AlloCiné Séries : Comment avez-vous intégré le casting de "V" ? Vous aviez déjà tourné dans "The Nine : 52 heures en enfer" pour ABC en 2006... La chaîne était-elle impatiente de retravailler avec vous ?
Scott Wolf : En fait, j'avais un arrangement avec ABC mais celui-ci avait déjà expiré un an avant la grève des scénaristes, donc au moment où le script [de V (2009)] est apparu, j'avais déjà un oeil sur différents projets. Ce script a simplement été celui qui me plaisait le plus. C'est agréable de terminer le script, décrocher le téléphone et dire : "trouvez un moyen de m'inclure dans ce projet, s'il-vous-plaît".
Qu'est-ce qui vous attirait le plus : le projet dans son ensemble ou votre personnage, Chad Decker ?
Franchement, le projet dans son ensemble, parce qu'on ne m'a pas indiqué un rôle précis quand j'ai commencé à lire le script. On ne m'a pas dit "tu les intéresses pour tel rôle". J'ai donc lu le script, qui m'a époustouflé et qui représentait une bonne idée, avec beaucoup de potentiel. Je connaissais l'original mais je ne me rappelais plus les détails, donc je me suis laissé entrainé par l'intrigue. J'ai initialement auditionné pour le rôle de Ryan [joué par Morris Chestnut].
Etant donné que Chad est un journaliste, avez-vous fait des recherches sur cette profession ?
J'ai étudié le journalisme très brièvement, avant de changer de cursus à l'université. J'étais dans le journalisme télévisuel pour un temps, en pensant que ce serait plutôt amusant. Je regarde beaucoup d'émissions d'informations sur le cable et j'essaye d'assimiler quelques "trucs" propres aux présentateurs.
Comment votre personnage prend-il l'arrivée des "Visiteurs" ? Est-il pour ou contre ?
Et bien, pardonnez l'expression, mais en ce qui concerne les Visiteurs, il le prend dans les deux sens. Ce qui est intéressant chez Chad, c'est que là où le reste du monde affiche un avis très tranché d'un côté ou de l'autre, mon personnage oscille entre les deux, car sa rencontre avec leur chef le laisse très sceptique, mais cela peut lui valoir un certain avancement. Au lieu de choisir un camp, il flotte au milieu en attendant de voir quelle en sera l'issue.
Est-ce que vous enfoncer beaucoup de portes, utilisez des armes à feu et bottez quelques fesses ?
[Rires] Espérons. Je croise les doigts. Pour l'instant, c'est simplement de la discussion mais j'espère pouvoir botter quelques fesses.
En ce qui concerne votre travail quotidien avec le personnage, Chad est-il plus facile à manoeuvrer que Jeremy Kates, survivant d'un braquage de banque à mains armées dans "The Nine : 52 heures en enfer" ? Jeremy apparaissait très abattu la plupart du temps...
Oui, énormément. Le fait que cet homme [Chad] ait un sens de l'humour et qu'une partie de ce qu'il est dépende de la manière dont il influence les gens avec son charme font que oui [Chad est plus facile à gérer jour après jour]. The Nine : 52 heures en enfer était une belle expérience, mais le quotidien d'un tel personnage était assez noir, alors que le quotidien [de Chad] est beaucoup plus amusant.
L'attente générée par "The Nine : 52 heures en enfer" était très importante lors de son lancement. Ressentez-vous une pression similaire pour "V" ?
Le "buzz" autour de la série The Nine : 52 heures en enfer, d'une certaine manière, était amusant : il y avait une sorte d'engouement intense qui, retrospectivement, pouvait faire peur. J'en parlais avec Chi McBride [également casté dans The Nine : 52 heures en enfer] qui travaille en ce moment sur cette nouvelle série [pour la Fox] Human Target, nous sommes amis. Je n'étais pas avec lui à ce moment là, mais quelqu'un m'a dit que lors d'une interview, quand on lui posa cette même question, sa réponse fut : "appréciez-nous, ne nous adorez pas", l'idée étant qu'il y a quelquechose d'effrayant à être la série "élue". Je ne ressens pas forcément cela [pour V (2009)]. J'ai l'impression que les gens sont vraiment excités et intrigués, mais pour une raison précise, sans qu'il y ait une attente complètement irréaliste. Cela vient sans doute du fait que nous connaissons le talent des créatifs de la série et leur capacité à continuer la narration d'histoires intéressantes. Donc, aussi décevant qu'a pu être la dernère fois, j'ai beaucoup d'espoir, je suis vraiment confiant quant à celle-ci. Ce serait facile de vivre un telle expérience en étant timoré, mais encore une fois, c'est un engagement que j'ai envers l'histoire que nous racontons.
