C'est un ami. C'était une expérience merveilleuse d'être au coeur de la fabrication de plusieurs scènes [Barbet Schroeder joue le rôle du garagiste dans A bord du Darjeeling Limited]. Chaque fois que je fais un rôle, c'est pour des amis, qui me demandent "Tiens, ce serait amusant..." Et je suis toujours d'accord. C'est intéressant parce que ça permet non seulement de savoir ce que vivent les comédiens et donc d'apprendre à bien se comporter en tant que metteur en scène, mais aussi de voir comment font les autres réalisateurs -car chacun développe un système. C'était fascinant d'observer Wes Anderson faire ses plans-séquences, et de voir la gentillesse et la simplicité avec lesquelles il arrivait à faire marcher tout son petit monde.
C'est vrai que Wes Anderson est très francophile. Moi, j'ai un rapport ambivalent avec la France. Je ne suis pas né en France, je n'y ai pas passé mon enfance. Ce type de lien affectif qu'on a avec un pays, je l'ai avec la Colombie. Quand je suis arrivé en France, c'était un traumatisme, et j'ai trouvé refuge dans l'Amérique, dans le cinéma américain. Mon premier film, More, était un film américain, en anglais, avec une actrice américaine. En même temps, j'ai tout appris d'Eric Rohmer, de la Nouvelle Vague, des Cahiers du cinéma... Tout ça fait un nouveau cocktail ! Si vous me demandez la nationalité d'Inju, je répondrai : c'est un film de cinéphile. De cinéphile des années 50-60. C'est un film japonais, parce qu'il est très sérieux sur ce plan-là. Il y avait une équipe 100% japonaise, avec 100 personnes, comme un film hollywoodien. D'ailleurs c'est un thriller qui pourrait être d'Hollywood. Et c'est aussi un film français, puisque le rôle principal est joué par un des meilleurs acteurs français !