Ah ! le merveilleux Jean Rouch... C'est quelqu'un qui m'a beaucoup influencé. Il était d'une générosité extraordinaire, très vivant. Il voyageait dans le monde, s'arrêtait quelque part 24 heures, y plantait une graine... et un film naissait à coup sûr. J'ai eu avec lui des discussions à n'en plus finir sur le documentaire, la fiction... Ca a été une véritable formation pour moi.
Aimant le cinéma américain, j'aime les surprises, l'intrigue, l'intensité dramatique. Mais venant de l'école de Rouch, de la Nouvelle Vague, de Rossellini, j'aime aussi que les films soient ancrés dans une réalité. D'ailleurs, je ne suis pas le seul : Hitchcock aussi éprouvait ce besoin. J'ai même découvert une anecdote : dans Psychose, Janet Leigh fait un itinéraire en voiture. Ca a l'air sans importance, mais il a demandé à un assistant de faire l'itinéraire de Phoenix au motel en prenant des photos, car il avait besoin de savoir comment était la route ! Là, pour Inju, on a fait des enquêtes approfondies pour que tout ce qu'on montre sur l'univers des Geishas soit absolument vrai. Et on a fait très attention à ce qu'un Japonais qui voit le film ne soit pas gêné, comme nous pouvons l'être quand nous voyons un film américain qui montre Paris d'une manière extravagante.
J'avais joué le rôle principal du court métrage réalisé par Jean Rouch Paris vu par.... C'était passionnant, car pour un acteur, les plans séquences sont toujours très excitants : Une fois qu'on arrive au bout, il y a une tension extraordinaire, quelque chose en plus... Là, c'était carrément un plan-séquence de presque 20 minutes. Ca n'avait jamais été fait avant car c'était la première fois qu'il y avait des caméras portables à l'épaule, avec son direct. C'était une véritable découverte, l'exploration d'un terrain nouveau.