Le Premier venu (2008) / Clémentine Beaugrand et Gérald Thomassin
On a le regard de cette fille, qui embarrasse ce garçon. On voit qu'il baisse les yeux, plus tard il lui dira de cesser de le regarder comme ça. Elle continuera, en s'amusant de le voir un peu rougir, de voir un garçon un peu plus intimidé que ce qu'on imaginait. Mais elle-même ne va peut-être pas si bien que ça, elle n'est peut-être pas si solide. Ils s'humanisent l'un l'autre. C'est le résumé et le point de départ du film : regarder l'autre autrement, et lui trouver des mérites qu'on ne lui trouve pas au premier coup d'oeil.
Ils s'humanisent l'un l'autre
Regarder ce type autrement, pour elle, c'est aussi apprendre à aimer. Elle n'est pas juste un ange qui débarque, qui sait tout et qui va aimer tous les premiers venus de la terre. Ce film tourne autour de cela : apprendre à aimer. C'est ce qu'elle dit quand elle parle du livre de conjugaison : on vit dans un pays où, dans les bons livres de conjugaison, par exemple le Bescherelle, après "être" et "avoir" on a comme 3ème verbe "se méfier"... Ensuite on a "être aimé", et après seulement "aimer". Il faut avoir la tête très malade pour placer le verbe "se méfier" avant "aimer"... Comme je lui fais dire dans le film : ça en dit long sur l'éducation ! Les deux garçons sont dans une rivalité de mâles ultra-classique : " Est-ce qu'elle va me choisir, me trouver mieux que l'autre ? " Elle est très au-delà de ces enjeux. Ce qui est très déterminé au fur et à mesure que le film avance, c'est son désir. En revanche, elle ne contrôle pas l'action : quand Costa se précipite avec un couteau sur l'agent immobilier, et qu'on part dans une prise d'otages, ce n'était pas prévu par elle. Mais son désir, lui, est très affirmé.