AlloCiné Séries : Etes-vous vous-même ou encore dans le personnage ?
Simon Baker : Euh... un peu des deux (rires). Je vous écoute.
Premièrement, félicitations pour votre nomination aux Emmy Awards (ndlr: l'interview a été réalisée peu avant la cérémonie de remise, le 20 septembre 2009) !
Merci.
Avez-vous le trac ?
Non.
Vous allez à la cérémonie comme si de rien n'était ?
Oui... et non, vous savez, maintenant, c'est fait. Je ne décide pas des résultats.
Quand avez-vous remarqué le déclic par rapport au succès de la série ? Quand vous êtes-vous dit "ça marche" ?
En tournant le pilote, il me semblait qu'il y avait du potentiel, et quand j'ai vu le montage final, là je me suis dit "c'est bon". Mais c'est seulement mon opinion. On ne choisit pas si un pilote va marcher ou pas, cela dépend du téléspectateur.
On a du mal à imaginer quelqu'un d'autre jouant ce rôle à votre place, ce qui est plutôt une bonne chose, pour la série et pour vous. Vous regardez-vous à l'écran ?
Oui, il m'arrive de regarder la série de temps en temps. Un rôle qui me correspond ? Oui, c'est plutôt agréable. Est-il parfait pour moi ? Disons qu'il me correspond bien. J'ose espérer que chaque personnage que j'ai pu jouer me correspond bien. Certains rôles sont plus divertissants que d'autres mais je ne pourrais pas interpréter ce type de personnage pour tous mes rôles.
Croyez-vous aux voyants, en consultez-vous ?
Je n'y crois pas du tout et je n'en consulte pas. Quiconque prétend avoir un sixième sens est soit perturbé, soit malhonnête.
Avez-vous tendance à utiliser les techniques de votre personnage dans la vie ?
Oh oui !
Donnez moi un exemple.
Tout le temps.
Un exemple précis ?
Non.
Quand vous allez faire les courses ? (rires)
Quand je fais mes courses ?
Oui ! Je ne vous demande pas quelque chose de personnel, mais comme vous jouez ce genre de personnage...
Je pense que les gens répondent à certains comportements, qu'ils installent une barrière entre eux et les autres. Si vous franchissez cette barrière, vous pouvez obtenir plus d'une personne, et quand je dis "plus", cela concerne l'échange que l'on a avec elle, elle s'ouvre à vous, se révèle. C'est logique...
Les acteurs ne sont-ils pas "mentalistes" d'une certaine façon ?
Oui, bien sûr qu'ils le sont. C'est ça le truc, je joue aussi un acteur dans cette série. Certains aspects du mentalisme sont très similaires à ce que je fais en tant qu'acteur. C'est une question d'observation, de tisser des liens rapidement avec le public. Lorsque quelqu'un vous aborde en disant "Bonjour, je joue votre femme". Je réponds "Très bien". Dans la seconde qui suit, nous devons jouer une scène avec un certain degré d'intimité, à la demande. Comme un mentaliste.
Y a-t-il des nouveautés dans la série pour cette seconde saison ?
Oui, j'aime beaucoup les différents angles que peut adopter le personnage. Il va d'un côté dans certains épisodes, puis de l'autre... Je ne sais pas combien d'angles différents on peut trouver, mais nous pouvons certainement accentuer certains aspects de sa personnalité déjà entrevus si vous voyez ce que je veux dire.
Donc mon personnage "s'abandonne" un peu plus dangereusement dans cette deuxième saison. C'est flagrant, notamment à cause de la frustration qui l'accompagne de ne pas avoir arrêté le tueur "Red John" et de ne pas pouvoir se venger.
Avez-vous dans la vie certains comportements qui ressemblent à ceux de votre personnage, comme analyser les gens ?
Pour quelqu'un qui analyse les gens, et qui est surtout meilleur acteur qu'analyste, je ne suis pas très... je ne suis pas trop paresseux, mais il y indubitablement beaucoup d'aspects de ma personnalité qui composent mon personnage. Je suis assez joueur. Je veux dire que je travaille de cette façon, sans méthode prédeterminée. Je prends des bouts de ma personnalité et je les accentue selon les différents personnages que j'ai à jouer, un peu comme sur une table de mixage : un peu de basse par-ci, un peu de contraste par-là. Patrick Jane est en quelque sorte un personnage mélodique.
Cela ressemble plus à la méthode australienne qu'à l'américaine...
Serieux et gravité. Pas d'ironie. ! (rires) Bon, mon personnage est plein d'ironie, une sorte de contradiction, dont il est d'ailleurs conscient.
Votre famille vous trouve-t-elle différent depuis que vous jouez ce rôle ?
Non.
Donc vous pouvez rentrer chez vous en étant Simon Baker.
Oui. Je profite de mes heures de repos. Vous savez, j'aime toujours ma façon de vivre. La vie de "Simon Baker" est agréable, je prefère vivre celle-ci quand je suis chez moi et jouer Patrick Jane quand je travaille.
Patrick Jane va se retrouver en prison cette saison. Comment était-ce ?
Cela sera intéressant à voir...
Vous pouvez nous en dire un peu plus ?
Non (rires) ! Je ne veux pas vous gâcher le plaisir. Nous avons travaillé dur pour que les images parlent d'elles-mêmes.
Envisagez-vous d'incarner votre personnage pendant sept ans, jusqu'à la fin de votre contrat ?
Pourquoi pas.
Cela ne vous dérangerait pas ?
Pour l'instant, je ne crois pas. J'ai déjà tourné le quart de la deuxième saison et j'ai encore quatre saisons après ça. À la fin de cette saison, j'aurai encore quatre saisons sous contrat.
J'ai lu quelque part que c'est sans doute votre meilleure expérience à la télévision.
C'est une expérience très intéressante.
Dans quelle mesure ? Pouvez-vous "l'analyser" ?
J'adore jouer ce personnage. Je m'amuse beacoup. C'est déjà un très bon point de départ que d'aimer jouer un rôle. Le personnage me plaît beaucoup, ainsi que les gens avec qui je travaille. Bruno Heller est très généreux, créatif ; il me fait confiance dans mon approche, ce qui facilite notre travail commun. Je me sens plus apte, plus compétent, il me donne l'impression de pouvoir prendre des risques concernant certains personnages plus difficiles à aborder et il sait entrevoir ce dont je suis capable.
Comment se passe le tournage avec Robin Tunney ?
Robin Tunney est fantastique, forte, quelqu'un sur qui l'on peut compter, elle est simple et facile à côtoyer. Je passe la plupart de mon temps avec elle et nous avons une merveilleuse complicité à l'écran.
Qu'est ce qui pose le plus de problèmes ?
Ce qui pose le plus de problèmes ? Les cheveux. Je vous laisse avec ça. Pas les miens. Le plus gros problème, ce sont les cheveux, mais pas les miens...
Diffusée aux Etats-Unis sur CBS, Mentalist est diffusé sur TF1 depuis le 7 janvier.
Par ailleurs, la saison 2 de Mentalist est disponible sur TF1 Vision !
Propos recueillis par Emmanuel Itier / Traduction : William Beaudenon