Pouvez-vous nous présenter le film "Haut les mains" ?
C'est un film polonais que j'ai fait en 1967, et le plus politique de ceux que j'ai réalisés. C'est vraiment un film de protestation contre le stalinisme, qui était toujours en place, des années après la mort de Staline. Il était toujours présent dans l'esprit des gens. Donc j'ai fait ce film, qui a immédiatement fait tiquer la censure. Pour elle, le film ne pouvait pas être montré, ce qui m'a forcé à me battre pour lui : je me suis arrangé pour rencontrer le n°2 du régime communiste polonais, que j'ai eu cinq minutes pour tenter de convaincre. Je lui ai dit que si je pouvais montrer que la Pologne était parvenu à rester quelque peu indépendante, cela aiderait les gens. Mais, cynique, il m'a dit "non". Du coup, en guise de dernier argument, je lui ai dit que s'il ne m'autorisait pas à faire ce film, je n'en réaliserai plus jamais un seul en Pologne, mais il n'est pas revenu sur sa décision. J'ai donc émigré, et ce film m'a éloigné de mon pays, de mon environnement. Il m'a fallu trouver un autre endroit pour le faire, et c'est ainsi que j'ai commencé une vie de gitan, qui m'a conduit d'Italie aux Etats-Unis, en passant par l'Angleterre et l'Allemagne. Donc ce film a vraiment changé ma vie.
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Paris le 14 octobre 2008