Y a-t-il quelqu'un dans le casting de "V" avec qui vous êtes particulièrement ravi de travailler ?
Morena [Baccarin, qui joue Anna, la chef des "Visiteurs"] et moi avons tourné la plupart de nos scènes ensemble dans le pilote, et je fais partie de ses admirateurs. C'est une actrice formidable et je trouve qu'il y a une très bonne alchimie entre nous. Vous ne pouvez pas prévoir ce genre de choses, mais quand je regarde le casting - et c'est un élément important - j'attends avec impatience de tourner une scène avec chacun d'entre eux. Pour Morena et moi, nos personnages se tournent autour, donc c'est là que je concentre mon attention, et c'est une partenaire idéale.
Travaillez-vous souvent avec des fonds verts sur le tournage ?
Oui. Je n'ai pas encore eu à me cacher d'un objet volant qui n'existe pas [sur le plateau], mais pour la séquence de l'interview dans le pilote, j'étais assis dans une salle verte géante, et quand vous regardez l'épisode, ils ont créé un incroyable vaisseau spatial autour de vous. Donc j'en ai fait un peu, mais pour nous, c'était assez facile à gérer, parce que je le répète, nous n'avons pas à regarder des choses qui ne sont pas vraiment là. Et ils ont été assez sympas pour nous montrer approximativement à l'avance à quoi ressemble la pièce dans laquelle nous nous trouvons, afin que l'on puisse l'intégrer dans notre jeu.
Jouiez-vous à cela étant enfant, dans le genre "je suis là et il ya un gros lézard vert près de moi" ?
Oh mon Dieu, oui. Mon meilleur cours de comédie se trouvait dans ma cave, recréant chaque film et série que nous aimions en compagnie de mes frères. Quelqu'un a dit, à propos de ce métier : "ce n'est pas qu'il faut apprendre à jouer, mais plutôt essayer de ne pas oublier ce que vous faîtes quand vous êtes enfant" parce que nous sommes tous des acteurs à cinq ans. Effectivement, je pense que l'imagination que j'ai pu développer grâce à mes parents m'a aussi beaucoup servi.
Puisque vous parlez de votre jeunesse, ne trouvez-vous pas intéressant que vos partenaires dans "La vie à cinq" soient tous connus pour leur travail dans le genre de l'horreur et de la science fiction : Neve Campbell dans les films "Scream", Matthew Fox dans "Lost" et Jennifer Love-Hewitt dans "Ghost Whisperer" ?
Ce n'est pas quelquechose dont nous discutions ensemble, mais c'est intéressant. Cela constitue une représentation de la place centrale qu'a prise la science-fiction dans "l'appétit télévisuel" des spectateurs. L'espoir réside dans le fait que, même si le genre joue un rôle important, et que V (2009) est une série de science-fiction, ce sont des personnages bien dessinés et leurs rapports qui la font marcher et qui rendent l'interprétation d'un rôle au quotidien intéressante. ABC est d'ailleurs très forte pour soutenir et s'occuper de séries riches en personnages et relations nourris.
Que préférez-vous quand vous jouez le rôle de Chad ?
En premier lieu, je trouve très amusant de jouer un professionnel, en l'occurrence un journaliste, dont le métier ne rentre pas dans votre champ d'expertise, surtout dans une série qui cible le pouvoir des médias dans notre culture actuelle et l'influence des figures médiatiques. Ce qui est intéressant à propos de Chad, c'est ce jeu autour de l'idée que, si vous donnez une telle influence et un tel pouvoir à la bonne personne, c'est très précieux. Si vous le donnez à la mauvaise personne, cela peut être très dangereux. Bien qu'on ne sache pas encore si Chad est une bonne ou une mauvaise personne, c'est une question pertinente à examiner. C'est un des sujets de la série : est-il raisonnable de donner tant de pouvoir aux figures médiatiques ? L'intrigue est aussi réaliste et logique qu'une histoire d'invasion extra-terrestre puisse l'être. En lisant les scripts additionnels, je ressens que l'intérêt principal réside dans la question "que feriez-vous" ? Que feriez-vous si des vaisseaux descendaient du ciel demain matin ?
Et que feriez-vous ?
Je me cacherais (rires). Je me réjouis à l'idée que les spectateurs puissent la voir, car je pense que les fans du genre en auront pour leur argent et pour ceux qui ne le sont pas forcément, c'est une bonne histoire avec de bons personnages. C'est réjouissant de se retrouver à l'origine d'un projet que les gens pourraient vraiment, vraiment apprécier.
Propos recueillis par Emmanuel Itier
Traduction : William Beaudenon
