Doillon : "Je lâche pas l'affaire !"

A partir de photos de ses films, l'auteur têtu du "Premier venu" revient sur son oeuvre, et parle de son travail avec les comédiens, de Gérald Thomassin à Judith Godrèche en passant par Juliette Binoche.

La Drôlesse (1979) / Claude Hébert et Madeleine Desdevises

A la réflexion, c'est un film qui raccorde assez bien avec Le Premier venu. Dans les deux cas, ça commence comme ce qui pourrait être une mauvaise rencontre, et puis il y a des violences, et un rapt. L'une et l'autre regardent un type avec quelque chose qui ressemble à de l'affection, de l'amour, en tout cas avec intérêt. Ces garçons-là, au premier coup d'oeil, n'inspirent pas grand-chose : de la crainte ou de l'indifférence. Si on décide de les regarder avec un peu plus d'attention, alors ce sont des êtres humains qui, comme tous les êtres humains, peuvent nous émouvoir. Ca peut les aider à se reconstruire, et surtout à leur faire prendre conscience de ce qu'ils sont, et leur faire prendre confiance en eux. Parce qu'à force d'être montrés du doigt, ils montrent systématiquement le plus mauvais côté.

Une absence de moralité

Camille du Premier venu et Mado (La Drôlesse) ont aussi en commun une absence de moralité. Quand du haut de ses 11 ans, Mado dit à François : "Je voudrais un enfant avec toi", lui, qui est dans la moralité absolue, répond : "Mais comment peux-tu dire ça à ton âge ?". De même, Camille est prête à vendre son corps, pour trouver de l'argent qui va permettre au garçon de voir son enfant qu'il n'a pas vu depuis 3 ans. Elles sont au-delà de la moralité commune, les lois de la cité n'ont pas beaucoup de sens pour elles.

Propos recueillis à Paris le 27 mars 2007 par Julien Dokhan

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