Chaque mois, le Forum des Images organise une master-class et revient sur le parcours d'un cinéaste. A l'honneur ce mois-ci, Claude Chabrol. C'est Pascal Mérigeau, critique de cinéma au Nouvel Observateur depuis 1996, qui, le 4 février dernier, a animé cette soirée. Pendant près de deux heures, le réalisateur, 50 ans de carrière et 57 films à son actif, a fait le point. Journalistes, étudiants, cinéphiles, tous sont venus en nombre écouter la leçon de cinéma d'une figure incontournable de la Nouvelle Vague.
Chabrol ou l'inutilité des écoles
Le débat s'ouvre sur les écoles de cinéma. Loin de lui l'idée de critiquer la FEMIS (ex-IDHEC), mais son propos, simple et direct, résume les faits : les écoles, oui, à condition qu'on y apprenne ce qu'il ne faut pas faire ! Attentifs, on attend la suite. "Chacun doit faire le film dont il a envie et ça, ça ne s'apprend pas ! Mon prof de mise en scène dans le temps est un type à qui je n'aurais pas confié un court métrage et ça me fout la trouille", confie-t-il à l'assemblée.
La télévision, source d'inspiration
Qui l'eût cru ? Un homme de talent qui trouve son inspiration en regardant Questions pour un champion... Le réalisateur nous confie qu'il écrit ses scénarios avec la télévision en fond sonore. Persuadé que si l'on se place à la bonne distance, le petit écran a plein de choses à nous dire. Le cinéaste assume son point de vue : La Roue de la Fortune, par exemple, ça vous apprend plein de choses ! Où en est le niveau de réflexion des gens..." Sacré sociologue, Chabrol, en regardant un jeu télévisé, est capable de capter des éléments nécessaires à la compréhension de son film. "Il ne faut pas s'abaisser non plus" rectifie-t-il. Quand même, "Si La Roue de la Fortune était gage de talent, ça se saurait"...
Pas de place à l'improvisation
Le cinéaste nous avoue sa passion pour la marque Clairefontaine. "Une page de mon écriture sur un cahier grand format, 96 pages et petit carreaux Clairefontaine correspond en moyenne à 1'00, voire 1'15 du film. Pas d'approximation. Dès l'écriture, je sais combien de temps mon film va durer". Chabrol ne laisse ainsi que peu de place à l'improvisation, "contrairement à Rivette ou Godard".
"Paris vu par..."
Conscient qu'il est plus facile de se déplacer en Province qu'à Paris, le réalisateur porte un regard assez particulier sur la capitale. "Faire un film, ça doit avant tout être une aventure humaine. Tourner à Paris, selon Claude Chabrol, c'est comme l'usine. On passe la journée ensemble et le soir chacun chez soi. Mais bien loin de la grande ville, c'est une croisière où l'on est toujours tous ensemble ! Alors, plutôt usine ou croisière ?".