AlloCiné Séries : Que pouvez-vous nous dire sur la fin de la saison 7 et sur le "bad guy" interprété par Jon Voight ?
Howard Gordon : L'intrigue autour de Jonas Hodges (ndlr : incarné par Jon Voight) va prendre une direction inattendue. La menace qu'il fait planer sur les Etats-Unis passe à un niveau supérieur et se transforme en quelque chose de différent, très fun et intrigant. Je peux vous assurer que ça va faire du bruit...
Comment voyez-vous cette saison 7 maintenant que votre boulot est terminé ?
Nous avons affronté tellement de difficultés au début que nous sommes heureux de voir que le temps et les efforts consentis ont fini par payer. Très sincèrement, nous avons travaillé tellement dur sur cette saison que nous n'avons pu apprécier les épisodes qu'une fois complètement terminés. En la regardant avec ma femme et mon fils et en voyant leurs réactions, j'ai pu comprendre à quel point la saison était réussie. Et cela s'est vérifié également avec mes amis proches. Les rares fois où j'ai parcouru les forums, j'ai pu également constaté que cette saison faisait partie des préférées des téléspectateurs. C'est très gratifiant.
Qu'est-ce qui ressort de votre vision de la saison ?
J'ai toujours su que le personnage incarné par Annie Wersching allait être capital et compliqué. Elle a réussi à en faire un personnage nuancé. Je n'avais malheureusement pas beaucoup de conseils à lui prodiguer, le personnage étant assez énigmatique au départ. On ne sait pas si elle a une fille, si elle est mariée, si elle a un petit ami. On sait juste qu'elle est agent du FBI et qu'elle entretient une relation ambigue avec Larry Moss (ndlr : joué par Jeffrey Nordling). Malgré toutes ces difficultés, Annie a réussi à lui donner de la profondeur, une épaisseur. Cherry Jones, qui joue la présidente des Etats-Unis, est elle aussi incroyable ! J'avais peur que des éléments comme l'invasion de la Maison Blanche ou la menace technologique ne fonctionnent pas. J'ai retenu ma respiration pour m'apercevoir au final que tout fonctionnait, et même très bien.
La relation entre Jack et Renee n'est pas commune. On ne peut pas parler d'une simple attirance...
Là encore je trouve cet élément particulièrement intéressant. Il est évident que ces deux personnages ne sont pas indifférents. Renee humanise Jack. Depuis son retour du Sangala (ndlr : le téléfilm 24: Redemption), il vivait sa vie comme un reclus, tenant les autres à distance. La saison 7 est celle de son retour parmi les vivants.
Pourquoi avoir fait revenir Kim, la fille de Jack interprétée par Elisha Cuthbert ?
Elle représente une partie de la vie de Jack qui n'a et qui ne sera jamais réparée.
Quelles surprises nous réservez-vous pendant les derniers épisodes ?
Les prochaines semaines vont être très excitantes, croyez-moi ! Mais je ne voudrais pas vous gâcher les surprises. J'espère sincèrement que les téléspectateurs apprécieront autant que nous.
Beaucoup prétendent que la fille de la Présidente est LA méchante de la saison...
C'est un personnage complexe, ses motivations le sont tout autant. Sprague Grayden est une actrice formidable et il y a vraiment une alchimie remarquable entre elle et Cherry Jones. Là encore c'est un cas où les événements et les acteurs nous ont permis d'aller plus loin que ce que nous avions prévu. Quand nous avons commencé la saison, nous n'avions même pas imaginé que la Présidente Taylor avait une fille !
Chaque saison, vous bouleversez le casting alors que l'on commence à s'attacher aux personnages. C'est un risque...
Je peux me tromper mais je pense que le format de 24 permet de créer un lien spécial, presque intime entre les personnages et les téléspectateurs. Raconter une histoire en temps réel permet de s'attacher à des détails, des nuances et de dépeindre ces personnages avec une proximité rare. Tout est à la fois amplifié et plus sensible. Par exemple, c'est ce que les soap operas réussissent parfaitement à faire.
Renee, Moss et la Présidente Taylor font désormais pleinement partie de la famille "24" alors qu'ils n'étaient encore que des étrangers il y a quatre mois...
Je suis complètement d'accord avec vous. Et le fait que nous réussissions à réinventer la série tous les ans est une grande satisfaction pour nous. Chaque saison exige d'imaginer un nouveau début, un milieu et une fin. Cette saison 7 en est un parfait exemple. C'est un vrai challenge d'écrire, de faire fonctionner et d'équilibrer tant d'histoires chaque saison. 24 est une série qui demande tant d'efforts et qui nécessite tellement d'histoires, de rebondissements, de profondeur, de personnages... Et chaque saison doit se terminer avec une vraie fin, comme pour un roman. A la différence de tant de séries, chaque saison de 24 se doit de se finir.
Pensez-vous pouvoir un jour faire une saison sans aucun traître, sans aucune taupe ?
Ce serait comme si vous demandiez à l'équipe de New York Police Blues de réaliser une saison sans un seul meurtre ! Cela fait partie de la série de traiter les thèmes de trahison et de doubles ou fausses identités.
Avez-vous déjà quelques idées pour la saison 8 ?
Oui nous avons une direction et un premier script rédigé que nous aimons bien. La grosse nouvelle de la saison prochaine, c'est que nous allons remettre sur pied la Cellule Anti-Terroriste, ce qui nécessitera quelques petites explications. Nous avons une idée qui va permettre de faire avancer l'histoire et d'aller encore plus loin. Nous sommes satisfaits de la direction que nous allons prendre pour la saison 8 et nous pensons sincèrement que nous allons améliorer encore la série.
Propos recueillis par Emmanuel Itier à Los Angeles, avril 2009