suis plus intéressée par la production, trouver des nouvelles idées et faire en sorte de les concrétiser. Mais si on est encore là dans quelques années, peut-être que j'essaierai ! (Rires)
Aimeriez-vous parfois que Cuddy porte moins de mini-jupe ou de tenues sexy ou pensez-vous que cela fait entièrement partie du personnage, de ce qu'elle est ?
Cela fait partie de ce qu'elle est. En réalité, j'apprécie la restriction de ses vêtements. Dans ma vie privée, je ne veux plus jamais porter de jupe-fuseaux mais pour le personnage, c'est tout à fait juste. Toute sa vie a été comme comprimée, elle est engoncée et encore aujourd'hui, il faut qu'elle se libère. Je trouve que ses vêtements serrés représentent bien cela.
Propos recueillis par Raphaëlle Raux-Moreau, le 14 avril, à Londres