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    Doillon : "Je lâche pas l'affaire !"

    A partir de photos de ses films, l'auteur têtu du "Premier venu" revient sur son oeuvre, et parle de son travail avec les comédiens, de Gérald Thomassin à Judith Godrèche en passant par Juliette Binoche.

    L'Amoureuse (1987) / Valeria Bruni Tedeschi et Aurelle Doazan

    Il y a là la petite Aurelle Doazan, qui je crois a cessé de faire ce métier qui l'a déçue. Et puis il y en a une qui n'a pas cessé et qui n'a fait que progresser -alors que je ne la trouvais pas formidable sur mon film. Je l'ai vue très bien dans un film de Noémie Lvovsky, encore mieux dans le film du Japonais Suwa (Un Couple parfait). C'est épatant de voir des gens qui, à 20 ans, n'étaient pas plus doués que ça -ou ne montraient pas l'étendue de leurs qualités-, et qui, à 40, n'ont fait que progresser. Alors que tout de même, le plus souvent, c'est le chemin inverse : très doué à 20 ans, et à 40 c'est la routine, le savoir-faire, le manque d'audace, la fantaisie qui en a pris un coup, la faute aussi à un cinéma qui ne les fait pas travailler dans le bon sens, à de mauvaises rencontres avec les cinéastes (sourire) voire avec les autres comédiens... Je n'ai pas vu les films qu'elle a réalisés, mais Valeria est quelqu'un que j'estime beaucoup.

    Les acteurs savent que je suis aussi obstiné que mes personnages

    Je suis content qu'on parle des acteurs sur mes films. Qu'on ne parle pas de ma mise en scène, je m'en cogne un peu. Si on parle de mes acteurs, d'une certaine manière, on parle de mon travail. Ce que j'aime, c'est essayer de sortir la vérité de la personne. Il faut le réclamer, y aller, et, quand on l'obtient, on voit quel plaisir cela donne aux acteurs et combien ça les rend meilleurs. Comme on dit, "je lâche pas l'affaire". Tant qu'on n'arrive pas à quelque chose qui me satisfait beaucoup, on continue. Et comme ils savent que je suis aussi obstiné que les personnages féminins de mes films... Il y a une difficulté mais aussi un plaisir à travailler, et à réussir des choses qu'on n'imaginait pas possibles. Avec un peu de savoir-faire, un acteur peut vous torcher la scène en 3-4 prises, mais il ne sera pas si content que ça. S'il se mène -et si vous lui menez- la vie dure, si au bout de la 17ème prise on est très au-delà de ce qu'on avait obtenu dans la 3ème, bien sûr il y aura eu de l'énergie dépensée, mais aussi de la fantaisie, de l'audace, des difficultés surmontées... Et à l'arrivée on a un éclairage nouveau sur la scène. Tout ça à travers la rencontre entre la personne/l'acteur et le personnage.

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