Avez-vous été attirée par "Spartacus" comme un projet en lui-même en dehors du fait que votre mari, Robert Tapert, est l’un des producteurs exécutifs ?
Lucy Lawless: Oh oui. Je savais que c’était un nouveau genre de télévision. Je savais parfaitement que Spartacus, avec les nouvelles technologies et le monde que cela leur permet de créer, pousserait les frontières de la télévision. Le plus important pour moi était le fait que je pouvais jouer le rôle d’une femme puissante, complexe et tourmentée. J’aime réellement ce type de rôle.
John Hannah, qui joue votre mari dans la série, disait qu’il voyait son personnage comme une sorte d’homme d’affaires.
[Rires] C’est ce qu’il a dit ? Il est un homme d’affaires. Néanmoins, il est plutôt timide... et au coeur d'une affaire hautement désagréable.
Comment votre personnage se voit-elle ? Comme une femme d’affaires elle aussi ?
Comme une femme aimante et dévouée. Elle est l’ultime manipulatrice et aime son mari plus que la vie elle-même. Elle veut lui donner un héritier, sans succès pour le moment. Elle en devient désespérée, donc pour lui offrir un fils, elle s’engage dans une relation abusive et très blessante avec un gladiateur, en espérant tomber enceinte. Tout cela, pour le bien de son mari. C’est une fille pleine de ressources.
Que pensez-vous d'Andy Whitfield, qui joue Spartacus ?
Si Andy est si bon dans ce rôle, c’est parce qu’il est très intelligent, cultivé et chaleureux…il n’est rien de ce que l’on attend d’un gladiateur! Andy est tellement plus. Et il va devenir une grande star.
Avez-vous un partenaire favori ?
J’adore travailler avec John Hannah, c’est toujours un grand plaisir. Mes plus grandes scènes sont probablement avec Viva Bianca, qui joue Livia, mon ennemie. Nos rôles sont brutaux. Elles ont une amitié très malsaine et il sera intéressant de voir laquelle des deux gagnera à la fin.
Comment gérez-vous les scènes de sexe avec à la fois John Hannah et les acteurs jouant les esclaves ?
John ne fait rien en gardant son sérieux [rires]. Dès que la caméra est arrêtée, il se marre. Il rit durant treize épisodes ! Néanmoins, il reste un acteur très pro. Les premières fois où j’ai joué ces scènes, j’étais terriblement nerveuse. Je suis rentrée à la maison – j’ai marché directement du plateau jusqu’à la voiture, j’ai enlevé ma perruque, sortie de la voiture et je suis allée directement au lit. Je n’ai dit bonne nuit à personne, je me suis juste endormie pour douze heures. Ceci dit, je ne pouvais pas espérer meilleur partenaire que John pour jouer ces scènes. Par la suite, j’étais aussi très stressée, mais nous avons trouvé comment nous allions procéder. Il devait y avoir un protocole, des limites pour tourner toutes ces scènes où vous avez toutes vos marques longtemps à l’avance. Tout est très sûr et il n’y a aucun contact entre les acteurs. Peu importe ce que vous pensez que vous voyez, il n’y a rien !
Mais en terme de ce que nous pensons voir…
Il n’y a pas à parier sur ce qu’ils font... Vous n’êtes pas dans le monde moderne. Et cela nous enseigne beaucoup à propos des esclaves. C'est également très bizarre de s’habituer à avoir un esclave dans son "espace vital". Nous faisons partie d'une société moderne, dans laquelle nous tenons beaucoup à cet espace justement. Mais on finit par s'y habituer et réaliser que pour les Romains, les esclaves étaient comme une extension de leur main, de leur volonté, et c’est pourquoi ils pouvaient les tuer et en acheter des nouveaux pour les remplacer. Ce sont des personnes déshumanisées.
Vous avez toujours une base de fans dévoués qui vous suivent depuis "Xena"…
Ce sont des fans si géniaux. Ils savent faire la différence entre Lucy et Xena. Xena était une entité presque parfaite pour son temps. Les fans m’ont permis de jouer d’autres rôles et ils ont été très réactifs et très encourageants. C’est un comportement très sain et très adulte.
Si quelqu’un vous avait dit en 1995, lorsque "Xena" a commencé, que des personnes vous poseraient toujours des questions à propos de la série en 2010, qu’auriez-vous pensé ?
Je me serais dit : “C’est normal, c’est ce qui arrive avec toutes les séries”. A ce moment là, je ne me suis pas rendu compte de combien ce genre de succès était précieux. Je suis si reconnaissante et j’apprécie tant les efforts de tous et je ne suis pas prête à rater un seul moment de ça, parce que Spartacus est simplement quelque chose de bien. Je suis vraiment excitée pour tout le monde.
Propos recueillis par Emmanuel Itier, en avril 2010 à Los Angeles , traduits de l'anglais par Marine Glinel