Bien sûr, d'aucuns verront une certaine malice dans le choix du jury de Werner Herzog de décerner l'Ours d'argent du Meilleur réalisateur à Roman Polanski. Mais au-delà de l'affaire judiciaire (le cinéaste est assigné à résidence en Suisse), tous les festivaliers ont salué les qualités artistiques de son film, The Ghost-Writer, considéré par beaucoup comme son meilleur film depuis longtemps.
Polanski s'invite au "Bal"...
Cette récompense ne doit cependant pas éclipser le reste du palmarès, qui fait la part balle à un cinéma contemplatif (si on veut parler esthétique) et à l'Europe centrale et orientale (si on veut parler géopolitique). L'Ours d'or a été attribué au film turc Bal de Semih Kaplanoglu, portrait d'un enfant solitaire et dernier volet d'une trilogie entamée avec Yumurta, vu à la Quinzaine des réalisateurs cannoise, et Milk, présenté à Venise -c'est dire si le monsieur est un habitué des festivals...
Cap à l'Est !
Le cinéma roumain a toujours le vent en poupe si on en croit la double récompense décernée à If I Want To Whistle, I Whistle (Eu când vreau sã fluier, fluier) de Florin Serban, un premier long métrage qui décroche à la fois le Grand Prix du jury et le Prix Alfred Bauer (décerné à un film qui "élargit les horizons de l'art cinématographique). Toujours à l'est, How I Ended This Summer (Kak ya provel etim letom) de Alexei Popogrebsky(Russie), un des favoris de la presse internationale, cumule le Prix d'interprétation masculine (pour ses deux comédiens Grigory Dobrygin et Sergei Puskepalis) et le Prix de la Meilleure contribution artistique.
L'Amérique repart bredouille
Le Prix d'interprétation féminine revient à la Japonaise Shinobu Terajima, héroïne de Caterpillar (Kyatapirâ) de Kôji Wakamatsu. Elle incarne l'épouse dévouée à l'extrême d'un soldat revenu de la guerre atrocement mutilé. Le cinéma asiatique est également récompensé à travers le Prix du scénario décerné à Tuan Yuan(Apart together) de Wang Quan'an, qui conte les retrouvailles d'un couple de vieux amants longtempsséparés. On notera pour finir que le jury de l'Allemand Werner Herzog(qui vit désormais en Amérique), a totalement ignoré les 3 films venus des Etats-Unis...
Julien Dokhan et Barbara Fuchs