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    Cinq films avec Jerzy

    De retour derrière la caméra après 17 ans d'absence, le polonais Jerzy Skolimowski nous dévoile les dessous de ses "Quatre nuits avec Anna", à l'occasion de la sortie du film, et reviens avec nous sur certaines de ses précédentes réalisations...

    Que pouvez-vous nous dire sur "Travail au noir" ?

    L'histoire du film est basée sur la situation politique de l'époque, celle du début des années 80. Et même si de l'eau a coulé sous les ponts depuis le thème central du film, les travailleurs immigrés, est encore d'actualité aujourd'hui, avec tous ces gens qui viennent de Turquie, d'Afrique du Nord, ou d'autres endroits du monde. Le problème est le même partout, et je pense que, là aussi, le film représente très justement ce qui se passe dans l'esprit de ces personnes qui arrivent, et dans celui de ceux qui les acceptent ou les rejettent.

    Il paraîtrait que vous auriez trouvé une façon plutôt originale de financer le film. Pouvez-vous nous en dire plus ?

    (rires) Le film s'est fait de façon très spontanée, suite au coup d'état survenu en Pologne le 12 décembre 1982, alors que je vivais à Londres. Une terrible nouvelle, vu que personne ne savait ce qui allait se passer ensuite. Il aurait très bien pu y avoir une guerre contre la Russie par exemple, ou même une guerre civile. Vu le choc provoqué en moi par cette annonce, il me fallait faire en sorte de reprendre mes esprits, et c'est pourquoi j'ai décidé d'en faire un film. Là encore, tout s'est joué en l'espace de quelques jours, autant pour l'écriture du script que le casting. Et c'est en regardant la série Brideshead Revisited que j'ai découvert Jeremy Irons qui pouvait jouer en se passant de mots, juste avec les expressions de son visage. Du coup je l'ai appelé, sans même le connaître. Heureusement, lui connaissait mon nom, et quand je lui ai dit que je voulais tourner un film en Pologne, dans les jours qui suivaient, il est venu me voir une demie-heure plus tard pour me dire qu'il désirait le faire, mais qu'il devait être libre le 18 janvier au plus tard. Et nous étions au milieu des vacances de Noël. Avec la promesse faite par Jeremy Irons, je suis allé chez Channel 4 pour leur présenter le projet, mais ils ne m'ont octroyé que la moitié du budget.

    Comment avez-vous trouvé l'autre moitié ?

    Pour dénicher l'autre moitié, j'ai eu une idée assez folle : j'ai pris ma raquette de tennis et je suis allé dans un club snob de Londres. Là-bas, j'y ai rencontré Michael White, un riche entrepreneur qui était bien meilleur que moi au tennis. Nous avons joué un set, et à chaque changement de côté, j'en profitais pour lui parler de mon projet de film, lui dire que j'avais Jeremy Irons, et Channel 4 avec moi. Et vu que ça l'intéressait, j'ai fait en sorte que la partie dure, pour que nous ayons plus d'échanges de ce type jusqu'au tie break, qu'il déteste jouer. A ce moment-là, il m'a dit : "arrêtons de jouer, et allons parler business". Et quinze minutes plus tard, je repartais avec un chèque de 1,5 millions de livres. C'est une histoire qui peut paraître surréaliste, mais je vous assure qu'elle est vraie.

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