AlloCiné : Comment est-ce que les gens réagissent face au personnage que vous jouez dans ce film ?
Robert Downey Jr. : Pour l'instant, je n'ai que des mots de félicitations et des compliments. Personne dans la communauté black ne s'est senti mal à l'aise et cela me fait plaisir. Tout le monde prend le film au degré extrême pour lequel nous l'avons fait et le public comprend vraiment la satire, l'ironie qui y est dépeinte. C'est amusant parce que même pendant le tournage, nous n'avions pas l'impression de manquer de respect à qui que ce soit. Certes c'était osé, mais c'était tellement bien écrit et tellement bien mis en scène que je n'avais aucun doute quant à la qualité du film qui allait en ressortir. Et puis il faut savoir se moquer de soi-même de temps en temps. Et c'est vraiment là le thème général du film.
Quand vous vous voyez dans "Tonnerre sous les Tropiques", vous vous reconnaissez ?
Pas vraiment, c'est vraiment bizarre ! Que ce soit en "Australien" à la peau plus blanche que blanche ou en black, je suis vraiment méconnaissable et justement c'est ce qui m'a attiré dans ce projet : le fait de pouvoir devenir ces deux héros totalement à l'opposé de qui je suis et de ce à quoi je ressemble.
Est-ce que vous vous êtes inspiré de quelqu'un en particulier pour votre personnage ?
Pas du tout. Je ne voulais vraiment faire de mal à personne, donc je me suis juste mis dans la peau d'un Noir. En fait, j'ai juste pensé à des personnes que j'admire comme Colin Farrell, Daniel Day-Lewis ou Russell Crowe et la façont dont ils auraient interprété ces deux personnages, l'un black et l'autre Australien blanc. Le scénario était parfaitement écrit, alors mis à part un minimum d'improvisation je n'ai pas eu grand chose à faire...
Quelle est votre méthode de travail ? Est-ce ce que l'on appelle la "method acting" ?
Je n'ai jamais vraiment compris ce que cela signifie, la "Method Acting". Toutes les manières de jouer impliquent une certaine méthode, une certaine rigueur, un détachement de soi total pour plonger dans le personnage que l'on est sensé interpréter. Dire que vous n'avez pas de méthode particulière est une méthode en soi ! En fait, je n'utilise jamais deux fois la même "méthode" car je pense que ce qui marche pour un film, pour un certain type de héros, ne fonctionne pas toujours pour un autre film et un autre héros. A chaque fois que je me mets dans la peau d'un nouveau personnage, c'est comme si je prenais un nouveau prototype de Formule 1 pour courir le Grand Prix. Et puis, on n'a jamais fini d'apprendre dans ce métier. Mon meilleur souvenir sera sans doute tout ce que j'ai appris de Richard Attenborough pour Chaplin. A la fin du tournage, j'étais même capable, sur ordre, de pleurer d'un seul oeil, le droit ou le gauche suivant le souhait du réalisateur ! Ça c'est de la "méthode" !
En parlant de "Chaplin", vous avez récemment dit de Ben Stiller, votre réalisateur et partenaire sur "Tonnerre sous les tropiques", qu'il est le digne héritier de Chaplin. Alors ?
Je ne veux pas qu'il prenne la grosse tête mais c'est vrai que pas mal de personnes qui ont travaillé avec Chaplin et qui voient maintenant Ben Stiller travailler trouvent pas mal de similitudes entre les deux hommes. Tous deux sont des réalisateurs très précis et très préparés. En même temps, ils donnent à leurs acteurs une grande liberté d'expression et ouvrent la porte à l'improvisation.
Comment vous sentez vous à ce moment précis dans votre carrière? Après les succès de "Iron Man" et de "Tonnerre sous les Tropiques" ?
Et bien la morale de tout ceci, c'est que le "succès", la "gloire" et ce qui vous rend "heureux" ne sont pas les mêmes choses! En tout cas je suis vraiment "heureux" en ce moment car je crois que je suis dans une zone de confort où je peux vraiment trouver les rôles qui me plaisent. En tout cas pendant un certain temps. Mais c'est une "usine" ce métier, et comme toute usine, il faut être certain que la prochaine production sera aimée du public sinon vous ne tenez pas longtemps le coup et vous vous retrouvez vite à la rue. C'est vraiment devenu un business impitoyable, le succès d'un film, votre succès ne dure vraiment que 18 mois maximum entre le moment où votre film est numéro 1 et le moment où plus personne ne vous reconnaît dans la rue. Il faut donc un succès après un succès ! C'est épuisant...
Avec les années qui passent, est-ce que c'est plus facile pour vous de faire face à la dureté du business justement, et de la vie en générale ?
Sans doute... Mais se prendre des baffes fait toujours aussi mal ! Disons que l'on s'habitue un peu à la douleur, j'imagine...En tout cas, je ne suis pas certain que l'on devienne plus "sage" en vieillissant. Si je regarde autour de moi, je vois des gens qui arrivent à la cinquantaine et qui font les pires conneries, pires qu'à 20 ans ! Disons qu'aujourd'hui, parce que l'information est immédiate et que l'on vit dans un "petit village", tout le monde est au courant en live de vos moindres faits et gestes. Et donc cela tend à vous responsabiliser, à vous faire prendre conscience de vos limites et des conséquences de vos actes.
Quand commencez-vous "Iron Man 2" ?
Tout de suite ! En fait, nous sommes en pleine écriture en ce moment et j'avoue que c'est génial d'avoir un tel budget entre vos mains et de pouvoir vraiment créer le meilleur film possible. C'est une situation unique, et c'est évidemment grâce au succès du premier volet. En tout cas, je vous promets que l'on va se déchaîner pour le nouveau volet des aventures de Tony Stark !
Et que pouvez-vous nous dire de la nouvelle version de Sherlock Holmes que vous allez interpréter ?
Nous commencons le tournage le 6 octobre. Je suis vraiment incapable de vous dire à quoi va ressembler mon interprétation de Sherlock Holmes car comme pour tout mes rôles, je ne le sais que le jour même du premier jour de tournage. C'est amusant parce qu'à chaque fois, c'est la même chose : je prépare mon rôle mais au dernier moment il y a un déclic qui se produit sur le tournage et tout change. Alors, je ne sais pas vraiment comment va être Sherlock Holmes. Comme vous, j'en aurai la surprise très prochainement !
Est-ce que vous allez au moins garder le costume traditionnel ?
Avec le chapeau ? Ah non, alors ! Je ne sais même pas si cette description, pourtant si connue, est dans le bouquin d'origine. En tout cas, avec Guy Ritchie aux commandes, on est garantis d'être surpris à l'arrivée. Evidemment, cela risque de déplaire à certains fans du bouquin car je crois que l'on va se permettre pas mal de libertés. Mais je pense que le public en général veut voir quelque chose de différent dans un remake, et non pas toujours la même sauce balancée sur l'écran...
On vous dit également passioné de musique ?
Oh que oui ! C'est mon autre passion mais c'est vrai qu'en ce moment, entre Tonnerre sous les Tropiques, et mes autres projets comme The Soloist, Sherlock Holmes et Iron Man 2, je n'ai vraiment pas de temps devant moi pour faire mes gammes ! Mais un jour, je me vois bien écrire une comédie musicale et me plonger à fond dans l'univers de la musique. Chaque chose en son temps...
Propos recueillis à Los Angeles par Emmanuel Itier
Plus d'infos sur ce film
Plus d'infos sur ce film