La Fille de quinze ans (1989) / Melvil Poupaud et Judith Godrèche
Au bout de 3-4 jours de tournage, Il a fallu que je me sépare de l'acteur prévu, qui ne convenait pas. Je crois qu'il n'aimait pas le film. J'ai alors appelé des comédiens que j'estimais, mais aucun n'a voulu, soit parce que c'était un remplacement, soit parce qu'ils n'étaient pas libres, soit parce qu'il n'y avait pas beaucoup d'argent... Le producteur m'a dit : "J'ai vu un type pas mal il y a quelques années, en plus il est pas cher... Celui qui jouait dans La Femme qui pleure, ça te dit quelque chose ?" Voilà comment je me suis retrouvé à faire l'acteur... Ce n'est pas très compliqué de faire l'acteur si vous avez en face quelqu'un qui vous connaît et qui vous aide, comme Dominique Laffin dans La Femme qui pleure. Elle ne pouvait pas jouer seule, donc elle me tirait vers le haut, comme une équipe de football qui élimine tous les clubs, mais qui les fait jouer au-dessus de leur valeur. Donc moi qui n'ai aucune valeur d'acteur, je pouvais faire la blague. Et je n'étais pas si mal, puisque quelques cinéastes -et pas des moindres- m'ont proposé de jouer dans leurs films.
Pas une grande générosité
Sur La Fille de quinze ans, je ne peux pas dire que mes rapports avec Judith Godrèche aient été d'une grande générosité, peut-être ni d'un côté ni de l'autre. Elle était très sûre de son fait, de ses qualités, même un peu mégalo -ce qui peut arriver à cet âge. On ne peut pas dire que nos destins se soient croisés admirablement, mais je ne regrette pas de l'avoir choisie, car elle fait très bien ce qu'elle a à faire dans le film. Moi, je le fais un peu plus mal, parce que, au lieu de jouer ensemble, on joue séparément dans beaucoup de scènes. Et moi, séparément, je n'existe pas.... (sourire) Avec Melvil en revanche, c'était idyllique. C'est un garçon que je revois peu, mais que j'aime énormément.