Valeria Bruni Tedeschi dans La Seconda volta (1995)
Encore un tournant dans ma vie : retourner en Italie, à Turin, jouer en italien, et travailler sur l'histoire du terrorisme, des Brigades rouges... Ca a été un film très très important. D'ailleurs, ensuite le réalisateur Mimmo Calopresti a été mon mari pendant cinq ans. Ca été un bout de travail, mais aussi un bout de vie. On a refait un film ensemble après, Mots d'amour. La Seconda volta, je le trouve magnifique. C'est un de ceux pour lesquels je suis le plus fière de mon travail. C'était assez cathartique pour moi de jouer dans un film qui aborde ce sujet-là. En plus, c'était une nouvelle façon de travailler pour moi. En cela aussi, ça a été un film-clé, un tournant. Mimmo me demandait de ne rien faire. Il me martelait ça pendant les six mois de préparation : ne rien faire, ne rien faire... Alors que jusque là, je m'étais amusée à chercher comment m'exprimer, comment jouer, à ma façon mais malgré tout en "faisant". Et là, il me demandait d'"être". Pour ça, il a fallu que je fasse un grand travail intérieur. Je devais essayer de ne rien démontrer, faire confiance au film, à moi-même, sans avoir peur de ne pas exister si je ne faisais rien. C'était un travail bouddhiste (sourire).
Un travail bouddhiste
Pour La Nourrice, de Bellocchio aussi, je me souviens avoir fait un énorme travail. C'était un très beau personnage, très douloureux, cette mère qui n'arrivait pas à aimer son enfant, et qui en même temps n'arrivait pas à s'exprimer, avait honte d'elle-même. Il y a des films pour lesquels on travaille beaucoup -ça ne veut pas dire que le résultat est meilleur- et des films sur lesquels on arrive de façon un peu spontanée. Il n'y a pas de règle. Et c'est vrai que toutes ces expériences d'actrice m'aident énormément pour mes propres films : je dirige comme on m'a dirigée, en prenant le mieux de ce que j'ai vécu.