Au moment même où Antoine de Caunes et François-Xavier Demaison font le tour des plateaux télé pour la promotion de Coluche, l'histoire d'un mec, qui sortira dans les salles mercredi prochain, Paul Lederman, l'ancien producteur et imprésario de Coluche, a engagé une procédure judiciaire à l'encontre de la société Cipango, productrice du film. Raison invoquée à cette assignation en référé : l'utilisation en sous-titre du film de la formule "l'histoire d'un mec", formule qu'il dit lui appartenir en tant qu'éditeur du sketch Histoire d'un mec sur le pont de l'Alma. L'imprésario, également connu pour ses différends avec Les Inconnus, réclame non seulement que cette mention soit retirée du titre mais aussi que Cipango lui verse la somme de 150 000 euros à titre de dommages et intérêts pour contrefaçon.
Dans le long métrage d'Antoine de Caunes, c'est Olivier Gourmet qui tient le rôle du fameux manager, mais son nom avait volontairement été changé, car Paul Lederman n'avait pas donné son accord pour que son patronyme soit utilisé dans le film. Si la demande de ce dernier aboutissait, elle pourrait contraindre la production à modifier l'ensemble des affiches et du générique, voire conduire à une interdiction de l'oeuvre. Le juge des référés Véronique Renard tranchera le mardi 14 octobre à 14h00.
Une expression "désespérément banale"
Le vendredi 10 octobre, à l'issue de l'audience au Tribunal de Paris, Antoine de Caunes a confirmé que les choses avaient été faites dans les règles. "Le problème, c'est que Paul Lederman pense que "personne d'autre que lui ne peut parler de Coluche. Il s'est approprié sa mémoire", a estimé le réalisateur, déplorant "une volonté de nuire". D'un point de vue purement juridique, les défenseurs du film ont soutenu que le titre du sketch Histoire d'un mec sur le pont de l'Alma n'était "pas repris à l'identique" dans l'intitulé du film. On ne peut donc selon eux parler de contrefaçon. D'autant moins, selon Me Christophe Caron, que le titre Histoire d'un mec est une expression "désespérément banale", qui ne peut prétendre à être protégée en raison de son originalité. Dénonçant "une mesure totalement disproportionnée qui porterait atteinte à la liberté d'expression", ainsi qu'un "abus (...) assez extravagant et invraisemblable", les avocats des producteurs ont demandé au tribunal de débouter Paul Lederman. Ce dernier a de son côté assuré ne pas être "animé d'un esprit de lucre", comme on l'en accuse, mais vouloir protéger Coluche et son public. "Avec un tel titre, le public va s'attendre à un film sur la vie de Coluche, alors qu'on en prend juste un bout", a-t-il affirmé.
Guillaume Martin avec AFP