Qu'est-ce qui vous a le plus attiré dans "Le Royaume interdit" ?
C'est la combinaison de plusieurs éléments. Pour commencer, je me suis rendu en Chine pour la première fois de ma vie, en 1997, et... Vous êtes déjà allé en Chine ?
Non, jamais.
Non ? C'est dommage parce que c'est un pays fabuleux. Je me souviens encore de la Cité Interdite, de la Place Tiananmen où il y avait quatre grues en train de construire le premier des nombreux buildings qu'il y a actuellement à cet endroit, et qui prouvent à quel point le pays a subi une incroyable transformation. Quoiqu'il en soit, c'est à cette époque que j'ai commencé à m'intéresser à la Chine, à sa culture, à son histoire... J'y suis retourné il y a cinq ans, et j'y ai rencontré une fille, une Chinoise née en Californie de parents chinois, avec qui j'ai acheté un appartement à Pekin. Et c'est pendant que nous possédions cet appartement que j'ai reçu un script appelé "Le Roi Singe", qui m'a immédiatement emballé. Comme j'étais fiancé à cette époque, et que ma famille était chinoise, c'était pour moi une occasion en or, car je ne le considère pas uniquement comme un film d'arts martiaux, bien que je sois fan des films de Bruce Lee, Jackie Chan, Jet Li ou, plus récemment, de ceux d'Ang Lee et Zhang Yimou. Ce qui m'a surtout plu dans ce film familial, c'est qu'il se focalisait sur un jeune homme fan d'arts martiaux qui se rend en Chine et s'entraîne aux côtés de deux des plus grands maîtres. Donc ça m'a donné l'impression de raconter ma propre histoire.
Vous avez cité Jackie Chan et Jet Li tout à l'heure, donc revenons-en à eux, puisque vous êtes le premier réalisateur à les avoir réunis dans le même film. N'était-ce pas trop impressionnant de les avoir tous les deux ensemble, en particulier lors de leur scène de combat ?
Impressionnant ? Ah oui, complètement ! Pour commencer, ils devaient eux-mêmes donner leur avis sur le choix du réalisateur, ce qui fait m'a valu d'aller à Hong-Kong pour y rencontrer Jackie, puis à Shanghai où Jet m'attendait. Ils voulaient tous les deux discuter avec moi, afin de cerner la façon dont je voulais faire ce film. Mais la première fois que je les ai vraiment vus rassemblés, c'était sur le plateau du tournage. C'était vraiment fantastique, parce que je sentais que j'assistais à un moment historique.
A-t-il été facile de les convaincre de jouer dans le film ?
Vous savez, il était déjà question qu'ils apparaissent au générique d'un même film il y a quinze ans, mais ça n'avait finalement pas pu se faire pour diverses raisons. Et, quand ils ont reçu le script du Royaume interdit, ils ont tout de suite émis leur souhait d'y participer. L'implication de Casey [Silver, ndlr] a aussi grandement concourru à ce résultat, dans la mesure où, en tant que producteur, il a fait tout ce qui était nécessaire pour les réunir.
Qu'est-ce qui a été le plus difficile pour vous sur ce film : les scènes de comédie ou d'action ?
(il réfléchit) Peu importe ce que l'on fait : si c'est la première fois, cela rend les choses difficiles, puisque nous avons alors beaucoup à apprendre. Pour les scènes de combat, nous avions Yuen Woo-Ping [chorégraphe des combats de Matrix et Kill Bill, ndlr], donc je n'avais aucune crainte, aucun doute. Mais il fallait tout de même que je remplisse correctement mon rôle de metteur en scène.
Pouvez-vous nous dire quelles sont les principales différences entre Jackie Chan et Jet Li ?
Bien sûr ! Déjà, ce qu'il faut savoir, c'est que les personnages qu'ils ont l'habitude de jouer dans leurs films sont assez proches de ce qu'ils sont dans la vraie vie. C'est quelque chose qui est vraiment évident lorsque l'on voit Jackie Chan qui est très ouvert et amical, tandis que Jet Li, de son côté, est plus sérieux, plus tendu. Il est très dévoué à Bouddha, donc il priait tout le temps hors du plateau, mais a également un sens de l'humour très développé dont il a su nous faire profiter par moments, avec des éclats de rire qui tranchaient avec l'intensité qu'il dégage en général.
Tous les films "live action" que vous avez dirigés contiennent une part de fantastique. Est-ce un hasard, ou est-ce parce que vous vous sentez plus à l'aise dans le merveilleux ?
(il réfléchit) C'est une bonne question... Je pense que cela vient du fait que j'ai débuté aux studios d'animation de Disney, avant de réaliser des films incluant des plans animés. Je suis plus à l'aise avec, mais j'aimerai beaucoup réaliser un film ne contenant absolument aucun élément fantastique.