AlloCiné Séries : Quelles vont être les différentes intrigues de la saison 3 ?
Catherine Touzet : Il y a un fil rouge sur les six épisodes de la saison 3 de Sur le fil, qui est l’infiltration d’un des flics du groupe, Laurent Duprès (Xavier Gallais). Quand on devient un infiltré, on continue de travailler dans sa brigade, vos collègues ignorent votre situation et pendant ce temps-là, on s'infiltre auprès de voyous, impliqués dans le trafic de drogue ou la prostitution. C’est donc ce qui arrive à Duprés, c’est ce qui lui pose des problèmes et c'est ce qui va amener tout le monde vers un sixième épisode très tendu. On va donc voir comment il gère cette infiltration, par rapport à ses collègues et par rapport aux gens chez qui il s'est infiltré, qui sont de gros, gros voyous. A côté de ça, il y a une intrigue bouclée par épisode bien sûr, ce qui permet de voir tous les épisodes indépendamment. Le premier épisode portait sur la pédophilie. Le deuxième c'était un crime de femmes, une vengeance... L’épisode suivant, j’ai oublié ce que c’était… Par contre, le quatrième épisode, je sais ce que c’est ! (Rires) Il s’agit d’un épisode très intéressant parce que c’est un cas qui touche le commissaire Julien Forge (Benjamin Boyer), et qui est relatif à son passé : la mort de son frère, qui a eu lieu 15 ans auparavant. Il s’aperçoit au début de cet épisode qu’en réalité, il y a eu des choses qui n’ont été pas très bien faites par la police et il va rouvrir l’enquête, un peu à la Cold Case. Et… finalement il va réparer la mort de son frère. Voilà, donc c’est un épisode qui est extrêmement centré sur le commissaire. Ensuite, on a le dernier épisode évidemment, qui sera l’épisode qui bouclera le fil rouge. Alors l’épisode 3… ah si ! L’épisode 3, il est vachement bien ! C’est un crime sur Internet, en fait. C’est sur des petites braqueuses, des gamines qui se mettent en scène. Elles se filment pendant qu’elles vont faire des cambriolages dans des vieux appartements parisiens.
Cette intrigue s'ouvre à la fin de l'épisode 2 d'ailleurs ?
Voilà ! Un de nos flics, le plus jeune, celui qui a des béquilles (Vladislav Galard, ndlr: Antoine Mercier) suit leur blog de son bureau. Il suit ça mollement, parce que ça l’amuse un peu, ce qui n’est pas très bien pour un flic ! Mais bon elles sont jeunes, elles se mettent en soutien-gorge, topless, donc ça l’amuse un peu, jusqu’au moment où elles vont se faire agresser en direct sur cette vidéo. On ne va pas voir la personne qui les agresse, mais on va voir qu’elles se font trancher la gorge. Donc, toute l’enquête va porter sur ce crime et sa responsabilité à lui, qui n’a peut-être pas été assez vigilent et qui aurait peut-être pu empêcher ça. Ça va être sa culpabilité, ça va être Philippe Munoz (François Levantal) qui veut sa tête, qui veut qu’il démissionne et puis l’enquête. Et pour le 5… j’ai complètement oublié, je les ai écrits y a un an alors… Je ne sais plus ! (Rires)
Qu’est-ce qui vous inspire pour écrire toutes ses histoires ?
Plusieurs choses. Évidemment, il y a des thèmes et il y a des histoires qui nous intéressent… En fait, je travaille avec de vrais policiers qui nous racontent des choses à moi et mon scénariste. Ils nous racontent de vrais faits divers, de vraies enquêtes sur lesquelles ils ont travaillés. Alors en général, on ne prend pas l’histoire qu’ils nous racontent, mais on s’inspire d’un petit détail, pour créer une histoire fictionnelle, mais on part toujours d’un détail authentique. On part toujours d’une bribe d’histoire qui a vraiment existé à chaque fois. On a toujours essayé avec les trois saisons de Sur le fil de rester un tout petit peu réaliste sur la façon dont se passent les enquêtes.
Les histoires, on les triture dans tous les sens, mais la façon dont se passent les enquêtes est assez réaliste, parce qu’on travaille avec de vrais policiers qui nous donne leur regard et qui nous dise surtout : "Ça, c’est pas possible ! Ca n'arrive qu'à la télé, mais dans la vraie vie c’est pas du tout comme ça !" Ce qui est intéressant, c’est que, du coup, ça donne des contraintes de réalisme qu’on est obligé de contourner et ça permet plus de choses à l’imagination, sinon peut-être qu’on irait au plus simple. En ce qui concerne nos personnages, on a envie de leur faire vivre des choses, de leur faire avoir des prises de conscience, de les mettre dans des situations difficiles pour les voir réagir par rapport à la morale, par rapport à leur métier, par rapport à leur vie privée… Et ça, c’est très inspirant parce que ce ne sont que de supers comédiens ! On sait que ce qu’on va leur donner, ils vont le porter à mille lieux au-dessus de ce qu’on a écrit, et ça c’est génial.
Est-ce que parfois les acteurs vous disent qu’ils ne peuvent pas faire telle ou telle scène, ou dire telle ou telle parole par rapport à la façon dont ils vivent leur personnage ?
