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    Rencontres à "L'Internat"

    Rencontre avec l'actrice Laure Marsac et Cyril Lecomte, deux des interprètes de "L'Internat", mais aussi Philippe Bony, le directeur général adjoint des programmes de M6, et Jean-Benoît Gillig, le producteur.

    Qui est-ce qui s'est intéressé à la série espagnole ?

    Philippe Bony : C'est M6. Nous avons acheté les droits et nous sommes allés ensuite chercher Jean-Benoît Gillig pour la production.

    La série originale a fait un carton en Espagne, vous espérez bien entendu que ce sera pareil chez nous...

    Philippe Bony : On espère, on y croit

    A quel moment avez-vous commencé à vous intéresser à la version espagnole ?

    Philippe Bony : Avant même qu'elle ne commence à être diffusée là-bas, donc il y a un an et demi, deux ans.

    Et vous l'avez découverte comment ?

    Philippe Bony : Par des producteurs de la série que nous connaissions. A l'époque, on recherchait un sujet de fiction dans l'univers d'un orphelinat ou d'un internat, cette atmosphère de "huis clos" nous intéressait. C'est à ce moment-là que nous avons eu l'occasion de voir le premier épisode et de nous apercevoir que c'était très exactement ce que nous recherchions. Le plus compliqué est venu ensuite : l'adaptation, tout faire pour garder l'équilibre entre adultes et enfants, mystère et romance...

    Comment est l'ambiance sur le plateau, avec les autres acteurs, mais aussi et surtout les enfants figurants qui viennent du village de Saint Chéron ?

    Laure Marsac : On s'entend tous très bien, du coup c'est vraiment facile. Je connaissais déjà certaines personnes, comme Bernadette Lafont avec qui j'ai déjà tourné deux ou trois fois. Les enfants du village viennent faire de la figuration, mais moi je ne suis pas dans les scènes de classe avec eux..

    Qu'est-ce qui vous a plu dans ce projet ?

    Laure Marsac : Le fait que jamais rien ne se passe comme on le croit et qu'on joue des personnages avec de l'épaisseur. Mon personnage, par exemple, sort d'un hôpital psychiatrique. Peut-être a-t-elle tué quelqu'un, peut-être pas... Peut-être n'est-elle pas réellement femme de ménage, peut être qu'il y a, dans cet internat, quelqu'un qui l'intéresse particulièrement, peut être que... Il y a tant de choses à jouer ! Et puis il y a une complicité qui commence à naître avec le personnage de Bernadette. Les sous-sols de L'Internat, c'est comme un autre monde.

    Et votre personnage, vous le voyez comment ?

    Laure Marsac : Je pense que c'est une ancienne punkette, qui a un peu changé ... Elle a eu un enfant il y a longtemps et on lui a volé. Après avoir retrouvé le père, elle découvre où son enfant a été caché. Il a maintenant 17 ans et il est ici, à Valgrange, mais il ne sait pas que je suis sa mère...

    Et tout ça, son passé, c'est vous qui vous l'êtes imaginé ou vous le savez ?

    Laure Marsac : Il y a quelques indices. Après, ce sont des choses que je construis, que je peux fabriquer grâce aux flashbacks.

    Par rapport à cet enfant caché, que pouvez-vous nous dire ?

    Laure Marsac : Au début, elle ne sait pas qui c'est, elle le cherche. Et puis, elle découvre son identité mais lui, ignore encore tout. Il peut s'adresser à sa mère comme à une femme comme les autres, sans le savoir ! Dans la série, on a tous quelque chose à cacher.

    Comment ressentez-vous, du coup, le fait de devoir jouer avec votre imagination, de ne pas savoir qui est vraiment votre personnage ?

    Laure Marsac : Il faut trouver la bonne méthode. Les personnages, comme les acteurs, découvrent au jour le jour. Peut être que pour un autre projet cette façon de faire ne fonctionnerait pas, mais là c'est ce qu'il nous faut.

    C'est difficile de devoir changer de réalisateur régulièrement, comme c'est le cas pour "L'Internat" ?

    Laure Marsac : Non, mais peut-être est-ce plus difficile pour eux que pour nous, parce qu'au bout d'un moment, nous connaissons bien nos personnages.

    Pourquoi avoir pris le parti de faire tourner plusieurs réalisateurs pendant toute la production de la première saison ?

    Jean-Benoît Gillig : Pour deux raisons. Si on prend le même metteur en scène sur les dix épisodes, la post-production est décalée. Et j'avais envie que le metteur en scène soit présent pleinement pendant la post-prod, au montage... On a ainsi décidé de confier les épisodes 7 et 8, à Pascal Lahmani, qui avait travaillé sur Vénus et Apollon. J'avais découvert ce jeune réalisateur à travers ses courts-métrages, assez fulgurants. Un tournage est lourd, difficile, long, Pascal est un excellent directeur d'acteurs.

    Et comment ça fonctionne alors le tournage ?

