Au niveau de la narration pourquoi avoir choisi de diviser le film en quatre épisodes, quatre périodes? pourquoi avoir choisi ses périodes en particulier ?
Quand on écrit un film, certains moment vécus reviennent : des périodes de notre vie, des moments vécus, des évènements, des histoires. Je me rappelle de certains moments qui m'ont le plus marqué, et je me suis inspiré de ces mêmes moments pour structurer mon film. J'ai d'abord choisi de parler du contexte des évènements de 1948, parce que mon père m'a raconté énormément d'histoires concernant cette période, qu'il a d'ailleurs fini par écrire avant de décéder. J'ai choisi quelques-unes de ses histoires, et j'ai créé la narration de 1948. Ce qui m'a amené en 1970, c'est un souvenir inoubliable : celui de l'arrestation de mon père ! Ce moment est resté imprimé dans ma mémoire comme un évènement très dramatique ! C'est normal quand on est enfant. Quand ils sont venus l'arrêter, ils ont tout détruit. Ce n'était pas comme dans le film, c'était bien pire : bien plus violent, plus humiliant, plus insultant ! C'est dramatique et je me rappelle tellement de ce moment que j'ai décidé de l'adapter.
Ces épisodes sont donc nés à partir de certains évènements et se sont créés d'eux-mêmes par le biais de l'écriture, et non parce qu'au moment d'écrire le scénario, je me suis dit que j'allais le diviser en un certains nombres de périodes.
D'ailleurs au départ je ne savais pas du tout combien d'épisodes j'aurais au final. Pour sûr je savais qu'il y aurait le Nazareth d'aujourd'hui. Par contre, je peux vous dire qu'il n'y avait, à l'origine, pas d'épisode avec ma mère à l'hôpital, puisque celle-ci est décédée en janvier de l'année dernière. J'ai finalement choisi finalement de conclure mon film sur cet épisode. Il y aurait dû avoir deux autres parties, l'une se déroulant à Paris, l'autre à New-York, mais après son décès, je me suis dis "plus d'autres épisodes, c'est ça le film !". C'est marrant comment notre vie peut parfois déterminer notre travail.
J'ai remarqué que vous aviez situé quelques scènes du "Temps qu'il reste" dans le même appartement que celui du père de votre personnages dans "Intervention divine".Quelle importance y accordez vous ?
C'est l'appartement de mes parents. C'est là que j'ai grandi, que je suis né. D'ailleurs si vous allez voir mes premiers films, vous verrez des images similaires. J'ai intentionnellement choisi les mêmes plans avec le même cadre. C'est très intentionnel, pour emmener le spectateur dans le passé, comme une chronologie, dans le même esprit que mon film.
Propos recueillis et photos prises par Flora Zaghini à Paris le 22 juin 2009