AlloCiné : que pensez-vous film, vous l'avez vu?
Zachary Quinto : D'habitude, je ne suis pas très emballé par les films dans lesquels je joue mais j'avoue que pour une fois je suis vraiment impressionné, après avoir vu le film fini, par ce projet. C'est unique la manière dont J.J. Abrams a réussi à réunir autant de talents à l'écran, tout ceci dans un "emballages" d'effets spéciaux jamais vus au cinéma.
Apparemment vous vous êtes battu pour le rôle ?
Oui, à fond ! Je me souviens avoir entendu parler du film au moment où je faisais pas mal de promo pour Heroes où je joue Sylar et je me souviens avoir répondu à un journaliste me demandant ce que je voulais ensuite interpréter : "Spock dans Star Trek" !!! Et puis cette interview a été publiée un peu partout aux Etats-Unis. Et donc lorsque j'ai eu la chance de pouvoir auditionner pour Spock, toute l'équipe du film était au courant de mon intérêt pour ce rôle. Je pense que cette persévérance et cette déclaration ont dû jouer sur leur ouverture d'esprit quant à me donner une chance.
Parlez-nous de votre préparation pour jouer Spock ?
Ce qui amusant de souligner, c'est que Spock devait être beaucoup "physique" dans le film qu'il ne l'est à l'arrivée. J'ai même dû m'entraîner aux arts martiaux car je devais avoir une scène où je faisais face à six agresseurs. Mais deux jours avant de tourner ces cascades, J.J. Abrams a decidé de revenir à une présentation plus "cérébrale" de Spock... Même si en fait cette scène est toujours dans le film, mais avec des flingues façon Règlement de comptes à O.K. Corral. On a vraiment fait attention à ce que l'histoire et l'arc dramatique des héros demande, et d'une certaine manière une scène de kung-fu n'aurait pas convenu à ce moment du film. Parfois, même dans un film à grand spectacle, il faut juste savoir doser le côté explosif du spectacle. Sinon on sent la "gratuité" du geste. Au-delà de ça, je pense que nous avons été fidèle à la vision de Spock qui est quelqu'un en conflit permanent entre son coeur et son esprit, entre sa sensibilité et sa logique analytique. Moi-même je peux m'identifier à ce genre d'attitude, je ressens les même déchirements, les mêmes doutes et conflits.
Comment s'est passée votre rencontre avec Leonard Nimoy ?
Nous sommes vraiment devenus amis au cours du tournage, c'était forcément quelque chose d'incontournable. C'est une personne qui m'impressionne beaucoup et je rêve juste d'avoir la moitié de son succès et de sa carrière à son âge. Pour quelqu'un qui a dû vivre un "emprisonnement" dans un rôle qu'il a dû endosser durant presque 40 ans, c'est également fascinant de voir comment il a su se réinventer en tant que réalisateur et scénariste. Et je crois que c'est une grande leçon de vie, d'oser toujours d'aller de l'avant, de refuser de devenir un "cliché" et de tenter de franchir de nouveaux horizons, d'élargir votre champ d'expériences multiples et différentes.
Comment comparez-vous l'époque de "Star Trek" des années 70 et celle d'aujourd'hui ? Voyez-vous des parallèles ?
Je crois que oui, d'une certaine manière Star Trek approche la notion de "relation", de "famille" et de "communication" dans notre société. Cela a toujours été un défi pour l'être humain d'avoir une relation en harmonie avec ses prochains. Aujourd'hui, tout le monde a tendance à passer son temps sur Facebook ou sur le web. Cela m'attriste un peu car cela ne se compare en aucune manière à un bon tête à tête "en chair et en os". Mais bon, à chacun sa preference, l'important etant comme en 1967 d'oser aller au delà de soi, de son petit cercle d'existence et de se connecter avec le Grand Ensemble de l'Humanité.
On imagine que jouer les super-héros ou dans des films à effets spéciaux vous déconnecte un peu de la réalité, du quotidien de Monsieur tout le Monde...
Oui. J'aimerais vraiment que mon prochain film ne soit pas un grand spectacle qui implique d'avoir des super-pouvoirs ou des effets digitaux. J'aimerais vraiment tester mes comptétences artistiques dans un drame intimiste où le public peut beaucoup s'identifier aux personnages qu'ils regardent sur le grand écran. Alors, je vais être patient et rester aux
aguêts pour un tel projet...
Etes-vous prêt à survivre au choc de la gloire et à votre nouveau statut de star ?
Je crois que c'est impossible de savoir si on saura survivre à une telle transition et je sais en effet qu'un tel rôle dans un tel film risque de totalement changer ma vie. Donc je tente en ce moment de m'y préparer et de bien m'attacher les pieds sur terre pour ne pas finir perdu dans le trou noir de mon égo. En tout cas, j'ai travaillé dur pour en arriver là et je ne vais pas jouer à l'hypocrite qui va se plaindre de ce nouveau statut. Et puis je sais que je dois beaucoup aux fans de Heroes et maintenant de Star Trek. Donc je saurai être toujours reconnaissant et prudent pour respecter l'admiration de mes fans.
Javier Bardem avait peur qu'avec son look de "No Country for Old Men", il ne puisse lever une fille pendant une éternité ! Avec votre nouveau look dans "Star Trek", vous pensez à la même chose ?
(Rires) Non, je pense que les femmes aiment les hommes un rien mystérieux et c'est tout le charme de Spock malgré son look au-delà de l'ordinaire. En tout cas, ma transformation physique a été un peu un défi pour moi qui n'aime pas vraiment me raser. Pour l'occasion, j'ai dû au contraire me raser les sourcils et la barbe tous les jours. Et bien sûr, il y a cette coupe de cheveux à la Spock ! Ca décoiffe, c'est le cas de le dire. C'est vrai aussi que pendant tout le tournage et en dehors des jours de travail, je sortais dans la rue avec un grand chapeau et des lunettes noires, je n'avais pas vraiment envie que l'on me voit ainsi. Ha ! La vanité masculine... Et donc j'ai vécu une période assez isolée et anti-sociale, ce qui fut une bonne chose pour Spock qui est un être solitaire et décalé par rapport au reste de l'équipage.
Combien de temps cela a pris à vos sourcils de repousser ?
6 mois ! J'ai vraiment cru les avoir perdu à jamais !
Quel type de réalisateur est J.J. Abrams ?
Extraordinaire ! Un géant ! C'est impensable pour moi de concilier un génie aussi prolifique avec un être humain aussi attentif, généreux et ancré dans la réalité. Malgré le nombre de personnes avec qui il est en contact permanent, entre ses films et ses séries, il sait donner plus de 110 % de lui même à chacune de ces personnes. C'est impressionnant... presque extraterrestre !
Propos recueillis par Emmanuel Itier