    Jean-Benoît Gillig : On tente de se rapprocher du système à l'anglo-saxonne pour un prime-time. On a travaillé en poule d'auteurs, chapeauté par une direction artistique.

    Sur la base d'une bible, que j'ai écrite d'après la série originale, on a développé dix traitements pour les dix épisodes. Après, on a confié à deux auteurs, Yves Ramonet et Francis Nief, l'écriture de tous les séquenciers. Ensuite, on a demandé à Daive Cohen d'écrire toutes les continuités dialoguées. C'est un auteur vraiment brillant, un excellent dialoguiste et constructeur, malheureusement un peu trop catalogué sitcoms. Il avait signé Blague à part à l'époque. Dès le départ, nous avions une arche narrative et nous avons défini notre axe d'adaptation sur cette base. Nous, on sait où on va.

    La continuité ne souffre-t-elle justement pas des changements de réalisateur ?

    Jean-Benoît Gillig : La continuité, c'est d'abord et avant tout l'affaire de la production artistiqu. De toute façon on parle le même langage. Le réalisateur n'arrive pas sur le plateau en faisant son film. Il est soumis à l'arche narrative pré-établie.

    Il n'a donc pas la possibilité de donner sa propre vision ?

    Jean-Benoît Gillig : Il apporte son talent. Tous les metteurs en scène ont amené quelque chose, la vision artistique générale en a profité.

    Les créateurs de la série originale avaient-ils un droit de regard ?

    Jean-Benoît Gillig : Je trouve cela normal, c'est quand même leur bébé.

    Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur votre personnage ?

    Cyril Lecomte : Je joue le cuistot de l'internat, qui a un rôle un peu trouble! On sait qu'il sort de prison, qu'il est à Valgrange un peu par rédemption. En réalité, il semble être employé par des méchants... qui sont peut être pas forcément les méchants. Donc je joue un mec qui a l'air super sympa, mais dès qu'une porte se ferme, il enquête... et plus exactement sur les gens. Je le vois un peu comme un agent double, et c'est justement ce qui est assez marrant pour moi.

    Jean-Benoît Gillig : En fait, c'est une victime de chantage...

    Qu'a-t-il fait pour être en prison ?

    Cyril Lecomte : On ne sait pas, peut-être l'apprendrons-nous...

    En fait, vous ne savez pas grand-chose de vos personnages ?

    Cyril Lecomte : Non, en effet, on découvre peu à peu. On imagine beaucoup. Je vois mon personnage comme un gars qui subit, qui montre peu. Ce n'est pas un sale mec non plus, ni un malade, il a fait un peu de prison, mais voilà ce n'est pas un psychopathe. A un moment donné, il va même protéger les enfants et se retrouver dans une obligation de faire des choses et des choix...

    Jean-Benoît Gillig : Les acteurs sont extraordinaires ! Ils ont une telle capacité à imaginer, fantasmer, à créer.

    Vous ne leur donnez donc pas l'ensemble du scénario ?

    Cyril Lecomte : En réalité, on ne connait l'origine de nos personnages, ni leur avenir... donc on fait travailler notre imaginaire. On est dans le présent.

    Mais vous savez l'histoire, pourquoi vous ne leur dites pas ?

    Cyril Lecomte : Je n'ai pas envie qu'on me la révèle ! (Rires)

    Jean-Benoît Gillig : Pour une raison précise, il y a une mécanique artistique jubilatoire entre nous, ce qui est formidable. Mais surtout, comme on vient de le dire, il y a dans le jeu une densité des artistes, des talents d'acteurs sur le plateau, qui sont extrêmement justes au moment ‘T' où ils jouent. On veut garder cette densité, cette tension, cette pression.

    Cyril Lecomte : C'est vrai que c'est jubilatoire, sauf quelques petites angoisses. Par exemple, le premier jour le réalisateur m'a dit que mon regard était trop appuyé... On ne sait pas comment aborder un personnage que l'on connaît si peu. Et en même temps c'est génial, car tu te retrouves à vivre et jouer au présent. Etre disponible dans le présent, c'est la base pour être un acteur.

    Pouvez-nous nous en dire un peu plus sur Elsa Lendorff, le personnage incarné par Valérie Kaprisky ?

    Jean-Benoît Gillig : C'est un personnage fondamentalement amoureux d'un homme, de son homme, à qui elle a tout donné, un humaniste qui créé un Internat pour véhiculer des valeurs sociales. Ce lieu est ouvert à tout le monde, c'est une vraie mosaïque sociale, on n'y trouve pas que des enfants de riches. Elle l'a aidé, elle lui a fait rencontrer son père, elle lui a trouvé tous les fonds, les investissements et elle aussi va être rattrapée par les mystères de ce propre lieu. C'est un personnage qui a enfoui beaucoup de choses dans son enfance et la révélation des mystères va faire resurgir petit à petit la part sombre de son histoire...

    Propos recueillis par Céline Chahinian

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