Allociné Séries : Charlie est un des rares personnages de séries qui espère sincèrement contribuer, sans tendances mégalomanes, à un monde meilleur. Est-ce difficile de jouer un tel niveau d’altruisme ?
David Krumholtz : Non, car je crois vraiment que c’est un élément qui manque habituellement dans la narration d’une histoire dramatique : l’homme foncièrement bon. C’est facile de jouer le méchant, le mec avec un plan d’action, ou le gentil avec un cas de conscience ; mais qu’en est-il du vrai gentil, simplement heureux et bon, sans arrière-pensée, bon pour soi-même et son développement personnel ? Donc j’adore le jouer. C’est la définition du personnage. Et de la série. Nous n’essayons pas de tromper qui que ce soit. Nous essayons d’apprendre quelques choses aux gens, y compris les mathématiques, et c’est une démarche fondamentalement bonne.
Est-ce que des personnes viennent vous voir en vous disant "Ma famille regarde 'Numb3rs' et mon enfant s’est soudainement mis à faire son algèbre" ?
Oui ! Cela fait des années mais maintenant c’est le calcul (rires). Ca n’arrête pas. C’est surprenant et jamais lassant. À chaque fois qu’on l’entend, on se dit toujours "Ouah, nous avons une influence, nous l’avions et nous l’avons toujours". Les gens aiment toujours les maths.
Au début de votre carrière d’acteur, si la pensée "J’aimerais que mon travail ait une influence sur les gens" vous a jamais traversé l’esprit, auriez-vous imaginé que ce serait en les incitant à faire leurs devoirs ?
(Rires) Non, certainement pas. Vous savez, pour être honnête , je n’ai pas d’enfants et je me considère un peu comme une sorte d’ado prépubère en chaleur. Mais j’ai eu le privilège de participer à ce genre de programmes pour les jeunes, de Super Noël à Numb3rs, et c’est quelque chose qui m’a maintenu dans le droit chemin. Je dois beaucoup à tout cela car ça m’a permis de ne pas faire de bêtises. Je pense que cela a fait de moi quelqu’un de meilleur.
Donc vous rapportez un peu de l’altruisme de Charlie à la maison ?
De plus en plus. Au fur et à mesure des saisons, ce qui m’importe le plus, plus que n’importe quoi, même plus que les choix scénaristiques concernant mon personnage, c’est le fait que les gens aiment la série, que je sois apprécié en tant qu’acteur et d’avoir un public qui renvoit un avis positif.
Jusqu’à quel point diriez-vous que l’alchimie entre vous et Rob Morrow ou Judd Hirsh a changé pendant les différentes saisons ?
C’est devenu plus instinctif, plus intuitif. Elle est là, sans qu’on ait à travailler dessus. Cela se fait de manière détendue et c’est assez jouissif. Cela se passe tout simplement, cela émane de nous ; ce sera d’ailleurs étrange quand tout sera fini, je peux vous le dire. La saison 5 a failli être la dernière et puis nous avons été renouvelés pour une sixième. On s’est dit "Qui sait ? Si la saison 5 n’était pas la dernière et que nous faisons bien les choses pendant la saison 6…" Beaucoup d’entre nous espèrent une saison 7.
Avez vous géré des projets entre les saisons de "Numb3rs" ?
Alors, j’ai écrit et réalisé un court-métrage. Il s’appelle "Big Breaks" et je ne joue pas dedans. On peut y voir Joseph Gordon-Levitt et Jane Lynch, qui est géniale, et Elizabeth Banks et Martin Starr de Freaks and Geeks et d’autres acteurs intéressants. C’est un bon groupe. Ils se sont tous investis pour moi et ils ont fait du bon travail. J’essaye de développer quelques séries sur le câble avec des amis. J’ai porté un film que j’ai vendu à Universal et j’essaye d’en écrire un autre. Mais pas de rôles. Je n’ai pas le temps. La série est trop prenante.
Voyez-vous votre carrière s’orienter progressivement derrière la caméra ?
J’aimerais tenter ma chance. Si ça ne marche pas, dans dix ans, j’aimerais pouvoir me dire que j’ai essayé. J’ai pris goût à l’écriture et les retours ont été encourageants. Universal a bien aimé mon premier script, donc oui, ça serait bien, mais j’aime le métier de comédien. J’ai vraiment envie de me consacrer à des rôles différents de ce que j’ai pu faire auparavant comme jouer un fumier complet, sale, barbu, édenté et qui hait le monde entier.
Votre personnage dans "Serenity", M. Univers, ressemble un peu à Charlie en ce qui concerne leurs brillants esprits. Vous avez quelques souvenirs de tournages ?
Oui. J’ai même eu le privilège de participer aux deux derniers jours de tournage. Les acteurs principaux avaient terminé leurs scènes et c’était assez triste puisque tout le monde s’était dit au revoir mais il fallait attendre parce que pour les deux derniers jours il y avait "ce type qui vient tourner, sans jouer avec personne mais juste pour parler à la caméra", ce qui était assez bizarre. Gênant mais amusant. Mais ils m’ont accueilli et Joss Whedon était simplement… c’est Joss Whedon, ça ne s’oublie pas.
La vie réelle va-t-elle rattraper Charlie, ou va-t-il y échapper ?
À la fin de la dernière saison, il s’en rapprochait. Don s’est fait poignardé, ce qui était un peu la faute de Charlie, et celui-ci est passé par une longue introspection. Amita a été kidnappée et la saison s’est terminée avec Charlie la demandant en mariage. La vie réelle se rapproche inexorablement et à la fin de la saison on commence à toucher du doigt les questions suivantes : est-il possible que Charlie ne devienne pas un grand mathématicien et est-il possible qu’il ne s’engage pas définitivement pour le FBI ? Peut-il juste être un homme qui vit sa vie ? Ce qui est amusant là-dedans, c’est que ça ressemble à ma vie en ce moment. Je me marie bientôt, donc la vie prend le pas sur la carrière, comme pour Charlie.
Traduction: William Beaudenon