Cela ne s’est jamais passé dans ce sens-là. Ils nous ont toujours dit : "Est-ce qu’on ne peut pas aller même un peu plus fort ? Est-ce qu’on ne peut pas aller plus haut ? Moi je suis prêt à faire plus que ça !" Tous les comédiens qui jouent dans la série sont pour la plupart des comédiens de théâtre et de cinéma. Ce sont des gens qui font de la télévision dans l’idée qu’ils peuvent vraiment aller au bout de ce qu’ils ont envie de faire et c’est plutôt eux qui nous poussent ! En général, ils sont contents, mais ils ne nous ont jamais dit : "Non, ça je ne peux pas le faire", au contraire ! Et on leur a vraiment fait faire des choses très difficiles, je trouve. Très dures, mais à chaque fois, c’est pour eux un challenge.
Est-ce que vous avez le temps de regarder la télévision ?
Oui, beaucoup !
Quelles sont les séries qui vont plaisent en ce moment ? Que vous recommanderiez ?
Je pense que je suis comme tout le monde, j’adore les séries américaines, j’adore Dexter ! Je suis fan de Dexter !
Justement, nous avions posé la même question aux acteurs, mais nous voulions avoir votre point de vue par rapport à la première scène du deuxième épisode... Est-ce qu’il s’agissait d’un clin d’œil à "Dexter" ? Quand on voit les sacs avec les bouts de corps…
(Rires) Ce n’était peut-être pas aussi conscient que cela, mais peut-être qu’inconsciemment oui !
C’est vrai qu’à force de regarder des choses qu’on aime, quelque part ça vous revient en tête et on va vers ça ! Je ne pourrais pas dire que je l’ai fait exprès, mais peut-être oui ! Et puis, je sais aussi que c’est une réalité. C’est rare, ça n'arrive pas pas tous les jours en France bien sûr, mais ça arrive et là on est parti d’un fait divers que l’on a complètement retourné. Mais c’est vrai que commencer par ça, peut être que oui… Dexter ! (Rires) Sinon, il y a des tas de séries policières que j’aime beaucoup, toutes les séries anglo-saxonnes… j’aimais beaucoup Suspect n°1, côté séries anglaises avec Helen Mirren, qui était une série très âpre, très noire, formidable. Et puis toutes les autres, comme Les Experts ! Tous ce que font les Américains, c’est bien…
Et quel est votre avis à propos de l'opposition que l’on fait souvent entre séries françaises et séries américaines ?
La différence, elle est de taille, parce que les moyens qu’ils ont, eux, pour faire une série sont beaucoup plus grands ! Ils font beaucoup de tests avant. Ils lancent par exemple 12 séries en écriture, en projet, puis ils vont en garder six. Sur ces six, ils vont tourner trois pilotes. Enfin, ils vont développer LA série qu'ils estiment la meilleure. Et ensuite, ils ne les tournent pas six par six, mais douze par douze, dix-huit par dix-huit ou vingt-quatre par vingt-quatre, ce qui leur donne une latitude d’imagination et une avance. Pour fidéliser les téléspectateurs, si on sait qu’on a dix-huit ou vingt-quatre épisodes, c’est formidable ! Nous on en a six. Ils vont être diffusés trois par trois. Donc, si les télespectateurs ratent un jour, ils ratent la moitié de la série. Ils ratent deux semaines, ils ont raté la série. Donc, c’est très dur de s’imposer en France, avec des séries qui marchent toujours par six épisodes. Ce n’est pas suffisant ! Pour qu’on ait envie de retrouver la série, pour qu’on aime les personnages et qu’on s’y habitue, il faut un petit peu de longueur. Et tant qu’on ne fera pas ça, on n’aura jamais ce qu’ont les Américains, c’est-à-dire des gens super fidèles pendant des années et des années. On l’a avec des séries plus anciennes, comme Julie Lescaut ou Diane, femme flic, mais c’est très différent parce que ce sont des séries de 90 minutes, quatre fois par an, ça n’a rien à voir ! Moi je parle de séries vraiment de 50, 45 minutes où on peut se fidéliser, où l'on a envie que les héros reviennent tous les ans… Il ne faut pas continuer à faire du six par six ! On n’y arrivera jamais !
Diffuser un, voire deux épisodes par semaine, ce ne serait pas possible ?
Si, je pense. Deux épisodes par soirée me semblent bien parce que ça fait le temps d’un 90, ça me semble être le temps idéal ! Trois, c’est un gros risque… Bon, après tout, c’est la chaîne qui sait mieux que moi ce qu’il faut faire mais c’est vrai que c’est un gros risque. Sauf si on avait ving-quatre épisodes, parce que du coup on aurait beaucoup plus de jours de diffusion, mais là on est un peu court. J’aurai préféré qu’il y ait douze épisodes et qu'ils soient diffusés deux par deux, pour tout vous dire ! Et que les gens se fidélisent et qu'ils aient envie de revenir la semaine d’après ! C’est ça la différence avec les Américains… Et puis ils ont plus de sous et on leur donne surtout plus d’ampleur sur la longueur d’une saison. Je pense que ça change tout parce que les personnages de Sur le fil sont des personnages très attachants, surtout par le charisme de nos acteurs, que je trouve vraiment formidables. Je pense que les gens les aimeraient autant que des acteurs américains s’ils avaient le temps de s’y habituer. Il les aime déjà, puisque les deux dernières saisons ont été bien suivies mais c’est court quand même…
=> Lire la 1ère partie de l'enquête "Sur le fil", en compagnie des comédiens Benjamin Boyer et François Levantal
Propos recueillis par Céline Chahinian le 22 Mars 2010